Silence! Manipulation en cours…


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« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » – Étienne de La Béotie (1530 – 1563)

 
 
Au Togo l’histoire semble s’accélérer. En l’espace de deux mois trois évènements graves ont émaillé le paysage politique et social du pays.
 
Trois coups successifs ont été portés à des piliers importants de la démocratie et de tout le corps social.
 
Il s’agit de la fermeture unilatérale de deux médias d’importance : City FM et LCF ; de la double augmentation du prix des produits pétroliers en l’espace d’un mois et enfin du pourrissement du conflit dans l’enseignement.
 
Tout porte à croire qu’il s’agit encore une fois de l’expression habituelle de la mal-gouvernance d’une bande d’incapables à laquelle malheureusement le peuple semble habituée.
 
Erreur ! Une observation attentive montre qu’il n’en est rien.
Il s’agit d’une stratégie funeste mûrement pensée et cyniquement exécutée par un pouvoir dictatorial aux abois décidé néanmoins à perdurer.
 
C’est la dernière trouvaille des « spin doctors » payés à grands frais par le gouvernement togolais dans la guerre cynique, sale et sans merci qu’il impose à son propre peuple.
 
Il s’agit d’une véritable guerre et les moyens mis en œuvre sont à la mesure de l’enjeu : la survie d’une clique de satrapes et de gestionnaires incompétents à la tête de l’État.
 
Les garde-chiourmes togolais de l’employeur français, gardiens des intérêts du maître, s’évertuent avec l’énergie de l’illégitimité à préserver par tous les moyens, y compris la terreur, un pouvoir que la moindre avancée démocratique ferait basculer immédiatement hors de portée.
 
Il faut donc « bétonner » par le meurtre, la brimade, le pillage et la manipulation politique de tous ordres.
 
Le schéma est ancien. Il est bien rôdé. Ses acteurs puissamment organisés et armés au Togo.
 
Il faut en priorité affamer le peuple, décimer le peu de classe moyenne qui existe et veiller à ce qu’une classe moyenne digne de ce nom n’émerge et ne se consolide jamais.
 
C’est bien connu, une classe moyenne est nécessairement portée à demander plus de liberté et cela insupporte le pouvoir en place et leurs commanditaires extérieurs.
 
Car ne l’oublions pas, malgré la concession d’une indépendance nominale dans les années 60, l’objectif affiché est bien de garder éternellement les « possessions » de l’empire français. Cela passe désormais par les contremaîtres locaux bien plus féroces que leurs prédécesseurs esclavagistes. C’est ce schéma dont la seule finalité est de se constituer un monopole sur les ressources du Togo au profit du colonisateur qu’il faut consolider et faire durer au détriment du peuple.
 
La recette est d’une diabolique simplicité.
 
D’une part, il faut abêtir le peuple et veiller à ce que son instruction et donc son jugement soit durablement altéré. Le moyen le plus efficace reste encore de susciter un ignare à la tête du pays.
 
Le coup d’état du 13 janvier 1963 et plus tard l’avènement d’Eyadéma à la tête du Togo remplissaient cette première condition.
 
Éradiquer ou amoindrir autant que possible les capacités de l’enseignement et de la culture à être les vecteurs essentiels de tout développement économique en permettant l’évolution de l’homme et de tout l’homme. La formation du citoyen politiquement responsable et économiquement performant doit être mise sous l’éteignoir.
 
Les convulsions actuelles ne sont que des avatars d’une telle stratégie de meurtre collectif quitte à sacrifier définitivement des générations entières de togolais en une saignée ininterrompue des forces vives de la Nation.
 
D’autre part, il faut mettre en place une armée tribale, lourdement équipée et tournée vers l’assassinat du peuple et les brimades des voix qui s’élèvent pour assurer une pérennité du régime de sous-préfets et de gérants indélicats mis en place pour permettre le pillage systématique du Togo. Les manifestations doivent être impitoyablement réprimées. Tuer, assassiner, terroriser, contraindre, bastonner, embastiller doivent être les méthodes adoptées et la seule réponse possible à toute manifestation du peuple et toute aspiration à accéder aux droits individuels et sociaux de la part du peuple martyrisé.
 
L’armée togolaise, épine dorsale de ce régime de terreur a encore illustré ce tropisme par le meurtre lâche, malheureusement prévisible, du jeune Alabi, tombé lors d’une manifestation pacifique contre la hausse des prix des produits énergétiques.
Le troisième aspect de l’édifice de meurtre d’un peuple consiste à inoculer le germe de la corruption à travers les élites à la tête du pays en veillant à ce que cela descende et infuse dans tout le corps social. Le phénomène de bi-macrocéphalie ainsi créé, met en face d’une oligarchie mafieuse et assassine outrageusement opulente le peuple de plus en plus paupérisé.
 
Rien ne doit subsister au milieu du corps social.
 
Les exactions financières et fiscales, les détournements de fonds et la pression salariale aidée par un chômage de masse devraient y veiller.
 
Un peuple affamé, terrorisé, brimé de toutes façons, financièrement exsangue est un peuple manipulable, corruptible et donc facilement exploitable.
 
Le pouvoir de terreur du Togo est passé maître dans la construction de tous ces ingrédients.
 
Développer parallèlement une propagande autour du mantra actuel de l’émergence comme horizon de développement. Nier contre toute logique qu’aucune croissance économique véritable ne peut s’amorcer avec un peuple martyrisé et terrorisé. Asséner comme preuve de bonne gouvernance la nécessité d’un endettement endémique et de l’aide extérieure comme leviers de développement.
 
Ne pas oublier de faire partir des « fuites » savamment organisées de l’épuisement du pouvoir et même du désir de Faure Gnassingbé de quitter le pouvoir. Rien n’est plus faux.
 
Tels sont pourtant les éléments de langage de la nouvelle propagande du régime togolais.
 
Saupoudrez le tout de travaux de construction d’édifices somptuaires qui sont autant d’occasions de détournement de fonds publics et vous construisez une dictature cinquantenaire. L’enchaînement des évènements des trois derniers mois est donc tout sauf fortuit.
 
Il ne s’agit, ni plus ni moins, de la part d’un pouvoir discrédité que de persister dans son être et de faire baisser symétriquement la garde aux opposants éventuels afin de mieux les cueillir à froid lors des prochaines échéances électorales.
 
Au passage, il faut absolument préparer la Nation togolaise, réduite en champ de ruine, à admettre de gré et surtout de force les forfaitures en préparation par la commission chargée de tailler une constitution sur mesure au dictateur avec l’assurance institutionnelle de perdurer au pouvoir.
 
Les signes avant-coureurs sont éloquents. Heinrich Heine les a bien identifiés : « là où on brûle des livres on finit par brûler des hommes ». Et mutatis mutandis, là où on ferme des médias, on muselé la démocratie et le bien-être collectif.
 
Face à une cohérence diabolique de verrouillage par le pouvoir dictatorial en place à Lomé, la réponse des hommes de bonne volonté et d’une opposition responsable et sincère doit consister à élaborer une contre-stratégie basée sur la compréhension intime de ce qui se met en place sous nos yeux et une déconstruction systématique des axes d’un discours construit et subtilement mis en musique par les thuriféraires de la mise en coupe réglée de la Nation togolaise.
 
L’heure n’est plus au faux fuyant ou à la tiédeur. Les leaders de l’opposition doivent oser mettre les mots sur les maux dont souffre réellement ce pays.
 
Jean-Baptiste K.
 
lomévi (www.togoactualite.com)
 

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