TOGO / Descente au coeur des réseaux qui ont accaparé le juteux marché : Collusion suspecte entre Cina Lawson, Bolloré et les fils des barons


Cina Lawson (d) et quelques fils des barons du régime prédateur de Faure Gnassingbé | Extrait de la Une de l’Alternative
Cina Lawson (d) et quelques fils des barons du régime prédateur de Faure Gnassingbé | Extrait de la Une de l’Alternative


Le 24 août 2016, dans le communiqué relatif au conseil des ministres, on pouvait lire : « La seconde communication suivie par le Conseil est relative à l’attribution de licence 4G aux opérateurs mobiles Togo Cellulaire et Moov. Poursuivant l’objectif de faire de notre pays un Hub numérique dans la sous-région et dans la logique d’assurer la disponibilité de l’internet à haut débit et d’en faire un bien de grande consommation, le Conseil a instruit le ministre des Postes et de l’Economique numérique d’engager des négociations avec les opérateurs de mobiles du Togo pour l’attribution des licences 4G. L’octroi de cette licence 4G devrait permettre d’accélérer la baisse des prix, améliorer la qualité de service et la disponibilité de l’internet haut débit sur le plan national », argue le Conseil des ministres.
 
Toujours sur le terrain de la communication numérique, le gouvernement est disposé à concéder trois (03) nouvelles licences à d’autres fournisseurs d’accès Internet au Togo. « Pour accompagner les grands projets en cours d’exécution en vue de l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité de la connexion Internet dans notre pays, entre autres, la construction d’un data center, la mise en place d’un point d’échange internet, la construction d’un réseau de fibre optique de 140 kms reliant plus de 450 structures, la mutualisation des efforts de Togo Telecom et de Togo cellulaire, le Conseil a instruit le ministre des Postes et de l’Economie numérique d’envisager l’attribution, par appel d’offres, de trois (03) nouvelles licences à des fournisseurs d’accès Internet au Togo. L’arrivée de ces nouveaux opérateurs permettra de renforcer la concurrence, d’améliorer la qualité de service internet et de baisser sensiblement les coûts ».
 
Après cette annonce, il a fallu attendre un an pour percevoir un début de matérialisation, et ceci, à la faveur du Conseil des ministres du 31 mai 2017 : « La première communication présentée par le ministre des Postes et de l’Economie numérique est relative au processus d’attribution de licence à des fournisseurs d’accès Internet, conformément à l’accord donné par le gouvernement d’attribuer deux (2) nouvelles licences afin de promouvoir la qualité et la compétitivité dans les prix au profit des usagers. Ce processus, conduit dans le respect des réglementations en vigueur, a permis d’avoir au total quinze (15) soumissionnaires composés de groupements de sociétés togolaises, africaines, européennes et américaines. Après les différentes phases d’évaluation, et conformément aux règlements intérieurs du dossier d’appel d’offres, le Conseil a donné l’autorisation au ministère des Postes et de l’Economie numérique d’accorder les licences aux adjudicataires provisoires que sont le Groupement TEOLIS et GVA ».
 
Entre la première annonce et la seconde, on peut constater que le nombre des licences a été ramené à deux. Enfin, l’essentiel, c’est que le secteur soit ouvert à la concurrence, comme le réclament depuis des années les Togolais et les partenaires, notamment le FMI, la Banque Mondiale, le MCA et bien d’autres. Faut-il encore le rappeler, les télécommunications au Togo sont des plus chères de la région, avec des services de piètre qualité, un véritable frein au développement dans un monde de plus en plus connecté. Une semaine après le Conseil des ministres, une cérémonie officielle de remise de licences de fourniture d’accès Internet haut débit s’est déroulée le 7 juin 2017, dans un hôtel de la capitale. Les deux nouveaux prestataires, le groupe TEOLIS composé des entités : RINGO (spécialisé dans les solutions télécom basé au Nigéria), ARC (Fournisseur d’accès internet), MENEZ HOME FINANCE (financement de projets technologiques en France), NEXT STEP FADA (expertise en montage en France), et le Groupe Vivendi Africa Togo, ont promis des prestations de meilleure qualité pour les 500 000 Togolais connectés. Pour Cina Lawson, ministres des Postes et de l’Economie numérique, « l’octroi des licences a un impact positif sur l’Economie Numérique. Il donne ainsi l’opportunité aux consommateurs d’avoir le choix entre davantage de fournisseurs de service Internet… ». Si l’autorisation d’attribution des licences est une avancée, il faut néanmoins s’interroger sur l’opacité du processus qui a abouti au choix des deux opérateurs que sont TEOLIS et GVA (Groupe Vivendi Africa), filiale de Bolloré.
 
Le Conseil des ministres du 24 août 2016 avait instruit le ministre des Postes et de l’Economie numérique de lancer l’attribution des trois licences par appel d’offres. Même si dans la communication de Cina Lawson, le 31 mai 2017 au Conseil des ministres, elle fait savoir que le processus ayant conduit au choix des deux sociétés sur les quinze (15) soumissionnaires s’est déroulé dans le respect des règlementations en vigueur, plusieurs observateurs émettent des doutes. Tout a eu l’air de consultations restreintes, ce qui serait là aussi une entorse aux dispositions en vigueur, vu le coût de ces licences. Que dit alors l’ARMP (Autorité de réglementation des marchés publics) dont la mission première est de lutter contre ces dérives?
 
