Togo : « nous devrions participer à cette présidentielle de 2015 » selon Têté Godwin


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Présidentielles 2015 au Togo : clarifions et simplifions la problématique

 
« La vérité est une entité qui s’enrichit dans l’adversité et se fortifie par l’opposition »
 
[Cf. Pandit Gopi KRISHNA, in Kundalini, l’Énergie évolutive en l’homme. Ed. Le Courrier du Livre, Paris, 1978, p.92].
« Les faits sont les faits ; hors d’eux tout est chimère »
 
[Cf. .Jean Bidault, « L’indépendance n’est pas nécessairement l’ultime maillon », in Union française et Parlement, n°94 de mai 1958.]
 
« C’est une utopie que de s’évertuer à créer ou à entretenir la division et l’obscurité dans un pays dont la compacité est absolue et où la soleil est roi ».
 
[Cf. Épigraphe du n° 49 (spécial) de Negreta en date du 1er Février 1956]
 
Introduction
 
La décision en date du 21 janvier 2015 de la commission des lois de l’Assemblée nationale togolaise, mettant définitivement fin à l’étude de la proposition de lois portant réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales, soumise par des députés de l’opposition, a plongé celle-ci dans un vrai dilemme cornélien … Á savoir aller sans ces réformes ou non à l’élection présidentielle de 2015 qui se profile déjà à l’horizon ?! Élection qui est prévue, selon les autorités officielles concernées, au plus tard pour mi-avril (!!!) cette année.
 
Oui ! Un dilemme hamlétien, cornélien, pour le moins troublant ! Mais la Vie étant, par définition, essentiellement dialectique, pour «Un homme véritable» (Boris Polévoï), l’adversité est une occasion de tremper… son caractère. Voilà pourquoi il nous faut reprendre, en toute sérénité, la problématique posée par le refus catégorique du pouvoir RPT/UNIR d’opérer les réformes sous rubrique. En nous efforçant de clarifier et de simplifier cette problématique.
 
1- POSITION DE LA QUESTION
 
« Un problème bien posé est à moitié résolu » Francis Bacon
 
 
Pour transcender ce dilemme, deux camps se dressent l’un en face de l’autre ou, dans le meilleur des cas, l’un à côté de l’autre. Pour le premier camp, sans les réformes si intensément réclamées par les 85% du Peuple togolais [Cf. les récents sondages de AFRICA –BAROMÉTRE proche du RPT/UNIR !…], aller à la présidentielle en perspective, c’est aller à la un suicide programmé ! Pour le deuxième camp, certes, aller à une telle élection s’apparente à une véritable gageure ! Mais avons-nous les moyens matériels, concrets (et non seulement verbaux) d’empêcher le régime RPT/UNIR d’organiser unilatéralement ladite élection à son profit ?! Rien n’est, en l’état actuel des choses, moins sûr !!! N’est-ce pas, précisément ( !) l’abstention de l’opposition que ce régime souhaite ardemment au fond de son cœur ?! On doit répondre à cette interrogation, sans sourciller, par l’affirmative !!!

Á vrai dire, enlevez une grenouille en train de se rafraîchir sous une jarre sise dans un lieu ombragé; jetez-la par – dessus un mur dans un marigot. Elle vous bénira infiniment ! Car, elle se réjouira d’être replacée dans son milieu naturel !!!
 
 
Sans doute également, un parti politique ou un regroupement de partis politiques peut, dans des circonstances données, décider de boycotter telle ou telles élections. Délibérément, en toute connaissance de cause !
 
C’est ainsi que, décidés à manifester davantage leur mépris pour la « République Autonome du Togo» [ la « Zotonomie Zinterne « de l’humour populaire togolais], les leaders radicaux choisirent le 28 Octobre 1956 : jour du référendum organisé en vue d’asseoir cette « Zotonomie Zinterne », pour franchir la frontière et aller célébrer le mariage de notre brillant avocat Anani Ignacio Santos, avec une nièce de Dina Olympio : Phyllis Tamakloe…Ce qui fut fait.
 
