Opposition et politique du ventre : Agbeyomé Kodjo négocie son retour à la maison RPT-UNIR


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. Les pontes du sérail divisés sur ce come-back du natif de Tokpli

Sérénité, unicité, fermeté face aux manœuvres d’achats de conscience du pouvoir, intégrité de ses leaders…Voilà les signaux sous lesquels devrait se présenter l’opposition togolaise, afin d’affronter dans les meilleures conditions le parti au pouvoir à l’élection présidentielle à enjeu de 2015. Mais elle risque d’enregistrer la défection d’un de ses (soi-disant) leaders. Il s’agit du patron de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts), Agbeyomé Kodjo. Selon les dernières informations, il est sur le point de rallier le pouvoir Faure Gnassingbé.

Agbéyomé à un pas d’un retour à la maison

A en croire les indiscrétions, il mettrait à profit ces derniers temps pour négocier son retour au service du pouvoir et régler les derniers détails. Mais cette éventualité ne fait pas l’unanimité au sein du pouvoir.

Les cadres du clan seraient divisés et certains, dont les nouveaux barons du parti au pouvoir seraient contre ce retour qu’ils trouvent inutile. Ces derniers ne voient pas la plus-value que l’intermittent de l’opposition peut encore apporter, surtout dans la perspective de l’élection présidentielle cruciale de 2015.

Mais ce camp rencontre l’avis contraire d’un autre courant qui, lui, est favorable à cette éventualité. Il s’agit de celui formé par les barons militaires du pouvoir dans les bonnes grâces de Faure Gnassingbé et qui font l’actualité ces derniers temps. Il nous revient même que l’un de ces galonnés impliqués dans tous les scandales de la République, cité dans les affaires Kpatcha Gnassingbé et d’incendie des marchés mais qui a reçu une promotion tout dernièrement – suivez les regards – serait même allé diner chez l’intermittent de l’opposition il y a un peu plus de trois semaines. Ici, on parle du retour à la maison d’un « enfant prodigue parti faire un stage au sein de l’opposition » et dont on peut tirer des choses. On reste convaincu que c’est une bonne pioche qui peut servir à rédiger à Faure Gnassingbé qui en a vraiment besoin pour faire avaler la couleuvre aux populations, les discours flagorneurs à l’image de ceux servis à l’orée de la présidentielle de 2003 par le Père pour justifier un troisième mandat.

D’autres encore croient fermement qu’il peut valablement remplacer un certain Pascal Bodjona aujourd’hui en disgrâce avec le pouvoir, pas forcément au poste de ministre de l’Administration territoriale ou de Directeur de cabinet de Faure Gnassingbé, mais juste dans son rôle d’avocat du Prince de la République. On se rappelle en effet, Pascal Bodjona était tout pour Faure Gnassingbé : le bouclier, le glaive, etc. C’était l’avocat et le porte-parole du Prince qui ne parle qu’à chaque éclipse solaire, celui qui était envoyé au front lorsque c’était chaud, donnait presque sa vie pour sauver le pouvoir du Fils du Père. On n’oubliera sans doute pas la partition de Bodjona dans sa réélection (sic) en 2010. Et Agbéyomé Kodjo ne devrait pas éprouver de difficulté à jouer ce rôle, car ayant toutes les compétences nécessaires : tête bien pleine, bon rhéteur, grande gueule… Il devrait simplement puiser dans son passé d’activiste du Rpt, et le tour serait joué.

Après avoir servi le Père de toutes ses tripes mais quitté entre-temps le clan, Agbéyomé Kodjo est donc sur le point de ravaler son vomi et retourner servir le Fils. Et ce n’est plus qu’une question de temps. Loin de lui jeter la pierre, des observateurs lui trouvent des circonstances atténuantes. « Avec l’échec des dernières législatives où il n’est même pas arrivé à attraper un seul des trois sièges en jeu dans sa région natale, il s’est rendu compte que sa survie politique s’est jouée là. Il n’a d’ailleurs plus d’avenir politique au sein de l’opposition, s’étant volontairement mis à l’écart de ses amis du Cst et ayant des difficultés à se faire accepter à la Coalition Arc-en-ciel », glose un acteur de la société civile.

Un retour qu’on voyait venir

C’est un secret de Polichinelle qu’Agbeyomé Kodjo n’a plus depuis longtemps sa tête à l’opposition et est dans la logique de servir à nouveau le clan au pouvoir. Certains diront même que ce retour à la maison-mère n’est pas trop tôt, car ses signes avant-coureurs étaient bien manifestes. Il y a longtemps que le patron de l’Obuts est en rupture de banc avec ses camarades de l’opposition et particulièrement du Collectif « Sauvons le Togo ». Tout a commencé avec sa curieuse réclamation d’un siège à son Vice-président Gérard Adja suite aux législatives du 25 juillet 2013. Et il n’est pas arrivé à digérer le refus essuyé de la part de l’Alliance nationale pour le changement (Anc). Dès lors, le parti et ses premiers dirigeants sont devenus ses cibles permanentes.

Ensuite, son agitation autour de la publication en novembre 2013 du rapport du Collectif « Sauvons le Togo » sur les incendies. Le commun des Togolais croyait à un retour au calme, après une journée de réflexion organisée par le Cst et où les divergences ont été aplanies. Mais c’était compter sans le dessein secret d’Agbéyomé Kodjo : faire imploser le Collectif, au grand bonheur du pouvoir.

Au motif de n’être pas traité avec tous les honneurs dus à son rang (sic), Agbéyomé Kodjo et son Obuts se sont volontairement écartés du Cst dont ils passent les leaders régulièrement à la tronçonneuse. La rencontre Faure-Fabre cause à l’ancien Premier ministre des démangeaisons intellectuelles ; il bondit sur la supposée agression de Nicolas Lawson pour titiller Jean-Pierre Fabre et les siens. Ayant cru à un moment qu’il serait accueilli à bras ouverts à la Coalition Arc-en-ciel, il s’est mis un point d’honneur à flasher à chaque fois sur Jean-Pierre Fabre, Zeus Ajavon et les autres. Il est devenu ce qu’il convient d’appeler un opposant aux opposants. Mais c’était compter sans ce paramètre qu’avant d’être accepté à la Coalition Arc-en-ciel, il fallait l’autorisation de son frère ennemi intime Yaovi Agboyibo. Ne pouvant plus retourner au Cst, Agbéyomé se retrouve donc esseulé et fui de partout, comme la peste.

Agbéyomé Kodjo, c’est celui qui a fait les pieds et les mains, durant la longue hospitalisation d’Arthème Ahoomey-Zunu en France, pour prendre sa place à la Primature. Et c’est un secret de Polichinelle. Même l’homme de Kpélé-Tsavié revenu au bercail, il n’a pas perdu espoir d’y parvenir et a continué les manœuvres. Agbéyomé Kodjo, c’est encore celui qui est cité dans les combines avec les leaders has been de l’opposition, pour offrir à Faure Gnassingbé en 2015, un mandat de plus dit de transition.

Il y a donc longtemps que le patron de l’Obuts a proclamé tacitement sa rupture avec l’opposition. Et un éventuel retour au service du pouvoir ne serait que la consécration de son processus de transhumance entamé depuis longtemps.

 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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