Attribution des licences à TEOLIS ET GVA : un arrangement en copains et coquins ?
 
Tout à l’air d’un arrangement entre copains lorsqu’on passe au scanner les deux sociétés, leurs promoteurs et les collusions avec Cina Lawson. Ce n’est un secret pour personne, la société GVA (Groupe Vivendi Africa) qui a créé une filiale au Togo GVTOGO-SAS (Groupe Vivendi Togo), par acte notarié au cabinet Me Atayi, avec pour capital social et apport de 10 millions de francs Cfa, est une propriété de l’insatiable colon Vincent Bolloré qui fait la pluie et le beau temps en Afrique francophone dans presque tous les domaines. A la cérémonie de remise officielle des licences ce 7 juin à Lomé, GVA Togo SAS était représentée par le DG de Canal +, Alexandre Cohen, précédemment DG de Canal + au Gabon.
 
Le Gabon et le Togo étant les deux territoires en Afrique francophone qui n’ont pas connu l’alternance depuis 50 ans, avec les mêmes méthodes de transmission de pouvoir de père en fils sur fond d’élections frauduleuses et de massacres, Vincent Bolloré qui plaide souvent la clémence de Paris vis-à-vis de ses régimes despotiques, y trouve son compte par l’extension de ses activités. Ports, transports, télécommunications, agriculture, communication, un pillage organisé et à ciel ouvert contre quelques centres de loisir piteux (Blue zone, cinéma) construits et des vieux trains pour bluffer les dirigeants africains devenus des négociants de comptoirs.
 
Cina Lawson connait mieux que quiconque les moindres recoins de cette boîte de Vincent Bolloré, puisqu’une de ses sœurs travaille dans une des filiales. Un dernier aspect non moins important qui en rajoute à la suspicion, est la date de création de la filiale togolaise de Vivendi. GVA (Groupe Vivendi Africa ) a été créé en 2015. Sa filiale togolaise GV Togo SAS n’a été créée qu’en janvier 2017. Selon des sources, la procédure d’attribution des deux licences a duré neuf (9) mois. Comment se fait-il alors qu’une société comme GV-Togo SAS créée en janvier 2017, donc née pendant que la procédure était déjà en cours, ait pu gagner le marché ? Un mystère qui en dit long sur les vrais dessous de l’attribution de ces deux licences.
 
La seconde société semble être un panier à crabes, avec plusieurs composantes les unes aussi bizarres que les autres. Le Groupe TEOLIS semble une OVNI. Les recherches poussées conduisent à quelques personnages qui gravitent autour de la galaxie des rejetons des barons du RPT. Il s’agit de Robert Eklo, Michel Bandoubé Bagnah-Gamon, Isidore Barcola présents à la cérémonie officielle au titre des premiers responsables de la société TEOLIS. Mais au Centre de formalité des entreprises (CFE), selon l’acte notarié de Me Kadjaka-Abougnima Molgah, on retrouve le nom d’une dame, Halima Sidibé, comme administratrice générale. Elle détient ¾ des actions et un ¼ pour une autre personne. Robert Eklo est fondateur d’une société dénommée OUWI Technologies depuis 2015. Certains croient savoir qu’il serait le fils de Kunalé Eklo, un ancien cacique du régime RPT dont les faits d’armes sont encore dans les esprits (Monsieur Ablo 1million, piment 5 millions ).
 
L’autre visage de ce réseau a pour nom Michel Bandoubé Bagnah-Gamon habitant à Thiais en France dans le Val de Marne où, curieusement, s’est tenue l’assemblée générale de la société THEOLIS, selon l’acte notarié. Né en 1966, il est le PCA de l’obscure société THEOLIS. Rejeton d’OGAMO Bagnah-Gamon, ancien instituteur des années 1967 devenu le plus grand pilleur de la République. La mise en coupe réglée de l’OPAT et de l’OTP sont les chefs-d’œuvres à mettre à son actif. Milliardaire ayant investi sa fortune un peu partout en Occident, sauf dans sa région des Savanes, la plus pauvre du Togo, l’insubmersible et inoxydable baron continue de vivre dans la périphérie du pouvoir.
 
Isidore Barcola, c’est le troisième larron du réseau, diplômé de l’Ecole de vétérinaire de Lyon, habitant à LE CHESNAY dans le département des Yvelines en Ile de France, est plus impliqué dans le domaine agricole. Tous ces individus, fils d’anciens barons, pilleurs de la République vivant à l’extérieur, veulent perpétuer la tradition. Deuxième génération, forts du soutien de leurs parents ou proches qui sont encore actifs au sein du système, ils se voient facilement octroyer des contrats, des licences par des passe-droits.
 
L’attribution des deux licences à ces nouveaux prestataires est tout sauf un processus transparent. Il est donc à craindre que la libéralisation de l’Internet tant attendue et clamée ne se transforme en un vrai canular.
 
La société civile, à travers les associations de consommateurs, doit impérativement interpeller Cina Lawson afin qu’elle rende publiques les offres des quinze sociétés ayant soumissionné afin que l’opinion se fasse une idée du choix qui a été porté sur les deux nouveaux prestataires.
 
Bon à suivre !
 
Source : L’Alternative No.619 du 09 juin 2017
 

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