Togo / présidentielle 2015 : « Avec les élèves à la maison, je me sens Faure »

C’est une affiche qui fait couler de l’encre et de la salive. Certains l’ont qualifiée d’« affiche de l’imposture ». A raison ! Sur le poster à polémique, on y voit Faure Gnassingbé jouant à papa poule au milieu de petits écoliers en tenue et affichant un sourire large jusqu’aux oreilles, avec cette inscription : « Avec eux, je me sens Faure ». En lieu et place de l’effet recherché par les concepteurs, l’affiche a énormément choqué dans beaucoup de milieux. Il s’agit d’une imposture, d’une supercherie qui ne dit pas son nom. Et pour cause, l’avenir de ces doux êtres dont Faure Gnassingbé prétend être fier est sacrifié sur l’autel de ses ambitions présidentielles. Au même moment où les partisans de Faure placardaient les affiches dans tout le Togo, les élèves sont curieusement maintenus à la maison et les écoles fermées pour un mois pour cause d’élection, alors qu’ils devraient être normalement dans les classes.
Depuis la rentrée scolaire, les cours ont été fortement perturbés à cause des mouvements de grève à répétition des enseignants qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail. Le pays dispose suffisamment de moyens pour satisfaire aux revendications des enseignants. Mais sous le fallacieux prétexte que les enseignants seraient manipulés par les acteurs politiques de l’opposition, Faure Gnassingbé s’est refusé à les mettre dans de bonnes conditions et préfère affecter des sommes colossales à des fins propagandistes et électoralistes. Conséquence, c’est la troisième fois consécutivement que les écoles sont fermées en pleine année scolaire au Togo face aux mouvements de mécontentement des enseignants.
En avril 2013, les spadassins de Faure Gnassingbé ne se sont pas embarrassés pour commettre de lâches assassinats sur les écoliers qui manifestaient dans les rues pour réclamer le droit à l’éducation. Ils ont tiré à bout portant sur ces enfants qui manifestaient à mains nues dans les rues. A ce jour, les meurtriers d’Anselme Gouyano Sinandaré et de Douti Sinanlengue courent toujours. Impunément !
Il faut le reconnaître, l’éducation qui est pourtant un secteur vital de tout pays, n’a jamais été la priorité de Faure Gnassingbé. Il suffit de voir l’état de délabrement avancé de certaines infrastructures scolaires tant à Lomé qu’à l’intérieur du pays pour s’en rendre compte. En ce début du troisième millénaire, c’est sous des abris de fortune que des élèves étudient. Même dans les lycées. L’une de ces paillotes s’était écroulée sur des écoliers il y a quelques semaines dans la périphérie de la ville Lomé.
Sincèrement, comment peut-on prétendre dans ces conditions être fier de ces enfants dont on a choisi délibérément de compromettre l’avenir ? Un peu de quand même !
Source : [17/04/2015] Liberté