Togo : Magouilles, incompétence, mépris, enrichissement insolent. Voici les ministres qui méritent un repos forcé


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Le CV du nouveau Premier ministre pose des problèmes de cohérences à ceux qui en savent un brin sur son parcours académique. Mais n’est-ce pas à l’œuvre qu’on connaît l’artisan ? Justement, en attendant peut-être une qualification du Togo à une prochaine Coupe d’Afrique des nations pour jauger de sa capacité à aussi « gérer des fonds », le premier test grandeur nature qui se présente à Sélom Komi Klassou se résume en les consonances qu’auront les noms des futurs ministres.
 
Si nous ne sommes pas dans le secret des dieux pour deviner les noms de ceux qui seront aux affaires, nous sommes tout de même dotés de bon sens pour exprimer nos analyses sur ceux qui ne devront plus être reconduits. De deux maux, il faut choisir le moindre. Ainsi, de tous les ministres du dernier gouvernement Ahoomey-Zunu, sept noms méritent un repos forcé. Mais leur reconduction serait le signe que le décollage économique dont a besoin le Togo n’est pas pour demain.
 
« Le meilleur gouvernement est celui où il y a le moins d’hommes inutiles », a dit Voltaire. Même si l’élection présidentielle s’est déroulée dans les conditions de proclamation des résultats que chacun sait, le pays devra fonctionner. Dans quelques jours, Sélom Klassou officialisera la liste avec laquelle il devra composer pour le temps que durera son passage au premier ministère, son mentor étant passé maître dans l’art de dribbler son monde. Mais qui pour composer le prochain gouvernement ? Ou mieux, qui de l’ancienne équipe ne devra plus figurer aux côtés du nouveau Premier ministre, ancien professeur d’Instruction civique imprégné des idéaux du parti unique au Lycée de Tokoin en 1986 ?
 
Adji Otèth Ayassor
 
L’homme à la rigueur sélective en a assez fait voir aux finances du pays, et il est temps pour lui de redescendre sur terre. Adji Otèth Ayassor a hérité du portefeuille de l’Economie et des Finances le 14 mars 2007. Huit années à ce poste, ça donne des envies d’autocrate et les derniers faits d’armes de l’homme le placent dans cette posture. Le FMI qui est le déclencheur des autres bailleurs de fonds, a fermé ses portes et le Togo est désormais rattaché à la représentation du Burkina Faso. Ceci, par la seule volonté d’Ayassor qui avait en aversion le représentant résident de cette institution dont le malheur était d’appeler un chat un chat. Le dernier rapport du FMI d’avril 2015 montre à suffisance l’état de l’économie togolaise. Huit ans en tant qu’argentier du pays, c’est assez pour ne pas dire trop.
 
Victoire Sidémého Djidudu Marie-Noëlle Tomégah-Dogbé
 
L’autre ministre dont la longévité au même poste est avérée est Victoire Sidémého Djidudu Marie-Noëlle Tomégah-Dogbé. Rien que son nom prend suffisamment du temps. Surnommée la « Pnudienne » par certains, la dame travaillait pour le PNUD au Bénin lorsque son ami Gilbert Houngbo lui a fait un clin d’œil pour venir occuper le portefeuille de ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du développement à la base qui venait d’être créé au Togo. Mais deux ans à peine plus tard, elle est nommée ministre du Développement à la base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, portefeuille qu’elle occupe jusqu’à ce jour. Aurait-elle à son tour fait un « clin d’œil » à Faure ? Toujours est-il qu’elle est devenue entre-temps celle que tous les autres ministres devraient croiser avant de rencontrer le chef de l’Etat à la présidence en tant que Directrice de cabinet. Au Burkina Faso, on dira que « la go a grouillé hein !».
 
Développement à la Base, Artisanat, Jeunesse, Emploi des jeunes, Directrice de cabinet de la présidence. Sous d’autres cieux, la personne chargée de tous ces domaines craquerait ou demanderait à être déchargée de certaines tâches. Pas Sidémého ! Puisque la dame, sans réaliser qu’elle embrasse trop, croit étreindre merveilleusement bien. Si bien qu’elle a mis en route une pile de projets et programmes qui auraient pu développer la base togolaise il y a belle lurette. Se remettre à énumérer les dénominations des projets sortis de sa gibecière serait tout aussi fastidieux que lire son nom dans sa totalité. Juste un mot sur l’Accès des pauvres aux services financiers (APSEF) pour dire que lors d’un prétendu bilan effectué par la ministre, un soin particulier a été apporté au total des bénéficiaires de ce produit financier, mais une chape de plomb a régné et continue de régner sur la traçabilité des remboursements effectués par les emprunteurs.
 
