Pourquoi les opposants gênants ont-ils des démêlés avec la justice au Togo ?


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Tout semble faire croire que tous les opposants gênants ou du moins ceux qui ont des opinions dérangeant le régime en place au Togo ont des démêlés avec la justice. Cette situation qui fait et continue de faire son petit bonhomme de chemin malheureusement ne date pas d’aujourd’hui. En effet, c’est depuis la période forte du régime du feu Eyadéma, que cette méthode qui consistait à passer par des contorsions juridico-politiques pour déstabiliser les personnes gênantes au régime ab été érigée en règle. Malheureusement, celle-ci n’est pas loin d’être finie dans la mesure où dix ans après la mort de Eyadéma et trois ans après la dissolution du RPT, la même méthode semble résister à l’usure du temps. Sans pour autant vouloir faire une liste exhaustive des victimes de cette méthode au risque de se tromper, nous faisons un zoom sur les cas qui ont marqué et défrayé la chronique depuis 2000 à aujourd’hui. D’abord, il nous souvient encore du retentissant procès et inculpation en Août 2001 de Me Yaovi Agboyibor par la justice togolaise sur plainte d’un cacique du régime RPT à l’époque, Agbéyomé Kodjo pour une pathétique histoire de dénonciation calomnieuse. Ce qui vaudra sept mois derrière les barreaux pour cet opposant qui, à l’époque était le plus gênant des opposants ayant choisi de combattre le régime RPT de l’intérieur en restant sur place, au Togo.
 
Ensuite, l’arrestation de Claude Améganvi en 2002 pour une veille histoire de délit de presse qui remonte à 1991 et surtout, sept ans après le retour de ce dernier au pays après son exile au Bénin. Alors qu’il devenait trop dérangeant pour le régime à l’époque. Ainsi, pour le museler et l’écarter de la scène politique au moment où le régime mettait en branle la stratégie de modification de la constitution pour ouvrir les portes d’un 3ème mandat au général Eyadéma.
 
Après Claude Améganvi en 2002, suivra Agbéyomé Kodjo, celui qui avait envoyé Agboyibor en prison pour sept mois en 2001 et qui, par la force des choses s’est retrouvé dans l’opposition de subir les affres du régime qu’il gênait depuis son exile en France. Lui aussi va passer dix mois à la prison civile de Kara. Avant d’être libéré puis arrêté de nouveau en 2013 dans l’affaire des incendies des marchés alors qu’il était l’une des têtes de ponts du CST qui devenait très gênant à la proche des législatives de 2013. Le bouillant écrivain et journaliste, Fulbert ATTISSO aussi a fait les frais de cette méthode qui consiste à créer des démêlés judiciaires à ceux qui dérangent la tranquillité du régime. Il sera arrêté à la veille de la présidentielle de 2010 avec son troublant mouvement MCA qui militait pour la préservation de la victoire de l’opposition à la présidentielle de 2010.
 
Les ennuis judicaires des hommes politiques gênants vont s’amplifier et prendre une proportion incroyable avec l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé qui commençait par trop gêner la tranquillité des locataires du palais de la Marina avec pour motif, attentat à la sûreté de l’Etat. De Pascal Bodjona qui devenait trop docile avec l’opposition et qui souhaitait officieusement la réforme de l’intérieure du système en place. De Olivier Amah Boko, qui avec son ASVITO perturbait la tranquillité du régime. Il fini par prendre la poudre d’escampette pour se retrouver en exile. L’inculpation des responsables du CST entre Zeus Ajavon, Jean-Pierre Fabre, Abass kaboua . Gérard Adja… qui depuis la gigantesque manifestation des 12, 13 et 14 juillet 2012 agitaient le sommeil au sommet de l’Etat.
 
Aujourd’hui, c’est le tour d’Alberto Olympio qui a été à un moment donné présenté comme l’un des dangers au régime togolais de tomber sous le coup de cette méthode. Alors qu’il devenait trop gênant et trop radical sur la question tabou du fichier électoral, au point d’en faire son cheval de bataille. Il a de sérieux ennuis judiciaires avec une personnalité qui serait proche du régime. Ces démêlés judiciaires risqueront de lui déplumer totalement.
 
Face à cette situation, l’on se demande à quelle contorsion judiciaire cet opposant d’avenir sera-t-il mangé à la justice de Lomé ? Ne risque-t-il pas de quitter la sciène politique sur la pointe des pieds alors qu’un avenir politique prometteur se déssinait à l’horizon pour lui à cause de sa méthode innovante de faire la politique ? Les jours qui viennent nous en diront long.
 
Jean-Claude Bakali, pour Togonews.info
 

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