Togo, dysfonctionnements à la commission électorale, les prémices d’une mascarade électorale.


Edem_Atantsi
Edem Atantsi (représentant ANC à la CENI)


A trois mois des élections présidentielles de 2015, les représentants de l’opposition à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), révèlent les dysfonctionnements orchestrés par le gouvernement togolais. Les experts internationaux à la CENI étonnent par leurs initiatives unilatérales, la commande de près de 700.000 cartes d’électeurs en catimini, le flou qui entoure la gestion des opérateurs de saisi dans le cadre du prochain recensement électoral et la question de non financement de la commission, sont les grands axes développés à la conférence de presse animée ce 20 novembre 2014 par les représentants de l’opposition au sein de l’institution en charge de l’organisation des élections.
 
Le 17 aout 2012, par correspondance, le ministre de l’administration territoriale, Gilbert Bawara, informe la commission électorale de la mise à disposition de trois experts internationaux sans donner aucune indication sur les termes du contrat entre le gouvernement et ces experts. A ce jour, seul l’expert Clément AGANAHI a pris fonction et contre toute attente crée une autre cellule de travail composée de 04 autres experts qui relèvent uniquement de son autorité. Un dérèglement qui viole les dispositions du code électoral et remet en cause la question de l’indépendance de la CENI.
 
Les représentants du Combat pour l’Alternance Politique (CAP) en 2015 à la commission électorale, pointe du doigt cette cellule des experts qui a fait publier des résultats supposés définitifs aux dernières législatives alors que l’étape de la compilation des données de bureaux de vote étaient en cours, en violation des procédures de collecte, de transmission, de traitement et de validation des résultats. Une procédure qui préconise la validation des données à la suite d’une séance plénière à la CENI avant la proclamation des résultats provisoires.
 
Les représentants de la CENI demandent instamment que ce comité d’experts qui a manipulé les résultats des législatives de 2013 soit remplacé car n’est plus indiqué pour mener les opérations électorales.
 
Plus grave, les membres de la CENI ont assisté ahuri à la livraison 700.000 cartes d’électeurs par ZETES à l’insu des membres de la commission qui n’a passé aucune commande. Ces cartes comportent la signature de l’actuel président de la CENI, Taffa Tabiou alors même qu’il n’était pas désigné à présider la commission. Ce qui suppose que le pouvoir togolais sait qui il va nommer. Un acte qui atteste que le régime de Faure Gnassingbé a l’appareil électoral entre ses mains pour en faire son jouet au grand dam de la volonté populaire.
 
Les représentants de l’opposition exigent qu’une enquête soit ouverte pour identifier les auteurs de ces commandes frauduleuses. Ils redoutent le risque que d’autres cartes puissent être livrées ailleurs. Un facteur aggravant de la fraude grandeur nature qui s’emmène.
 
A ce jour, la CENI chargée de l’organisation des élections n’a aucune idée du contrat qui lie le Togo à la fameuse société ZETES.
 
Fait non moins grave, le recrutement de plus de 3000 opérateurs de saisi et techniciens dans le cadre du prochain recensement électoral. Ces opérateurs de saisi échappent au contrôle de la CENI grâce au ministre de l’administration qui a tout fait pour confier ce volet à la société ivoirienne SNEDAI malgré le refus formel de la commission électorale. Il est inadmissible que le gouvernement togolais puisse signer un contrat avec une société ivoirienne pour gérer les opérateurs de saisi dans le cadre d’une élection au Togo. C’est sans compter avec l’entêtement du très zélé Gilbert Bawara qui confie la gestion des agents électoraux à cette société pour un budget de plus de deux milliards. La CENI est donc amputée de son pouvoir de contrôle des agents électoraux en violation de l’article 4 du code électoral.
 
Les représentants de l’opposition redoutent déjà les fraudes qui vont émailler la révision des listes électorales avec la mise sous contrôle des opérateurs de saisi par une structure externe et étrangère. Il faut souligner à ce niveau, le recrutement des agents électoraux par l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) toujours sur proposition du ministre Bawara.
 
L’ANPE a montré ses limites et beaucoup d’anomalies sont signalées. Il y a lieu de s’interroger si ce n’est pas une manœuvre pour remplacer plus tard ces doublons par d’autres personnes du choix du clan au pouvoir qui a toutes les institutions en charge des élections en main.
 
Il faut rappeler également que la CENI à ce jour ne dispose d’aucune ressource financière alors que le chronogramme adopté le 29 octobre et qui comporte les activités liées au processus électoral est très serré et la CENI est tenu de respecter un certain timing.
 
En l’absence des réformes politiques, les échéances de 2015 risquent de ressembler à celles de 2005 ou de 2010 avec le maintien de la dictature cinquantenaire. Le Togo reste un cas hors-série en la matière et la communauté internationale contrairement au Burkina Faso ne s’en offusque guère.
 
source : FAbbi Kouassi
 

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