On se demande s’il en sera ainsi chaque année, étant donné que d’autres produits financiers sont aussi chantés comme mis en route (APSEF et AGRISEF). Mais que pourra Sélom Klassou contre la super-ministre si leur mentor à eux tous demandait qu’elle soit reconduite ? Question dont la réponse est RIEN ou RIEN. Toutefois, pour avoir suffisamment envahi l’univers médiatique aux JT de 20h sur la TVT, la native de Badougbé doit pouvoir laisser la place à d’autres, la connaissance ne résidant pas en sa seule personne lorsqu’il s’agit de développer la base au Togo.
 
Colonel Ouro-Koura Agadazi
 
Lorsqu’on parle de l’agriculture, les Togolais pensent Colonel Ouro-Koura Agadazi. Quand on parle de l’Agence nationale pour la sécurité alimentaire au Togo (Ansat), c’est encore le Colonel Ouro-Koura Agadazi. Sans citer les sociétés au sein desquelles l’homme officie aux conseils d’administration, le cumul de fonctions tant décrié est représenté par sa personne, tout comme Tomégah-Dogbé citée précédemment. Nommé ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche le 31 juillet 2012, le Colonel a passé le plus clair de son temps à attribuer des marchés d’engrais à une égérie de la République et à exporter les produits agricoles alors que la majorité des Togolais vit dans l’indigence. Il suffit qu’on parle d’inondation dans une localité du pays pour mesurer l’état de survie dans lequel vivent les populations. Le Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) lancé en janvier 2012, quelques mois avant l’arrivée du Colonel au ministère, devrait mobiliser plus de 600 milliards et permettre au monde agricole de soutenir le PIB du Togo de 6,5% in fine. Dans moins de deux ans, ce programme prendra fin ; mais quel bilan le ministre peut-il tirer de sa gestion ? Pour ceux qui l’ignorent, c’est depuis le temps de Togograin qu’Agadazi est aux affaires. Pour quels résultats ? Le temps serait venu pour que d’autres agronomes de formation prennent en charge ce portefeuille. Mais nous ne sommes pas Sélom Klassou.
 
Ninsao Gnofam
 
Que serait Ninsao Gnofam sans le ministère des Travaux Publics et des Transports? Parce que la vitesse supersonique à laquelle ce « few happy » a gravi les échelons ne peut trouver sa source que dans les contrats des marchés publics. Comment ? Préfinancements, marchés grè à gré, retrocommissions et on en passe et pas des moindres. Arrivé au gouvernement le 15 septembre 2008 comme ministre de la Fonction publique, Ninsao Gnofam hérita du portefeuille des Transports en mai 2010 et en juillet 2012, prit en charge les Travaux publics. Aujourd’hui, l’homme respire l’aisance financière et son ton le démontre suffisamment. Que ce soit à Lomé ou dans son village natal, ses réalisations se passent de commentaires. Au moins sept voitures peuplent ses garages. Aussi, tant que le Togo sera en chantier, fera-t-il partie de ceux qui réussiront à tirer leur épingle du peu, mais nous estimons qu’il a suffisamment « tiré son épingle du jeu » et qu’il faille changer la tête de ce ministère pour que le sortant puisse jouir des fruits de ses labeurs. Seulement, au vu des éloges qu’il n’omet jamais de dresser à son mentor, il n’est pas impossible que contre le bon sens, on veuille le maintenir. Il en a suffisamment construit, des routes, et il est temps qu’il passe la main.
 