Ce boycott historique de nos Anciens – et ceux-ci le savaient pertinemment – allait permettre la tenue, sous les auspices Nations –Unies, des législatives/référendum du 27avril 1958. Lesquelles législatives/référendum allaient conduire à la proclamation solennelle de notre souveraineté internationale le 27 avril 1960 !
 
Á cet égard, l’illustre stratège Vladimir Ilitch Lénine nous a fourni l’arme imparable en la matière .En effet, étudiant ″La grande Logique ″ de Georg Friedrich Wilhelm von Hegel, il griffonne dans une marge de l’ouvrage : « L’âme vivante du marxisme, c’est l’analyse concrète d’une situation concrète »[Cf. Les Cahiers philosophiques de Vladimir Ilitch Lénine] . Assurément, « l’analyse concrète d’une situation concrète » Ce qui nous amène à revisiter, un tant soit peu, des expériences électoralistes de notre propre histoire contemporaine
 
2- QUELQUES EXPÉRIENCES ÉLECTORALISTES TOGOLAISES CONTEMPORAINES
 
« L’Homme est un apprenti, l’expérience est sa maîtresse » Godwin Tété.
 
 
L’élection présidentielle du 25 août 1993
 
 
Elle se caractérisa par une sérieuse brouille qui s’installa au sein de « l’opposition » togolaise, et qui empêcha une candidature unique face au despote obscur Gnassingbé Eyadéma. Une telle situation déboucha, de facto, sur un boycott de cette élection par l « opposition » qui laissa le boulevard tout à fait libre à Gnassingbé Eyadéma qui, selon la CENA (Commission Electorale Nationale) aurait obtenu 96,50% ( !) des suffrages. Avec un taux de participation de 36,16%, cependant qu’il était de 99,17% lors du référendum constitutionnel du 27 septembre 1992.
 
Il y a lieu de croire que le ridicule ne tue vraiment pas, car à ce moment précis, c’est-à-dire en août 1993, notre fameux « timonier » se trouvait au plus profond de sa descente politique aux enfers. Si bien que cette remontée factice à la surface n’est rien d’autre que la conséquence de la douloureuse et sempiternelle incapacité de l’ « opposition » togolaise à faire véritablement front contre le régime RPT/UNIR et le boycott de fait de la présidentielle du 25 août 1993. [Cf. mon ouvrage Histoire du Togo – La longue nuit de terreur (1963-2003), Editions A.J. Presse, Paris 2006, Volume1, pp.422- 427]
 
Les élections législatives du 06 janvier 1994
 
 
Les « résultats » officiels de l’élection du 25 août 1993 une fois avalés comme une couleuvre, l’opposition togolaise se posa la question de savoir s’il fallait aller ou non aux prochaines législatives.
Et, très tôt, une intense polémique jaillit au sein du COD II ( Collectif des Organisations Démocratiques – version II). Alors, deux camps finirent par se former : d’un côté, les tenants du « oui » (au départ plutôt majoritaires), de l’autre, les protagonistes du « non ». Ceux-là avançaient que les législatives, par définition, diffèrent de la présidentielle; que le pouvoir ne se trouve pas seulement à Lomé II, mais aussi au Parlement; que « La politique de la chaise vide » serait préjudiciable à l’opposition. Ceux –ci rétorquaient que prendre part à ces législatives reviendrait tout bonnement à cautionner l’illégitimité du retour frauduleux de Gnassingbé Éyadéma à sur trône autocratique; que, ce qui convenait en l’occurrence, c’était de contraindre le dictateur à reprendre la présidentielle. Au « finish », seuls deux partis du COD II maintiennent leur décision de participer aux législatives du 6 février 1994 : le CAR de Me Yawovi Agboyibo, et l’UTD de M.Edem Kodjo. M.Jean–Lucien Savi de Tové se présentera, mais à titre personnel et pas au nom de son PDU (= Parti Des Démocrates pour l’Unité).
 
