Togo : Faure Gnassingbé a pris goût au pouvoir et a verrouillé le jeu politique

    « Les volontés faibles se traduisent par des discours ; les volontés fortes par des actes » – Gustave Le Bon

 
C’est l’impression que le jeune président togolais avait laissée aux Togolais aux premières années de son avènement au pouvoir. Qu’il n’avait aucune emprise sur le pouvoir.
 
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Nombre d’observateurs lui prêtaient une certaine bonne volonté pour développer le Togo, mais il avait les pieds et poings liés par ceux qui l’ont porté au pouvoir et qui n’étaient pas encore prêts à lâcher du lest de peur de perdre les privilèges. S’il est vrai que ceux-ci ont une part de responsabilité dans le statu quo actuel, il n’en demeure pas moins vrai qu’il a réussi à s’imposer comme le seul « commander in chief ».
 
De fait, l’héritage laissé par Gnassingbé Eyadema était si lourd que certains avaient estimé que son fils ne possédait ni le charisme de son père qui a régné sans partage pendant presque 4 décennies. Faure Gnassingbé a écarté les officiers qui l’ont porté au pouvoir en 2005 et ceux qui dans son entourage constituaient un obstacle pour lui. Après 11 ans au pouvoir, tout le monde a dû se rendre compte qu’il nourrit le même appétit que son père et son pouvoir sombre peu à peu dans une dérive autoritariste.
 
« Lui c’est lui, moi c’est moi ! » Par ce slogan, Faure Gnassingbé voulait marquer la rupture avec son père. Mais hélas, très rapidement, comme beaucoup d’autres dirigeants du continent, il a pris goût au pouvoir et a verrouillé le jeu politique. L’exercice démocratique d’une élection transparente et ouverte est devenu aléatoire au Togo, les consultations électorales réduites qu’à une simple formalité pour Faure Gnassingbé. La Commission Electorale nationale indépendante et la Cour Constitutionnelle lui sont assujetties, l’institution militaire lui est soumise. Certains pensent même que la création de l’Office togolais des recettes (OTR) est destinée à centraliser toutes les ressources pour faciliter la prédation de la famille Gnassingbé.
 
L’alternance par les urnes étant impossible au Togo, les réformes constitutionnelles et institutionnelles demeurent la seule chance pour le pays de sortir des sentiers battus. Mais le fils du père ne semble pas prêt à accorder les réformes au peuple togolais. « La dictature du père a laissé des institutions qui n’en sont que de nom. La seule institution qui fonctionnait sous Eyadema, c’était le chef de l’Etat lui-même », concède un observateur. C’est le même fonctionnement avec Faure Gnassingbé. Sa seule volonté vaut bien une loi. « Nous avons besoin désormais d’institutions qui nous ressemblent et qui nous rassemblent», reconnaît la présidente du Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) Awa Nana. C’est dire qu’aujourd’hui personne ne se reconnaît dans les institutions dans notre pays.
 
« Ce que nous voulons faire du Ghana, c’est de mettre en place des institutions fortes afin que même si le diable venait à gouverner ce pays, il ne pourra rien changer », disait l’ancien président ghanéen Jerry John Rwalings. C’est de telles balises qu’il faut pour les institutions au Togo.
 
Source : Médard Amétépé, Liberté
 

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