Editoriale de FSA du 09 mai 2015 sur radio Kanal K en Suisse


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Pourquoi la communauté internationale valide-t-elle la réélection de Faure Gnassingbé malgré les fraudes massives avérées?
 
Le Samedi 25 Avril de l’an 2015, les Togolais sont allés aux urnes pour procéder au choix de celui qui devra prendre leur destinée en main pour les 5 prochaines années. Malheureusement, il sera impossible d’obtenir un résultat crédible et fiable dans cette mascarade criarde électorale qui s’est déroulée une fois de plus au Togo. Bourrage d’urnes, achats de conscience, intimidation, falsification des procès-verbaux, tous les ingrédients y sont et ont permis à certains candidats de contester les résultats sortis des urnes. Selon un des candidats à cette présidentielle, le pouvoir aurait phagocyté la chefferie traditionnelle qui est un maillon important du processus électoral. Et la Cour Constitutionnelle est peu fiable. Peu de Togolais imaginent qu’elle puisse un jour rendre un arrêt défavorable au pouvoir. Il sera aussi impossible de dire si les résultats ont été inversés ou pas. Mais ce qui est sûr, c’est que le processus électoral était inéquitable en amont, il se termine en dehors de toute légalité à la Cour constitutionnelle après un coup de force à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
 
Notons que pour arriver á mettre les Togolais devant le fait accompli, il a fallu la filouterie du Président de la CENI, appuyé par l’Armée, pour proclamer des résultats partiels en catimini. Résultats qui seront considérés comme définitifs alors que le cas de plusieurs bureaux de vote litigieux n’a pas été résolu. Amis fidèles auditeurs de Kanal k, au Togo tout est possible ; même s’il faut marcher sur des cadavres pour arriver á ses fins. Une fois encore cette forfaiture ne serait possible sans les forces armées qui sont intervenues dans les locaux de la CENI et se sont affichés dans les rues de Lomé pour empêcher la population de contester. Dans la foulée, comme pour couper l’herbe sous les pieds des citoyens, la communauté dite internationale vient parfaire le crime par des communiqués qui sortent du bon sens et de la réflexion humaine. Le lundi 4 mai, Michaëlle Jean de la Francophonie valide la victoire de Faure Gnassingbé contre les règles du jeu démocratique malgré la position intègre du représentant de l’OIF, le Général Sangaré lors de sa dernière prise de parole pendant le coup de force de la CENI. En « soulignant la bonne coopération des organisations régionales et internationales (ONU, UA, CEDEAO, UEMOA et OIF) qui ont travaillé dans le cadre du comité ad-hoc pour la consolidation des résultats de l’élection et qui se sont mobilisées au plus haut niveau » et en « attendant le rapport circonstancié de la Mission d’information et de contacts qu’elle avait dépêchée à Lomé à l’occasion des élections », L’OIF doit faire face, mieux, répondre de son abandon pendant l’étape de la CENI et avant l’étape de la Cour constitutionnelle qui ne joue pas du tout en faveur de sa crédibilité.
 
Amis auditeurs de Fenêtre sur l’Afrique, le fait est accompli, le jeu est fait. La communauté internationale sur laquelle certains politiques comptaient pour faire émerger la démocratie dans ce pays n’a jamais joué ou ne jouera guère son rôle. L’abandon du Togo dans sa longue et rude marche vers la Démocratie est consommé.
 
Donnerait-on raison à ces nombreux togolais qui estiment que c’est un complot national et international contre le peuple souverain togolais ? Et maintenant, que faire ? La vérité c’est que si pour la communauté internationale, le soutien à un petit dictateur sans envergure d’un pays sans enjeu stratégique pourrait être justifié, et bien alors il appartient aux Togolais de tirer des leçons de cette parodie d’élection, où la politique fait place á l’improvisation, afin de bâtir une stratégie conséquente pour renouer avec la mobilisation et reprendre sa liberté confisquée en oubliant et les politiques et ladite communauté internationale. Seule la lutte, la mobilisation paie. Les exemples du Bénin, du Burkina et du Burundi doivent inspirer le peuple dans sa longue marche en quête de liberté. Il est temps que les togolais retiennent vivement cette recommandation de feu Thomas Sankara qui dit : L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance d’un maître suspect qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère.
 
La Rédaction FSA
Radio Kanal K, Suisse

 

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