Je me dois d’avouer que, dans ce duel, je fus un partisan farouche de la non-participation .Mais, à l’heure actuelle, je me dois de reconnaître, (à l’expérience, une fois la réaction épidermique passée, à la réflexion plus approfondie), que ce boycott aura permis à Gnassingbé Eyadéma de « remonter » la pente politique dans notre pays. Car le monde étranger, lui, ne traite qu’avec le pouvoir d’État en place, quel qu’il soit… En effet, avec notre participation, nous eûmes pu, peut-être, limiter les dégâts, eu égard au rapport de forces final que créèrent ces fumeuses législatives du 06 février 1994.
 
Oui ! Comble de malheur pour l’ « Opposition », dès avril 1996, celle-ci enregistre des « défections » et des exclusions à l’Assemblée Nationale, surtout au sein du groupe CAR. Si bien que le 28 juin, le RPT devient, de facto, majoritaire à l’Assemblée. De plus, suite aux législatives partielles de juillet –août 1996, le RPT « remporte» 2 sièges dès le premier tour. Á telle enseigne que, le 4août 1996, le paysage politique de l’Assemble Nationale se présente comme ci-après.
 
RPT ………………………………………………40 députés
 
Opposition » [CAR, UTD]……………………38 députés
 
Total :………………………………………….. 78 députés
 
 
L’élection présidentielle du 21 juin1998
 
 
Or, comme le dit si bien un proverbe éwé « Nuglo ze, go ma da » (« Ce que la marmite n’a pas pu cuire, la calebasse ne saurait le cuire »). En d’autres mots, ce que M.Edem Kodjo n’a pas réussi à réaliser M.Kwassi Klutsé ne pouvait nullement l’accomplir.
 
 
Et le Togo sombrait inexorablement au fond d’un abysse politique économique, social et culturel. Et l’univers de toutes les valeurs togolaises de civilisation se dégradait un peu plus chaque jour que Dieu faisait. L’UFC et son chef, M. Gilchrist S.Olympio, n’avaient de cesse de clamer la nécessité d’une « table–ronde» pour un dialogue inter-togolais. Mais aucune table au monde ne pouvait s’arrondir pour une telle concertation sans une modification du rapport des forces au moins minimale – en faveur de l’opposition togolaise, c’est-à-dire en faveur du Peuple togolais… Et ce, tant que « le léléphant » ou encore « le baobab » restera assis, non pas sur une armée républicaine, mais plutôt sur une armada prétorienne, « tribalisée » et pléthorique …
 
 
C’est donc dans des circonstances délétères, survoltées, qu’allait, de fil en aiguille, se dérouler la présidentielle ici en considération. Cette fois-ci avec la participation de l’authentique Opposition togolaise incarnée essentiellement par l’UFC (Union des Forces de Changement).
 
 
L e premier tour scrutin se tient le dimanche 21 juin 1998.On note une si forte mobilisation populaire que plusieurs citoyens n’ont pas pu voter… Dans les zones où l’audience du RPT accuse encore quelque relative consistance, les bureaux de vote sont ouverts très tôt le matin et fermés très tard dans la soirée…. Par contre, là où l’Opposition est solidement implantée, on observe l’inverse : ouverture tardive et fermeture précipitée des bureaux de vote… En somme, le régime RPTiste applique, ici également, la politique de « deux poids, deux mesures » qui a été toujours la sienne.
Mais le pire va maintenant arriver. Dans certaines circonscriptions électorales où l’influence de l’UFC est énorme, incontournable, des militaires des FAT (Bérets rouges ou verts, que sais-je ?) débarquent. Et, avec des gourdins et des bombes lacrymogènes, ces militaires chassent les acteurs des bureaux, détruisent et/ou s’emparent des urnes dont certaines seront stockées à la mairie de Lomé. Il s’ensuit une débandade. Qui pis est, la présidente de la CENA, Mme Awa Nana, et les trois autres membres RPTistes de cette institution, disparaissent le 23 juin 1998 pour quelque 48 heures, arguant qu’ils avaient subi de sérieuses menaces. De part de qui? Eux seuls et Dieu savent. Mme Awa Nana dira, au cours d’une conférence de presse, qu’elle n’avait pas « la sérénité nécessaire pour mener à bien sa mission ». Toujours est-il que, le 24 juin subséquent, le ministre de l’Intérieur, le général Séyi Mémène, s’empresse, en toute illégalité, d’annoncer les « résultats » des élections. Alors que le dépouillement a été interrompu par la volonté du prince. (Décidément, le Togo est devenu une terre où le grotesque, le ridicule, l’absurdité la plus éhontée, ne tuent pas !)
 