Cina Lawson
 
Si c’était le ministère des Postes et de l’Economie numérique qui avait été rattaché à la Primature, on comprendrait. Parce que depuis l’intégration de Cina Lawson dans le gouvernement en mai 2010, les internautes tardent à constater une amélioration dans les débits fournis par la société monopolistique dans le domaine, TogoTélécom. Pour quelqu’un qu’on dit pétri de la chose informatique, Cina Lawson a déçu. La dame a baratiné les Togolais avec son machin de réseau virtuel – à croire que le pays ne regorge pas de connaisseurs dans ce domaine. Mais avant, c’est sa promesse de faire venir un troisième opérateur de téléphonie mobile qui a longtemps fait saliver les consommateurs avant que ceux-ci ne réalisent qu’il n’y a pas que Gbagbo qui sache rouler les gens dans la farine. C’est encore cette ministre qui, avec celle du Développement à la Base, outrepassent la non prise de décret d’attribution pour pondre des projets de décret de création de divisions au sein de leur ministère. On s’est demandé les « autres armes » dont elles disposent pour agir ainsi. Si Sélom Klassou ne veut pas gérer de pareils ego, il a intérêt à… Mais que pourra-t-il devant les desiderata de Faure Gnassingbé ?
 
Noupokou Dammipi
 
Noupokou Dammipi ou l’homme de l’ombre. Tapi dans l’ombre depuis sa propulsion à la tête du ministère des Mines et de l’Energie en septembre 2013, il est celui qui négocie les contrats miniers et impose à ce titre une clause de confidentialité sur tout ce qui a trait aux contrats liant les sociétés à l’Etat togolais. Mais avant, il avait figuré dans le gouvernement de Komlan Mally entre 2007 et 2008 pratiquement au même poste et a été ministre des Transports dans le premier gouvernement d’Ahoomey-Zunu. C’est lui qui entretient l’opacité dans le domaine des miniers. Suffisant pour qu’il laisse sa place à quelqu’un d’autre.
 
Florent Maganawé
 
Si des manifestations devraient reprendre dans la Fonction publique, ce serait à cause de l’amateurisme de Florent Maganawé, ministre des Enseignements primaire et secondaire. On s’est toujours demandé les critères sur la base desquels celui qui a foutu le bordel à la tête de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) par des licenciements parfois abusifs, a été choisi en septembre 2013 pour être ministre. Jamais une crise n’a atteint un tel paroxysme avant son embarquement à ce poste. Et les enseignants attendent de voir celui qui sera chargé de leur ministère avant de déterminer le rythme à imprimer à leurs revendications diverses. Si le premier ministre ne veut pas jeter de l’huile sur du feu, il a intérêt à nommer tout Togolais à ce poste sauf Florent Maganawé.
 
Dédé Ahoefa Ekoué
 
Mme Dédé Ahoefa Ekoué ne peut prendre la parole en public sans se référer à Faure Gnassingbé. Pour ceux qui ne sauraient pas de qui il s’agit, c’est la ministre à l’éternelle coiffure qui cache ses oreilles. Non pas qu’on veuille dire que ses lobes auraient des problèmes, mais tout de même nommée ministre avec l’arrivée de Gilbert Houngbo, elle a occupé les portefeuilles de la Planification, du Développement et de l’Aménagement du territoire avant de passer à l’Environnement puis à l’Action sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation. Au moindre sinistre, cette autre « Pnudienne » n’hésite pas à réserver ses félicitations exclusives au chef de l’Etat. Cinq ans comme ministre, ça va, car le Togo compte 6 millions d’âmes et d’autres aussi, même s’ils sont du parti au pouvoir, veulent aussi « manger ministre un peu ».
 
Mais quels que soient les visages des prochains ministres, le pays a besoin de têtes qui demandent au Premier ministre la tenue régulière de conseils de cabinet avant tout conseil des ministres. Et pour donner les moyens d’action à son équipe gouvernementale, Sélom Komi Klassou a intérêt à faire prendre par Faure Gnassingbé les décrets d’attribution qui permettent à chaque ministre de réaménager son ministère pour une efficience effective. Les médias aussi auraient besoin que plus souvent, le chef de gouvernement fasse l’état de son équipe, même si son mentor ne s’est jamais plié à cet exercice devant les élus. C’est aussi une Instruction civique que de rendre compte aux citoyens, n’est pas M. Sélom Klassou qui n’oubliera pas de pourvoir la Santé en ministère?
 
Source : [17/06/2015] Liberte-Togo / 27avril.com
 

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