Pourquoi un dialogue encore?


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« Supprimer en soi le dialogue, c’est proprement arrêter le développement de la vie. Tout aboutit à l’harmonie. Plus sauvage et plus persistante avait été la discordance, plus large est l’épanouissement de l’accord » (André Gide)

De nouvelles rencontres politiques s’ouvrent encore ce jour même à la Primature entre l’opposition togolaise et le pouvoir. Encore un dialogue ? Pour quel résultat ? Le doute voire le pessimisme togolais quant à la réussite d’un dialogue politique est d’autant fondé que les réponses ou les tentatives des têtes dites pensantes ne sont plus convaincantes du tout, après tant d’échecs en plus de 20 ans de cheminement démocratique.

Le Togo est, a priori, encore loin de l’étape où Jean-Pierre Fabre peut refuser de serrer la main à Faure Gnassingbé, ou que le « Collectif Sauvons le Togo » (CST), la Coalition Arc-en-ciel et Unir se parleraient par miliciens interposés. Mais alors, que l’on nous explique le sens de ces infructueux dialogues politiques à répétition, avec quasiment une garantie d’échec chaque fois. Les prêcheurs de dialogue seront encore au rendez-vous. Certainement, une grande messe de discours, d’éloquence voire d’exubérance est assurée. Oui, mais en vérité l’impression des Togolais est que c’est du déjà vu et du déjà entendu tout cela!

Il est vrai que personne ne veut aller à ces discussions politiques en position de faiblesse ou encore moins en victime résignée. Mais en même temps, personne n’a le courage de nous dire ce qui se passerait en cas d’un énième échec – probabilité très forte – du raté (dialogue) en gestation. Imaginons un instant que les politiques togolais quittaient encore la table de discussions sans pouvoir accorder leurs violons sur des questions assurément clés concernant les très sensibles réformes constitutionnelles et institutionnelles, pourtant très indispensables de l’avis de tout le monde avant l’élection présidentielle de 2015 ? La classe politique aurait-elle ainsi grillé sa dernière cartouche avec les échéances cruciales à venir ? Même le plus naïf de tous les Togolais n’ignore pas combien la question de la limitation du mandat présidentiel surtout, et celle du mode de scrutin dans une certaine mesure, constituent un véritable cauchemar pour Faure Gnassingbé.

Dans une récente adresse à l’occasion de la journée du 9 mai, le chef de la Diplomatie togolaise a eu le maladroit toupet de déclarer que « Les réformes se feront, non pour faire plaisir à l’Europe, mais parce que le président de la République sait que c’est indispensable pour l’avenir du peuple ». On peut alors se demander, s’il s’agit d’un nouveau dialogue pour flatter l’égo et exclusivement l’égo de Faure Gnassingbé. L’homme étant soutenu dans ses mauvais rêves par une pseudo opposition manifestement très satisfaite de ses nombreuses participations aux dialogues, peu importe le résultat. L’on finit par déduire qu’une bonne partie de l’opposition togolaise aime cela. Ces opposants-là aiment le dialogue, même falsifié et de façade. Ils aiment ce que d’aucuns désignent par « le mélange des genres ».

La balle est dans le camp de toute la classe politique togolaise pour véritablement décider de rompre avec cette joyeuse récréation républicaine destinée à amuser, durant quelques jours, la galerie à chaque occasion de dialogue.

 
Ivan Xavier Pereira
 
Liberté Togo
 

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