AFRIQUE: Les indépendances africaines et la question de la préférence « coloniale »


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Le mois d’août n’est pas que celui des vacances, c’est aussi celui des indépendances africaines. Plusieurs pays, dont le Bénin, y ont accédé un matin d’août 1960. Et pour le 55e anniversaire (il vaut aussi bien pour l’Ex Dahomey que pour d’autres pays du continent), l’importance des indépendances, au-delà du symbole, comme persistante question, si ce n’est une inquiétude. La question paraît impertinente et sans doute insolente, valait-il la peine, pour les Africains que nous sommes, d’avoir été « indépendants » ? Autrement dit, l’accès à la souveraineté a-t-il été utile pour nos Etats ? Je me suis souvent posé la question, à cette occasion et ma réponse a du mal à évoluer. Face à l’importance de l’Afrique dans l’économie mondiale, à peine 1%, face aux difficultés quasi épidermique, des grandes puissances africaines (Nigeria, Afrique du Sud, Algérie, Angola…) à vaincre l’extrême pauvreté et à réduire l’écart entre les pauvres et les riches, face à l’incapacité des pays africains, ensemble ou individuellement, à maîtriser les conflits et à imposer la paix, face à la dégradation croissante ces dernières années de l’état de droit dans la plupart de ces pays, la question sonne comme une stridente détresse. A quoi ont servi nos indépendances ? Quand vous osez en faire le bilan, elles ont consisté pour des colons sorciers, à céder le pouvoir (en apparence) à nos frères voleurs. Valait-il le coup d’avoir vendu le voleur pour acheter le sorcier ?
 
Imaginez un seul instant que nous n’ayons pas eu accès à l’indépendance. Que la vingtaine de pays africain de l’ex pré carré français soient aujourd’hui encore, des territoires d’outre-mer… Sans doute qu’ils n’auraient jamais accédé à la départementalisation, par un racisme un peu pasquadesque (ah il est mort celui-là, Charles Pasqua, le Jules Ferry des temps modernes), mais seraient des prolongements, furent-ils tropicaux, de la France. Même si le niveau de vie n’est pas équivalent à celui de la Métropole, un minimum social, sinon sociétal, serait garanti. Les soins, l’école, l’égalité fut-elle un peu de façon manichéenne, et surtout, une culture de la démocratie. On se serait passé de Yaya Jameh (Gambie), Idriss Deby Itno (Tchad), Denis Sassou Nguesso (Congo), Haile Mariam Dessalegn (Ethiopie), Isaias Afwerki (Erythrée) et d’autres encore. La fraude électorale dont Faure Gnassingbé (Togo), Ali Bongo (Gabon) Paul Biya (Cameroun) etc… ont fait leur cheval de bataille n’aurait pas existé, en tout cas pas sous cette forme flagrante. Abdel Aziz Bouteflika (Algérie) qui même en état quasi végétatif, gouverne n’aurait pas fait le tour du monde. Bref, l’Afrique, même si elle ne va pas bien, irait mieux. L’abomination de la désolation que nous offrons au monde depuis un demi-siècle aurait connu une posture plus digne, moins basse et sans doute, l’eau courante ne serait plus un luxe. Nos vieux trains indiens du siècle passés seraient remplacés par des TGV (Trains à grande vitesse) importés en seconde main, de France et quelques trams auraient pu traverser nos capitales africaines si mal desservies. La liberté de presse serait garantie et la corruption, à défaut d’être inexistence, serait tout au plus l’exception et non pas la règle. Pour que, munis de nos passeports français, nous n’envahissions pas la France, Paris se serait investi pour nous trouver un état de développement qui nous maintienne sur place, etc… ce n’est que des hypothèses !
 
Aujourd’hui, nous avons acquis une sorte d’indépendance, qui n’empêche pas le colon d’hier de décider à notre place, de nous imposer des dirigeants, souvent à peine alphabétisés qui adulent l’homme blanc aux mains de qui ces demis lettrés abandonnent nos richesses naturelles qu’il exploite sans redevances. En retour, aucun devoir, aucune obligation. A quoi sert-il d’avoir eu une indépendance de façade ? Pas à grand-chose en tout cas.
 
La question s’est imposée à moi avec une telle pression en mars 2009 où, la Mayotte, culturellement et géographiquement appartenant aux Comores, a été appelée, par la France, à décider d’être ou non le 101e département. La réponse du référendum fut « oui » à 95,2%. Une manière pour les Mahorais de rompre avec véhémence d’avec leur histoire commune avec les autres Iles du Comores, non pas par dignité, mais pour les avantages matériels et la garantie sociale que la France leur offre. Depuis, leur pouvoir d’achat a été multiplié par 4, creusant un abyssal fossé entre eux et leurs frères d’hier.
 
C’est pourquoi, à la veille de l’indépendance du Bénin (1er août), Niger (3 août), Burkina Faso (5 août), Côte d’Ivoire (7 Août), Tchad (11 août), Centrafrique (13 août), Congo (15 août), Gabon (17 août), Sénégal (20 août), je crois que si un référendum a lieu aujourd’hui sur un retour dans le giron français, le OUI battrait tous les records de son histoire.
 
MAX-SAVI Carmel, Paris, France
 
source : afrika express
 

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