 
Voici les chiffres déclarés par Séyi Mèmène :
 
– Gnassingbé Eyadéma : 52,13% des voix.
 
– Gilchrist .S. Olympio : 34,10% des voix.
 
– Me Yawovi Agboyibo : 9,57% des voix.
 
– Les trois autres candidats (Zarifou Ayéva, Léopard M.Gnininvi et Jacques Amouzou) se sont vu attribuer des pourcentages marginaux.

Notons que le chiffre de 34,10% reconnu à l’UFC recèle une anguille sous roche. Á la vérité, « on » s’est arrangé afin que la ficelle n’apparaisse pas trop grosse…
 
C’est le lieu de noter que, de toutes les façons, Gnassingbé Eyadéma et son fils Faure Essozimna n’ont jamais gagné quelques élections que ce soient au Togo. Les « résultats » de « leurs » scrutins auront été, à jamais ( !), des données d’une formidable machine à frauder !!! Machine qu’il sied enfin( !), pour le Peuple togolais, de briser !!!
 
 
Les élections législatives du 21 mars 1999
 
Boycottées par l’opposition togolaise toutes tendances confondues, ces législatives se seront déroulées dans l’indifférence méprisante d’une énorme proportion de notre Peuple. Elles auront, naturellement, accouché d’une Assemblée monocolore RPT, illégitime, non représentative dudit Peuple. D’une Assemblée béni-oui-oui, d’une caisse de résonnance inutile. [Cf. idem, pp.442-445]
 
Les élections législatives du 27 octobre 2002
 
Ce qui caractérise l’étape décisive du bras de fer Éyadéma/Opposition togolaise, c’est la politique systématique du dilatoire, de la fuite perpétuelle en avant du despote obscur, d’un côté, et l’intensification de « la guérilla politique» du peuple et des combattants de la liberté de la Terre des pères de nos pères, de l’autre côté.
 
En effet, Gnassingbé Éyadéma ira de sabotage programmé en sabotage programmé, pour en arriver à l’enterrement pur et simple de l’Accord-cadre de Lomé (ACL) ,du Comité Paritaire de Suivi (CPS) et de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Sous de fallacieux prétextes. Bref, le « timonier » en sera arrivé, vers mi-2002, à enterrer carrément le dialogue intertogolais institué par l’ACL. 
Dés lors, le dictateur nommera, à la place de la CENI, un panel de sept magistrats affidés au Rassemblement du Peuple Togolais(RPT) et procédera à des « élections » législatives le 27 octobre2002. « Élections » boycottées par l’Opposition démocratique toutes tendances confondues, et rejetées par toute la communauté internationale. (Signalons au passage qu’à la veille des « scrutins », l’un des sept magistrats, M.Kokou Kpomégbé, aura mis la clé sous le paillasson et fui le Togo…)
 
 
Notre pays se retrouve, une fois de plus, avec une Assemblée Nationale « monocolore » RP¨T… Celle-ci ne va pas tarder à modifier, (que dis-je ?), à réécrire de fond en comble la Constitution de la IVe République togolaise. De manière à permettre à Gnassingbé Eyadéma de briguer d’autres mandats s’il le veut, son principal concurrent M.Gilchrist S. Olympio étant, de facto, éliminé de la course par une nouvelle clause de notre Loi fondamentale.
 
