Le Togo, les élections et les fraudes


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Si le Togo n’avait pas existé, il aurait fallu le créer afin de démontrer que lorsqu’un gouvernement se sent dépouillé de tous moyens « légaux » de frauder, il recoure à des pratiques de bas étages. Si depuis la fermeture des bureaux de vote (BV) les résultats tombent comme des pluies dans le désert, c’est dû au fait que les fraudes que les membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) découvrent n’honorent en rien le régime. Cas de certaines situations des plus ubuesques au plus incongrues dans la partie septentrionale du Togo, longtemps réputée à tort fief du partir au pouvoir.
 
La mathématique est et demeure une science précise, concise et exacte, et lorsque les données mathématiques manipulées ne souffrent pas de fioritures, les résultats attendus sont toujours au rendez-vous. Sauf en cas de manipulation des chiffres, comme c’est le cas dans la proclamation de certains résultats partiels de l’élection présidentielle du Togo intervenue depuis samedi 25 avril, mais dont les résultats se font toujours désirer. Mais qu’aurait été cette compilation si c’était le système pipé du Béninois Clément Aganahi qui avait été coopté pour procéder à la compilation ?
 
Sur le procès-verbal de la Céli de Kpendjal que les délégués ont signé le 26 avril dernier, voici ce qu’on lit : nombre de BV de la Céli : 226 ; nombre total d’inscrits de la Céli : 79288 ; nombre de votants sur la liste d’émargement des BV : 59747 ; nombre de votants par dérogation : 1453 ; nombre de votants par anticipation : 134 ; nombre total de votants : 61605 ; nombre de bulletins nuls : 1989 ; suffrages exprimés : 59488. Et selon les suffrages exprimés, Jean-Pierre Fabre a 2046 voix, Tchassona Traoré en a récolté 313, Taama Komandega en a eu 420, Gogue Tchabouré, 6805 et Faure Gnassingbé, 49768. Mais lorsqu’on s’essaie à des calculs pour retrouver les chiffres mentionnés, aucun ne donne de résultats probants contenus dans ce procès-verbal. Les voix cumulées des cinq candidats par exemple ne correspondent pas au total des suffrages exprimés. La différence entre le nombre total de votants et le nombre de bulletins nuls ne correspond pas aux suffrages exprimés. Et pourtant chaque BV disposait d’une calculatrice neuve.
 
A la Céli de Cinkassé, la situation n’est pas plus reluisante. Tenez, nombre total de BV de la Céli : 124 ; nombre total d’inscrits de la Céli : 52031 ; nombre de votants sur la liste d’émargement des BV : 35066 ; nombre de votants par dérogation : 968 ; nombre de votants par anticipation : 86 ; nombre total de votants : 35947 ; nombre de bulletins nuls : 1199 ; suffrages exprimés : 34777. Jean-Pierre Fabre : 1673 ; Tchassona Mohamed : 225 ; Taama Komandega : 190 ; Gogué Tchabouré : 4599 ; Faure Gnassingbé : 28211. En temps normal, les suffrages exprimés s’obtiennent en déduisant les bulletins nuls du total des votants. Mais à Cinkassé, ce calcul aboutit aussi à des données erronées comme démontrées dans le Kpendjal. De tout ce qui précède, il apparaît que le système SUCCES ayant été abandonné, le régime éprouve toutes les peines du monde à se retrouver dans les calculs. Une situation qui fait dire à certains que le scrutin n’a probablement jamais été sans tâche.
 
Plus au nord-ouest à Dankpen, des urnes ont renfermé des spécimens de bulletins normalement destinés à des simulations et autres sensibilisations, preuve que des mains malhabiles ont frauduleusement introduit ces spécimens. Et pourtant des délégués officiaient dans les BV où les arnaques ont été découvertes.
 
La préfecture de Tchamba a aussi accouché de son lot d’absurdités. Il nous revient que dans cette localité, des gens ont été ramenés du Bénin et du Ghana pour accomplir le devoir civique alors qu’ils ne sont pas des Togolais. Parallèlement à ce phénomène, certains jeunes ayant battu campagne dans la localité ont voté à plusieurs reprises. Plus dur à avaler est l’acte posé par un directeur général d’une société, natif de ce milieu. Accompagné du préfet, ce directeur, au mépris des règles électorales, a sillonné des bureaux de vote et offert des cadeaux aux membres. Même un jeune humoriste était étiqueté comme artisan des fraudes dans la ville de Tchamba ; il circulait avec plusieurs cartes d’électeurs entre les mains. Un autre bonhomme qui se dit point focal de l’Unir s’était assis dans la cour de l’EPP Centrale et distribuait des mandats pour des votes par procuration et des billets de 2.000 FCFA aux passants allant voter et désireux de jouer à son jeu.
 
Dans la préfecture de Bassar, plus précisément à Dimori, toutes les urnes ont été ramenées chez le chef canton après dépouillement. Est-ce ce que prévoit le Code électoral ? Autant d’éléments qui, mis les uns à la suite des autres, donnent un aperçu succinct de ce qu’a été le vote dans certaines parties du septentrion.
 
Nous ne saurons fermer cette page sans faire référence au constat fait dans la commune N° 5, plus précisément dans le bureau de vote 7, celui où Faure Gnassingbé a personnellement voté. Eh bien, retenez que dans ce bureau de vote, avec le total des inscrits qui est de 470, Unir se retrouve avec un total de 493 voix et CAP, 111. Sans tenir compte des votes en faveur de Taama, Tchassona et Gogué, le total partiel s’élève à 604 voix ! Ainsi vont les votes au Togo.
 
Source : [28/04/2015] Abbé Faria, Liberte-Togo
 

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