Togo : Faure Gnassingbé, lâché par son parrain Alassane Ouattara !


Faure Gnassingbé (g) laissé par son ami Alassane Ouattara


Alassane Dramane Ouattara est un grand ami et un soutien de taille pour Faure Gnassingbé. C’est d’ailleurs le chef d’Etat ivoirien, son parrain, que Faure Gnassingbé a appelé à la rescousse quand il avait des difficultés à la suite de la mascarade électorale d’avril 2015.
 
Arrivé en urgence à Lomé, en compagnie du président de la CEDEAO, John Dramani Mahama alors qu’il y avait une impasse à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Alassane Ouattara avait apporté un soutien sans équivoque à Faure Gnassingbé. C’est lui notamment qui avait débloqué la situation en faveur de son homologue togolais en faisant accélérer la proclamation des résultats du scrutin en catimini par le président de la CENI, Taffa Tabiou, au terme d’une opération rocambolesque qui a vu les gendarmes s’en prendre aux représentants de l’opposition notamment du CAP 2015 membres de la Commission électorale. Faure Gnassingbé avait été déclaré vainqueur de l’élection alors que seulement les résultats de 15 circonscriptions électorales sur 42 avaient été compilés et consolidés.
 
Eu égard au rôle trouble et suspect joué par le président ivoirien dans la présidentielle de 2015 au Togo, Régis Marzin, journaliste spécialiste des élections en Afrique, avait conclu à l’époque qu’« à quelques mois des présidentielles ivoiriennes, au passage, Alassane Ouattara a envoyé depuis Lomé un signal : si on peut lui parler d’élection, il ne faut pas trop insister sur les règles du jeu démocratique ».
 
Mais beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Alassane Ouattara a bien changé aujourd’hui puisqu’il lâche terriblement « son fils » au moment où celui-ci est en proie à une vague de contestations dans son pays.
 
Le Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, a organisé le week-end dernier, son troisième Congrès au cours duquel il a passé la main à Henriette Dagri Diabaté désignée nouvelle présidente du parti. Comme pour dire que la sagesse ne se repose pas seulement en une personne et qu’après lui, ce ne serait pas le déluge comme certains ont tendance à le faire croire. Et justement, à l’ocassion, le chef d’Etat ivoirien a envoyé un message fort à ses pairs du continent et notamment à Faure Gnassingbé en appelant à l’alternance démocratique en Afrique principalement en Afrique de l’Ouest. « Je voudrais dire à mes frères présidents des autres pays que l’alternance est inévitable en Afrique et en Afrique de l’Ouest », a-t-il martelé. Avant d’émettre le vœu que les opposants puissent accéder à la Magistrature Suprême dans leur pays. « Parmi les opposants qui sont présents (Ndlr : au congrès du Rdr), dans quelques années, l’un d’entre vous sera président de son pays et je le souhaite », a-t-il ajouté.
 
Quand on sait que le Togo est le seul pays à nager à contre-courant du vaste mouvement démocratique dans la région ouest-africaine, il ne faut pas chercher de midi à 14 heures pour savoir que Alassane Ouattara s’adressait directement à Faure Gnassingbé. Pour rappel, dans l’espace CEDEAO qui rassemble 15 pays, le Togo est aujourd’hui le seul pays à ne pas connaître d’alternance démocratique, le seul pays à ne pas avoir une limitation du mandat présidentiel, le seul à ne pas avoir une élection présidentielle à deux tours, le seul à ne pas réaliser la décentralisation de ses institutions locales et qui continue à faire gérer ses communes et ses préfectures depuis des décennies, en toute opacité, par des délégations spéciales non élues, le seul à ne pas avoir des règles électorales universelles, consensuelles, comme le préconisent les dispositions du protocole A/SP1/12/01 de la CEDEAO sur la Démocratie et la bonne gouvernance.
 
Un record absolu pour Faure Gnassingbé. Depuis quelques jours, les Togolais, comme un seul homme, se sont levés pour réclamer plus de démocratie, de justice, de liberté et surtout de l’alternance démocratique à la tête du Togo dirigé sans hiatus depuis 50 ans par une seule famille, Gnassingbé père et fils. C’est le moment choisi par Alassane Ouattara pour couper l’herbe sous le pied de Faure Gnassingbé. Il appréciera !
 
M.A.
 
Source : Liberté No.2515 du 13 septembre 2017
 

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