 
Le Code électoral établi et adopté par la CENI, grâce à un fort laborieux consensus, n’échappe point au même destin…
 
 
Bien sûr, il s’avère toujours plus facile de critiquer (ou de remettre en cause) une décision politique plusieurs années plus tard. Il m’apparaît néanmoins juste de penser aujourd’hui que notre participation aux législatives du 27 octobre 2002 eût pu barrer au « baobab » Gnassingbé Eyadéma la route au charcutage de notre Constitution du 14 octobre1992. À ce sujet, quelque part, nous n’avons plus à l’heure actuelle que nos yeux pour pleurer. Car nul ne saurait se prévaloir de ses propres turpitudes ! Á bon entendre donc, salut !!!
 
 
L’élection présidentielle du 1er juin 2003
 
 
La candidature de Gilchrist S.Olympio est rejetée, alors que celui-ci était, à l’époque, le leader incontesté de l’opposition togolaise vraie… Cette candidature est exclue par la Cour Constitutionnelle pour de fallacieux alibis tels que « quitus fiscal », « domiciliation » et « certificat médical » « non conformes » à la « loi ». Qu’à cela ne tienne, l’UFC le remplace par Emmanuel Bob-Akitani.
 
 
Une admirable agitation d’indignation jaillit des tréfonds du Peuple togolais, qui vaut à l’endroit de celui-ci un immense soutien moral et politique de toute la communauté internationale…
 
 
Le scrutin sera marqué par une escalade de violence. N’empêche, le candidat du Peuple concerné aura, en vérité, gagné l’élection du 1er juin 2003. Mais c’est sous-estimer la nuisance du pouvoir RPT qui proclamera, pour la énième fois, l’autocrate obscur Gnassingbé Eyadéma « Chef de l’État » togolais. 
Dès le 02 juin 2003, la déclaration suivante en diffusée :
 
 
« DÉCLARATION DE EMMANUEL BOB-AKITANI
 
 
Président élu du Togo
 
 
Les manipulations des urnes et les tentatives d’intimidation orchestrées par les partisans du candidat Gnassingbé Éyadéma n’ont pas pu empêcher le peuple togolais d’exprimer massivement son désir d’un changement et de rupture avec des années de souffrance que lui a fait subir un régime décrié par toutes les opinions, nationale et internationale. Cette victoire est celle du peuple togolais uni, débout et fier. Quels que soient les actes que ne manquera de poser le camp de Monsieur Éyadéma, pour tenter d’opérer un nouveau coup d’État électoral, nous ne laisserons pas voler notre victoire aujourd’hui confirmée par la totalité des résultats du vote du 1er juin 2003.
 
 
Ne nous y trompons pas : beaucoup reste à faire pour remettre le Togo en marche et construire un avenir meilleur pour l’ensemble du peuple togolais. Le Togo ne peut, du jour au lendemain, se redresser, après une si longue crise faite de difficultés de tous ordres. Il faut avant tout réconcilier tous les Togolais du nord au sud, de l’est à l’ouest .Á ce titre, une période de transition nous paraît inévitable et nécessaire. Les élections qui viennent d’avoir lieu se sont déroulées, comme chacun sait, sous le sceau du mensonge et de la forfaiture, avec une manipulation indigne de la Constitution et des règles électorales. Mais tout cela ne pouvait pas aller contre l’irrépressible aspiration au changement que la majorité des Togolais exprime depuis longtemps déjà. Nous serons le Président de tous les Togolais, en prenant dès maintenant les engagements suivants :
 
 
– Instauration d’une courte période de transition ; 
– Mise en place d’une nouvelle Constitution débarrassée de toutes les dispositions scélérates et iniques qui ont divisé le Togolais et marginalisé la libre expression d’une partie de la population ; 
– Libération de notre espace communautaire par la restauration de toutes les libertés publiques et le rétablissement de la justice sociale ; 
– Apaisement de la vie politique par l’association de toues les forces politiques aux décisions et actes posés durant la transition, par la création d’un Conseil de transition ;
 
– Organisation au terme de la période de transition de nouvelles élections libres, sereines, ouvertes à tous les citoyens et citoyennes togolais ayant vocation de présider aux destinées du pays.
 
