Les dessous de l’expulsion de l’expert de l’UE Jérôme Leyraud


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Nous l’avons écrit dans notre dernière parution, l’un des experts de l’UE auprès de la CENI, Jérôme Leyraud a été expulsé par les autorités togolaises. Il a quitté Lomé le 27 mars à la demande expresse des autorités togolaises qui l’accusent de partialité.
 
Au sein de l’opinion et de l’avis de plusieurs observateurs, on s’étonne de la complaisance voire de la complicité de la Délégation de l’UE à Lomé vis-à-vis des expulsions dont sont victimes ses fonctionnaires. On se rappelle le cas du Chef projet PASCRENA, Christophe Courtin qui a été prié de quitter le Togo avec l’assentiment de l’Union Européenne. Aujourd’hui, c’est une autre expulsion d’un expert avec l’assentiment de la Délégation de l’UE à Lomé qu’on assiste. Si les régimes autoritaires doivent désormais choisir les experts de l’UE, où va-t-on et qu’en sera-t-il de l’indépendance de l’analyse?
 
Aujourd’hui le but poursuivi par les autorités togolaises consiste à n’avoir aucun expert sur place pour suivre le processus en cours, surtout qu’une nouvelle mission est prévue à Lomé, mais la délivrance des visas se fait attendre. On en sait un peu plus sur les dessous de la brouille entre Jérôme Leyraud et les autorités togolaises.
 
En 2013, dans un rapport interne, Jérôme Leyraud et une de ses collègues avaient ouvertement critiqué les initiatives d’une institution en matière de pseudo observation électorale. Il s’agit en réalité du HCDH d’Olatokounbo Ige dont les accointances avec le régime sont connues et son projet de formation de 800 observateurs électoraux. Pour la présidentielle de 2015, elle remet sur le tapis le même projet bidon en multipliant les initiatives comme si la question des droits de l’Homme n’a d’importance que lors des élections. Pourquoi des gens chargés de faire des observateurs en droit de l’homme pendant les élections doivent être appelés « observateurs électoraux »? Voilà la pomme de discorde lorsqu’ Olatokunbo Ige a réactivé son projet de formation des 800 observateurs. Pour Jerome Leyraud, il est malheureux que le système des Nations Unies et la Francophonie s’adonnent à ce type de confusion qui ne vise qu’à convaincre les populations que le scrutin se déroule dans un environnement satisfaisant, ce qui est loin d’être émontré.
 
Pour Jérôme Leyraud, c’est aux observateurs électoraux et à eux seuls de témoigner de la sincérité du scrutin et non des pseudos observateurs des droits de l’Homme. En clair, la formation des pseudos observateurs des droits de l’Homme transformés en observateurs électoraux est contraire aux principes de l’observation électorale. C’est pour avoir fait ses observations et émis les réserves sur ce fameux projet d’Olatokounbo Ige qui s’est d’ailleurs concrétisé par la formation des 800 pseudo observateurs que le pouvoir a décidé d’expulser Jérôme Leyraud du Togo.
 
Visiblement, la Représentante résidente du HCDH au Togo dont les accointances avec le régime ne souffrent d’aucune ambiguïté continue d’obtenir la tête des experts de l’UE, sous le regard complaisant de la Délégation de l’UE à Lomé. On sait le rôle trouble joué par cette dame dans l’expulsion du Chef Projet PASCRENA, Christophe Courtin avec qui elle ne s’entendait pratiquement pas sur les approches; et là son ombre plane de nouveau sur le cas de Jérôme Leyraud. Le bureau du HDCH à Lomé est-il finalement devenu une institution au service du pouvoir ?
 
Les Nations Unies doivent éclairer les pauvres Togolais afin que les responsabilités soient situées au moment venu. Quant à la Délégation de l’Union Européenne à Lomé, elle doit cesser d’avaliser à tout bout de champs les expulsions de ses experts par un régime autoritaire.
 
source : Ferdi-Nando, L’ALTERNATIVE – N°413 du 07 Avril 2015
 

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