Togo, Affaire des incendies : Le régime de Faure Gnassingbé veut tuer Mohamed Loum.


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Des sbires du régime se font passer pour des représentants du HCDH pour négocier sa collaboration
 
Depuis le Cabanon où il est actuellement détenu, l’un des acteurs clés dans l’affaire des incendies des marchés de Kara et de Lomé, nous nommons Mohamed Loum, a fait signe de vie et ses confidences sont parvenues à notre Rédaction. Celui qui, sous la torture, a nommément cité des responsables du Collectif « Sauvons le Togo » (CST) comme étant les commanditaires des incendies avant de revenir sur ses déclarations, fait l’objet d’incessantes pressions. En plus de ses problèmes de santé, il affirme craindre pour sa vie, mais reste déterminé à jouer son rôle pour que la vérité sur les incendies soit rétablie.
 
Mohamed Loum, le témoin qui a accusé sous torture des leaders de l'opposition d'être les responsables des incendies des marchés au Togo en 2013. Il est revenu sur son temoignage. Depuis lors le régime de Faure Gnassingbé cherche à l'éliminer | Capture d'écran
Mohamed Loum, le témoin qui a accusé sous torture des leaders de l’opposition d’être les responsables des incendies des marchés au Togo en 2013. Il est revenu sur son temoignage. Depuis lors le régime de Faure Gnassingbé cherche à l’éliminer | Capture d’écran
 
Si le détenu Mohamed Loum craint pour sa vie, c’est à cause des visites nocturnes dont il fait l’objet depuis quelques mois et qui, comme par hasard, s’intensifient à l’approche de l’élection présidentielle de 2015. « Je ne sais pour quelles raisons, mais certaines nuits on le réveille parce qu’il a de la visite. Pour se préserver, il refuse de sortir parce qu’il ne sait pas quel ami va vouloir lui parler au-delà de 20 heures au Cabanon. S’il sort, quelque chose peut lui arriver », explique un codétenu.
Dans sa situation, la méfiance est de mise et Mohamed Loum ne sait plus qui croire. Exception faite des visites nocturnes, de soi-disant représentants d’organisations internationales ou d’ONG de défense des droits de l’Homme lui font la cour. Rien que dans le mois de septembre, il a reçu quatre visites, les 4, 19, 29 et 30 septembre 2014, « d’émissaires du pouvoir » qui se sont pourtant présentés comme étant des représentants du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou encore d’Amnesty International. Et toujours, les discussions ont porté sur des négociations avec Faure Gnassingbé et les relations qu’entretient le détenu avec Jean-Pierre Fabre et ses avocats étrangers, Mes William Bourdon et Georges-Henri Beauthier.
 
Mais selon les informations en notre possession, ces organisations des droits de l’Homme n’auraient jamais envoyé d’émissaires auprès de Mohamed Loum. Et c’est leur crédibilité qui est en jeu si elles ne rompent pas le silence. « Des personnes se font passer pour des représentants d’organisations internationales et lui demandent de collaborer. Elles l’ont interrogé sur les relations qu’il entretient avec les avocats de Jean-Pierre Fabre. Des gens qu’il n’a jamais rencontrés et qui sont arrivés au Togo pendant qu’il est en détention… Bien avant son arrivée au Cabanon, il a rencontré certains pontes du régime qui lui ont conseillé de négocier sa libération. S’ils acceptent de négocier – il y a d’autres jeunes qui ont été impliqués dans cette affaire –, ils leur promettent l’exil en Israël, en Pologne ou en Corée du Sud et des passeports étrangers leur seront délivrés », rapporte un défenseur des droits de l’homme.
 
La condition formulée par les envoyés du pouvoir « est une responsabilité trop lourde à porter, car elle portera un coup dur à la lutte pour l’alternance au Togo dès 2015. Le régime cherche les voies et moyens pour emprisonner le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), Jean-Pierre Fabre et d’autres responsables du CST non plus dans le dossier des incendies, mais pour d’autres faits, et son rôle est d’affirmer être leur complice », ajoute la même source.
 
Devant le refus de ce dernier de coopérer, il a été réveillé vers 5 heures au matin du 30 septembre 2014 par des gendarmes qui ont tenté de le transférer de force vers la prison civile de Lomé, contre l’avis du médecin en chef du Cabanon. La demande d’autorisation est toujours pendante sur le bureau du médecin qui, craignant pour la santé de Mohamed Loum, a décidé de son maintien au Cabanon.
 
D’après les informations, depuis son transfert au Cabanon pour des raisons de santé, Mohamed Loum ne s’est jamais senti en sécurité. Constamment, il est poussé à l’affrontement par d’autres détenus qui seraient à la solde des tenants du pouvoir et ses faits et gestes sont scrutés à la loupe pour provoquer son transfèrement vers un autre centre de détention. D’après des confidences faites à l’intéressé par des sources sécuritaires, si d’aventure il est transféré, il ne sera plus détenu dans les locaux de la gendarmerie, mais dans un endroit où il sera à la merci d’autres détenus qui seront chargés de son assassinat.
 
Il nous revient aussi que pour contraindre le témoin principal de l’accusation dans le dossier des incendies à accepter la prétendue collaboration, le financement de ses soins n’est plus assuré par l’Etat togolais. Des manœuvres sont aussi faites pour retarder son approvisionnement en médicaments alors qu’il souffre d’une tumeur à la gorge.
 
Affaire à suivre.
 
Source : [07/10/2014] Liberté via PO2014
 

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