 
Ces décisions lucides et responsables nous sont dictées par la réalité de notre histoire de ces dernières années. Elles sont une voie nécessaire et incontournable pour redresser notre pays, rétablir la liberté et la sécurité pour tous, assurer les conditions nouvelles du progrès, associer les forces vives à lé reconstruction du Togo nouveau, celui dont chaque Togolais a rêvé, et qui est devenu possible, maintenant.
 
 
Vive le Togo
Fait à Lomé,
Le 2 juin 2003 »

 
 
 
L’élection présidentielle du 24 avril 2005
 
 
Le décès du « timonier » national Gnassingbé Éyadéma est annoncé… comme étant intervenu le samedi 05 février 2005. Ainsi que déjà dit, le boycott des législatives du 27 octobre 2002 par l’opposition togolaise avait permis au « Baobab » de disposer d’une « Assemblée » nationale –mouton entièrement acquise à sa cause. Laquelle caisse de résonnance allait lui laisser les coudées totalement franches pour traficoter notre Loi fondamentale du 14 octobre 1992 afin de pouvoir se maintenir indéfiniment au pouvoir d’État.
 
Mais, entre le 05 février et le 26 avril 2005, le monde entier allait assister à un tripatouillage réellement sauvage, joyeux, obscène, de cette Loi fondamentale. L’Univers entier allait expérimenter trois (!!!) corps d’État : militaire, constitutionnel et électoral. On eût cru voir une horde d’anthropophages en train de dévorer une proie facilement cap-turée ! Et ce, pour porter Faure Essozimna Gnassingbé au pouvoir !
 
 
Ce qui aura à jamais caractérisé la présidentielle du 24 avril 2005 au Togo, c’est que le système politique éyadémao-gnassingbéen aura, par elle, exhibé sa nature vraiment moyenâgeuse et sanguinaire.
C’est ainsi que, pour la Ligne Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH), les Nations Unies et Me Joseph Kokou Koffigoh, il y aurait eu respectivement 811, 500 et 150 vies humaines massacrées durant cette période allant du 05 février au 26 avril 2005 : date de la proclamation des « résultats » de la dite présidentielle. [Cf. Godwin Tété, Histoire du Togo – De la tragi-comédie à la comi- tragédie (2003- 2006). Ed. AFRIDIC, Paris, 2007,pp. 23-48, ainsi que les Annexes XIV, XV et XVI ].
 
En tout état de cause, il convient de retenir ici que le boycott par l’opposition togolaise des législatives du 27 octobre 2002, aura été la source première du libre cours offert au régime éyadémao-gnassingbéen de nous jouer de tels tours ! Cependant, notre participation à la présidentielle du 24 avril 2005 nous aura fourni les arguments… pour obtenir l’APG (Accord Politique Global) du 20 août 2006, qui nous sert aujourd’hui d’un inestimable bouclier…
 
Les élections législatives du 25 juillet 2013
 
Les législatives du 14 octobre 2007 et la présidentielle du 04 mars 2010 ne présentent pas de traits spécifiques par rapport à la thématique de cet article-ci, à savoir « Boycotter ou non telle ou telles élections ?! ». Sauf le truquage systématique et massif hérité de l’ère coloniale par le RPT/UNIR [Cf. Godwin Tété, Histoire du Togo- Le coup de force permanent (2006- 2011). Ed. L’Harmattan, Paris, 2013, pp-56-68,70-71]. Par contre, les législatives du 25 juillet 2013 méritent que nous nous y arrêtions quelque peu.
 
