TOGO : Comment Faure a vécu les manifestations à Lomé, détail par détail


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La ville de Lomé a été prise d’assaut par les manifestants de l’opposition et du pouvoir. Les forces de l’ordre ripostent en bombardant les opposants de gaz lacrymogène pendant que les « Uniriens » partagent l’argent. A Lomé II, Faure qui a annulé plusieurs programmes pour la journée a convoque un conseil restreint de sécurité ce soir. Mais entre-temps, il a suivi la marche de près. Et a même survolé la ville en hélico !
 
«La réalité est beaucoup plus que ce qu’on attendait, les manifestants semblent déterminés… » aveux à peine dissipés d’un officier de la gendarmerie avec lequel nous avons pu nous entretenir en milieu d’après-midi. Le gouvernement ne s’y attendait pas, non seulement la mobilisation était au-delà de leurs estimations, mais elle semble décidée. Plusieurs sources concordantes font cas de ce que le chef de l’Etat a craint « un enlisement » avant de se raviser. Quelques entretiens téléphoniques avec le directeur général de la gendarmerie nationale l’ont rassuré. Une source maison précise que la manifestation de l’opposition a été survie de très près par le chef de l’Etat en personne. Nous en avions eu la preuve en échangeant avec quelques-uns de ses collaborateurs. Une journée au nouveau, avec un œil dans la rue.
 
Panique. Il n’avait pas vraiment paniqué. Cela pour plusieurs raisons. D’abord, parce que toutes les informations qui lui sont parvenues ont fait cas de ce que la marche du CAP 15, regroupement d’opposants pour la présidentielle de l’année prochaine, a eu du mal à décoller. Puisqu’ils ont été acheminés, toute la nuit, de plusieurs localités du pays, par bus et camions, les manifestants pro-régime étaient sur les lieux tôt. « Ne connaissant pas la ville de Lomé, ils ont dû se regrouper de bonne heure pour écouter les consignes » a assuré un cadre du Mouvement des Jeunes pour le Soutien de Faure, MJSF. Les premières images reçues par Faure Gnassingbé, en début de matinée, l’ont sans doute rassuré. D’un côté des dizaines de milliers de manifestants, les siens, qui lui demandent de ne pas faire des réformes constitutionnelles. De l’autre, quelques centaines de personnes qui se rassemblent à plusieurs points du centre-ville. Les manifestations de l’opposition ont débuté avec retard mais rassemblera au finish quelques « quelques centaines de milliers de personnes » comme le diront vaguement les organisateurs. « Il n’y avait pas de quoi avoir peur » s’est réjoui Georges Aïdam, vice-président de Unir, en recevant les premiers échos. Ensuite, la foule était beaucoup moins nombreuse que ce qu’on a vu en juin dernier. Faure peut, même en cas de débordements, compter sur le Colonel Massina qu’il a balancé à la tête de la gendarmerie pour gérer des situations similaires. Mais aussi sur le capitaine Acakpo qui, après un bref stage au Madagascar est revenu pour faire face à la situation. Officier téméraire et zélé, il saura mieux que quiconque, gérer les tensions électorales et les situations d’urgence. Sur les lieux de la marche, avec un autre officier supérieur, il supervisait tout et c’est lui, en personne qui a donné l’ordre aux éléments de « tirer » des grenades lacrymogènes. Toutes les demies heure, il envoyait des messages et/ou appelait son patron, Massina, resté au bureau avec quelques collaborateurs, à faire avec le palais, des points réguliers de la situation. Faure n’avait donc aucune raison de craindre quoique ce soit. « Dès que nous avons lancé les premières grenades, la foule s’est dispersée » a confié Acakpo au téléphone depuis les lieux de la manifestation, soit avec la cellule présidentielle, soit avec Massina, avant de conclure, « la situation est sous contrôle« , « contrôle total« , mais pour combien de temps ?
 
Un œil dans la rue. Le président de la République avait lui, un œil dans la rue. Une petite cellule autour de lui l’informait de tout, au fur et à mesure. Son chef d’état-major particulier, qu’il a reçu le matin lui a indiqué que pour sa sécurité personnelle, « rien à craindre » en cas de débordement. Au niveau de Unir, son parti, plusieurs cadres l’informaient, selon la tradition, par sms. Massina, le directeur de la gendarmerie, qu’il préfère de plus en plus au ministre de la sécurité, Yark Damehane, lui faisait des comptes rendus téléphoniques à chaque instant. Grâce notamment aux rapports du capitaine Acakpo à qui un reclassement de grade est promis après la présidentielle de 2015, une manière de lui dire, « tiens bon« . Mais cet officier peu cultivé et loyal n’a pas besoin de promesse pour « faire son boulot« , s’étant illustré depuis de nombreuses années comme la main des coups bas d’un régime par lequel il jure toute sa carrière et sa vie. Le ministre de la sécurité a pourtant mobilisé quelques centaines de policiers pour chaque manifestation mais le contrôle a été confié à Acakpo. Mission personnelle du chef de l’Etat, murmure-t-on à la gendarmerie.
 
Selon plusieurs sources, voulant s’assurer de tout ce qu’on lui disait, « le chef de l’Etat aurait fait un tour de la ville, en hélicoptère« . Une dizaine de minutes pour toucher du doigt la situation. « Il a vite atterri » confie un de ses proches. Mais la preuve que Faure n’était pas aussi tranquille que ça, c’est l’annulation d’une grande partie de son programme de la journée. Il avait prévenu, « s’il y a un enlisement, je ne recevrai pas Jean Pierre Fabre demain » et le « tiendrai responsable » mais il sait mieux que quiconque qu’il n’aura pas plus responsable que lui. L’opposant et le président se rencontre demain.
 
A la fin de l’après-midi, il a convoqué un conseil de sécurité pour faire le point ce soir. Il tirera les leçons, non pas d’une démission éventuelle, mais de la méthode de répression si les manifestations se multiplient.
 
source : Afrika Express
 

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