Comment le régime actuel peut-il (encore) prétendre gagner des élections après autant de mesures impopulaires ?


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Conséquence prévisible de la démolition des baraquements dans les rues

Les dernières mesures des autorités vis-à-vis de certains citoyens sont la preuve que les promesses faites par les commis du régime actuel n’engagent que ceux qui y croient. Moins d’un an après les frauduleuses de juillet 2013, des agents de la mairie, soutenus par les forces de l’ordre, détruisent les baraquements de fortune que des citoyens exploitent pour satisfaire certains besoins. Des milliers d’autres sont interdits du commerce de carburant, une activité qui pourrait être mieux structurée. Et pourtant, dans quelques mois, tous les électeurs devront élire maires et autres conseillers municipaux. Le parti au pouvoir recevra-t-il en guise de « récompense » une déculottée ou sera-t-il plébiscité après avoir plongé des populations un peu plus dans la misère? Ceux qui, hier, pensaient que « l’enfer, c’est les autres » ou que « la politique, ce n’est pas mon affaire », se décideront-ils à « faire leur part » en faisant valoir leurs voix ?

Le soir du jour où des « gros bras », épaulés par des forces de l’ordre, ont réduit en débris les habitations de fortune des populations du quartier Hanoukopé, une pluie diluvienne s’était abattue sur la ville de Lomé, avec des conséquences dommageables que seuls ceux qui étaient informés des mesures municipales envers ce quartier, peuvent imaginer. S’il est vrai que la zone rasée était source d’insécurité, il n’en demeure pas moins que des cas sociaux aussi y résidaient d’une part, et que l’insécurité au Togo, particulièrement à Lomé, n’a pas étalé sa natte que dans ce quartier. Il suffit de se rendre aux urgences chirurgicales du CHU-SO pour s’en rendre compte.

La « propension aux démolitions » du régime n’épargne aucun quartier de la capitale et rien ne peut rassurer les populations de l’intérieur du pays quant à leur exemption par la mesure. Tous les quartiers « reçoivent la visite des démolisseurs » tant sur les voies principales que secondaires. Mais l’image laissée après leurs passages suscite des interrogations quant à l’objectif poursuivi par les initiateurs des destructions. Pans de murs défigurant le paysage des rues, baraques détruites et dont les restes jonchent le sol, tôles abandonnées et clous rouillés pointant vers le ciel, bref, une défiguration patente de l’environnement. Sur les voies menant de l’aéroport au domicile de Faure Gnassingbé, des patrouilles veillent pour décourager des riverains d’installer des étals.

Les autorités ont-elles un projet d’embellissement des rues ? Dans l’affirmative, le respect des citoyens dont on a la charge voudrait que des communications expliquent ce projet aux populations pour requérir leur adhésion. Mais la simultanéité des démolitions dans tous les quartiers constitue la preuve la plus patente de l’absence de vision du régime. Autrement, il suffit que les démolitions se concentrent sur un seul quartier. Que l’hypothétique projet d’embellissement des rues commence par ce quartier et ses rues. Que les résultats soient visibles et quantifiables pour que de leur propre chef, les habitants des autres quartiers « se précipitent» pour dégager eux-mêmes leurs rues.

Au-delà des actes des autorités, leur simultanéité interpelle la conscience. Dans presque tous les quartiers, des agents se déguisent en de simples civils pour appâter les vendeurs de carburant de contrebande. Et rien, pas même l’appartenance politique, ne sauve les vendeurs, de Lomé à Cinkansé, de Bassar à Aného via Sokodé. « L’informel tue les recettes de l’Etat », diront certains. Juste, vrai. Mais alors, n’y a-t-il pas une façon plus élégante de faire rentrer l’informel dans le formel? Par exemple en donnant un moratoire aux vendeurs pour qu’ils se dotent de fûts sécurisés aux abords des voies pour prévenir les cas d’incendies si tant est que c’est la « dangerosité » de l’activité qui pousse les autorités à réprimer si aveuglément des vendeurs? Il y a longtemps que les citoyens estiment que c’est pour « faire de la place » aux stations d’essence des barons, que les forces de l’ordre sont mises à contribution dans les opérations de répression. Mais malgré cette situation, des supérieurs hiérarchiques « commercent » avec des vendeurs (le cas récent à Bassar), une preuve que ceux qui sont mobilisés pour interdire l’activité le font plus par devoir que par conviction.

Des échéances cruciales attendent les Togolais dans quelques mois, après que des réformes constitutionnelles et institutionnelles auront été réalisées. Ailleurs, des politiques caresseraient les populations dans le sens du poil et laisseraient passer d’abord ces échéances avant de se lancer dans des prises de décisions impopulaires. Si au Togo les autorités ne s’embarrassent pas de cette précaution élémentaire propre aux politiques et continuent de mécontenter les populations, il y a une forte probabilité que les prochaines échéances soient des votes-sanction contre le régime. Mais si, malgré cette quasi certitude, le régime poursuit stoïquement sa croisade, il y a lieu de s’interroger sur le degré de transparence qui entourera les élections à venir. Lorsqu’on parle depuis quelque temps de reconditionnement des kits pour les élections, lorsque des rafles ont de nouveau pignon sur rue dans divers quartiers de la capitale et que des empreintes digitales des citoyens sont recueillies, il y a lieu d’attirer l’attention des organisations censées surveiller le déroulement des prochains votes sur un audit préalable de ces kits. « Nous ne nous connaissons que trop », disent les citoyens au parfum du degré de nocivité du régime en matière électorale.

Dans la croisade des autorités contre « les fuites de capitaux » en interne, il serait aussi temps qu’une attention plus accrue soit portée sur les dessous de table officiellement officieux qui changent de mains lors des examens de permis de conduire au Centre togolais des expositions et foires (Cetef). Ou que les dotations des services en bons de carburant soient conformes aux réalités des déplacements des directeurs, commandants de brigade, préfets, ministres et autres responsables qui en bénéficient. L’Etat réaliserait des économies conséquentes dans ces services également.

 
Abbé Faria
 
Liberté Togo
 

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