 
En effet, depuis la présidentielle du 04 mars 2010, nous de l’opposition togolaise authentique avions réclamé haut et fort les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales prescrites par l’APG et sans lesquelles nous ne souhaitions aller à aucune élection… Mais voilà qu’à la veille de ces législatives, d’autres « opposants » togolais, ceux-là mêmes !!! qui à l’heure actuelle crient au scandale s’agissant de la participation à la présidentielle de 2015, allaient être les premiers à se précipiter aux portillons des bureaux de vote… Alors, de tergiversation en tergiversation, face à la réalité politique objective concrète, et non à la spécialisation subjective, infantile et illusoire, nous à l’ANC prîmes la courageuse !!! décision de nous jeter dans la bataille…Heureusement ! Sinon nous serions, aujourd’hui, gommés de la scène politique de la Terre de nos Aïeux : le Togo. C’est, mutatis mutandis, la situation ( !) dans laquelle nous nous retrouvons…maintenant.
 
 
Oui ! « Les faits sont les faits ; hors d’eux tout est chimère », nous enseigne Jean Bidault. Que ceux qui ont encore des oreilles veuillent bien entendre !!! 
 
Conclusion : Revenons à notre problématique première
 
Nous savons que Faure Essozimna Gnassingbé n’est pas Japonais; nous savons donc pertinemment qu’il ne se fera pas harakiri…de gaîté de cœur. Nous savons aussi assurément qu’il ne réalisera pas, dans une allégresse indescriptible, les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales que nous lui réclamons. Il nous l’a déclaré à Accra (ghana) le 25 novembre 2014 : « Tout ce que je peux vous dire, c’est que la Constitution en vigueur sera rigoureusement respectée », proclama-t-il ce jour-là à haute et intelligible voix ! 
 
Alors, la question fondamentale qui se pose, à mon humble avis, est la suivante. Dans le court terme, en avril 2015 ( !), avons-nous les moyens concrets (et non seulement verbaux) d’empêcher le roitelet Faure Essozimna Gnassingbé d’organiser unilatéralement une présidentielle ?! Si oui, alors c’est à l’instant même… où il oserait annoncer sa candidature que, ainsi qu’un seul homme, le Peuple togolais devrait se lever et lui dire HALTE-LÁ !!! Car la Constitution de ce Peuple, celle du 14octobre 1992, celle plébiscitée à plus de 99,17%, lui interdit une troisième candidature !!! Mais dans le cas contraire, soyons réalistes, pragmatiques ; soyons assez courageux pour affronter le fils du « timonier » à cette présidentielle de 2015. Le boycott historique du référendum (français) au Togo en date du 28 octobre 1956 aura été justifié, nécessaire, bénéfique même-puis qu’il déboucha sur la proclamation de notre indépendance le 27 avril 1960 [Cf. Godwin Tété, Histoire du Togo-La palpitante quête de l’Ablodé (1940-1960). Editeurs du Monde, Paris, 2012, pp.323-462]
 
. Certes et de toute évidence, Faure Essozimna Gnassingbé mise (!!!) sur l’armada prétorienne et les milices stipendiées que lui a léguées son géniteur .Mais j’ai le sentiment que nous devrions participer à cette présidentielle de 2015 en toute connaissance de cause …, en vue de limiter, au moins, les dégâts, aux fins de nous donner les indispensables arguments susceptibles de nous permettre de poursuivre le combat salvateur du Peuple togolais jusqu’à sa victoire finale sur le régime suranné du RPT /UNIR. Régime à présent vomi à 85% par ce Peuple. De même que le 25 juillet 2013, après moult hésitations ( !), le cœur serré, nous à l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement) sommes allés aux législatives de ce jour-là, pour éviter une marginalisation certaine, pour démontrer, a contrario, notre position de premier parti de l’Opposition togolaise…
 
J’ai dit et j’assume ! 
 
Lomé, le 10 février 2015 
Godwin Tété
 

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