Le sommet maritime de Faure Gnassingbé perd son principal consultant Djibril Yipènè Bassolé


Djibril_Bassole


Le putsch le plus bête de l’histoire déclenché par une horde d’aventuriers revanchards au Burkina Faso, sous la coupole d’une milice dénommée RSP (Régiment pour la Sécurité Présidentielle), a connu son épilogue mardi 27 septembre dernier par l’assaut des forces loyalistes contre les irréductibles de ce régiment retranchés dans leur camp de Naaba Koom II au quartier Ouaga 2000. Le chef des putschistes, général d’opérette, le tristement célèbre Gilbert Diendéré qui jouait à faire peur à tout le monde a pris la poudre d’escampette, tel un rat traqué, et ce, malgré les armes sophistiquées que détiendraient ses troupes, comme si les armes à elles seules suffisent à faire la guerre. Celui qui se trouve au coeur de nombreux crimes au Burkina Faso, présenté comme le visage hideux même de la mort, a lui aussi peur de la mort au point de trouver refuge à la Nonciature, donc auprès de Dieu.
 
Gilbert Diendéré et la poignée des hommes de mains qui le soutiennent dans son aventure périlleuse ont remis en cause l’accord de désarmement obtenu auprès du Roi Mogho Naaba sous prétexte que la justice à travers le Procureur général près la Cour d’Appel de Ouagadougou, Laurent Poda, a procédé au gel de leurs avoirs ainsi que ceux de leurs partis politiques. Djibril Yipènè Bassolé, nonobstant ses 30 ans d’expérience au service de son pays, et particulièrement de Blaise Compaoré, n’a pas digéré cette décision de justice au point de n’avoir pas hésité à apporter son soutien de façon ostensible au général trouillard Gilbert Diendéré. Un ancien diplomate très sollicité dans la résolution des conflits en Afrique pour le compte de l’ONU, de l’Union Africaine qui se transforme en putchiste, dans l’unique but de déstabiliser une transition et reprendre la main, il fallait se perdre dans ses hallucinations pour franchir le pas.
 
La réaction du gouvernement de Transition de Michel Kafando ne s’est pas fait attendre. L’ancien ministre des Affaires étrangères, homme à tout faire de Blaise Compaoré, candidat recalé à la présidentielle a été mis aux arrêts à quelques kilomètres de Koudougou. Accusé de soutenir ouvertement les « insoumis » dans leur refus de désarmer, il a été conduit à la Gendarmerie. Une perquisition à son domicile a permis de mettre la main sur un véritable arsenal de guerre composé de 52 kalachnikovs et 3 RPG7. Diplomate notoirement connu, « frère de lumière au grade de Grand Maître », parrain de plusieurs hommes politiques africains dans les réseaux maçonniques, Djibril Yipènè Bassolé est passé depuis cette semaine dans l’obscurité et peut y être pour longtemps.
 
Ce général de Gendarmerie, ancien ministre de la Sécurité et des Affaires étrangères, promu en avril 2014, a troqué depuis longtemps son treillis contre le costume de diplomate au point de faire oublier sa vocation d’origine. Depuis la chute vertigineuse de son mentor Blaise Compaoré qui l’accuse de trahison, l’ancien ministre des Affaires étrangères, fort de son carnet d’adresses assez solides, s’attèle à apporter son expertise à plusieurs chefs d’Etat.
 
Au Togo où il est connu depuis longtemps avec son implication dans les accords bidon et autres dialogues sans lendemain, il entretient de solides et fraternelles relations avec Faure Gnassingbé. C’est dans ce sens qu’il a été copté par le régime togolais comme consultant principal sur le fameux sommet sur la sécurité maritime. Un consultant, mais beaucoup plus un ministre des Afaires étrangères bis ou parallèle chargé de mettre ses solides relations à contribution pour la réussite du sommet sur la sécurité maritime. Dans ce cadre, il était souvent dans la capitale togolaise pour les comptes rendus à Faure Gnassingbé.
 
Il s’est d’ailleurs rendu par deux fois discrètement avec le numéro 1 togolais sur le site de la réfection de l’hôtel du 2 Février en vue de faire le point sur l’avancée des travaux. Plus d’une semaine avant le déclenchement du pustch à Ouagadougou, il était encore à Lomé. Il est impensable qu’il n’ait pas mis ses amis de Lomé au courant de leur aventure périlleuse de déstabilisation de la Transition. Ces derniers ontils donné un appui aux putschistes dans leur aventure funeste ?
 
En tout cas, à Ouagadougou, en attendant les résultats de l’enquête sur le coup d’Etat, on est persuadé que le voisin du Sud était solidaire de la bande à Gilbert Diendéré. D’où l’hostilité affichée par les autorités de la Transition qui ont refusé par deux fois d’autoriser l’atterrissage des avions transportant non seulement le chef d’Etat major de l’armée togolaise, mais aussi de Faure Gnassingbé lui-même. Pareil incident diplomatique ne saurait être lié à une rumeur ou là de simples soupçons.
 
Avec l’arrestation de Djibril Yipènè Bassolé, le consultant principal, le fameux sommet sur la sécurité maritime de Faure Gnassingbé qui déjà a du plomb dans l’aile avec un report sine die, prend un sacré coup. A moins que les « frères de lumière » disséminés un peu partout à la tête des pays ne mettent en branle une diplomatie obscure pour sa libération. En attendant, ces généraux d’opérette ( Djibril Bassolé et Gilbert Diendéré) doivent passer devant la case justice pour assumer leurs responsabilités non seulement dans un coup d’Etat stupide qui a occasionné officiellement 10 morts, 100 blessés, 50 milliards de dégâts et de pertes pour le pays, mais aussi dans de nombreux crimes de l’ère Blaise Compaoré, notamment Thomas Sankara, Lingani, David Ouedraogo, Norbert Zongo etc.
 
Quant aux autorités togolaises, il ne reste qu’à souhaiter que la commission d’enquête sur le coup d’Etat manqué au Burkina Faso ne vienne à les citer dans cette aventure; autrement, elles pourront faire le deuil de leur sommet maritime, dans ce sens qu’aucun pays sérieux ne s’invitera à un sommet de ce genre alors que le pays organisateur joue à déstabiliser son voisin, en d’autres termes à alimenter l’insécurité terrestre. Dans l’après-midi de la journée d’hier, le général Gilbert Diendéré, refugié à la Nonciature de Ouagadougou a été remis aux autorités de la Transition, après des garanties sur son sort. Il a été conduit au camp Paspanga. Il doit maintenant faire face à ses crimes devant la justice. Triste fin pour quelqu’un qui se faisait passer pour le John Bri du quartier.
 
Ferdi-Nando
L’ALTERNATIVE – N°462 du 2 Octobre 2015
 

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