Union européenne – Afrique : un couple mal assorti


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« Il y a deux manières de conquérir et d’asservir une nation, l’une est par les armes, l’autre par la dette » (John Adams)

Les masques tombent. L’absence en grand nombre des chefs d’Etats africains au sommet Union Européenne – Afrique, ouvert en milieu de semaine à Bruxelles s’explique. L’Accord de partenariat économique (APE) proposé par l’Union européenne suscite une intense polémique dans les rangs des présidents africains qui ont tout simplement opté pour la politique du boycott. Cela signifie-t-il pour autant qu’il n’y aura pas un réel impact dans les relations économiques et commerciales, entre l’Afrique et ce partenaire quasi incontournable?

Si l’importance d’un évènement se mesure à sa propension à générer un profond et quasi éternel désaccord, alors l’Accord de partenariat économique peut être considéré comme un événement important.

Selon bien de médias locaux ghanéens, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – désormais conduit par le chef d’Etat du Ghana John Dramani Mahama – a de nouveau refusé de signer l’APE. Le chef d’État nigérian, Goodluck Jonathan a, lui, soulevé des préoccupations concernant certains points techniques de cet accord l’obligeant, de même que bien de ses pairs, à remettre à plus tard sa signature. Les frontières de la nouvelle crise entre l’U.E. et l’Afrique au sujet de cet accord sont ainsi bien tracées.

Mais la question qui persiste, est de savoir quelle sera le nouveau partenariat entre ces deux entités, dont les relations sont faites d’amour, de crise et de rejet depuis 2002 ? Année où l’U.E. est en négociation avec des pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) pour conclure sur de nouvelles bases des relations commerciales entre les deux zones. Car pour l’Europe, l’inefficience du régime d’accès préférentiel accordé aux pays ACP depuis 1975 à travers les différents accords de Lomé, n’est plus à démontrer.

Il est vrai, tous les spécialistes estiment que ces accords vont porter un coup dur aux économies africaines et les fragiliser encore. Sur le continent, des spécialistes arguent qu’il existe d’autres solutions que cette proposition de l’U.E. On cite allègrement l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, ancêtre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui régit les accords commerciaux régionaux. Soit dit en passant.

Dans cette crise, il faut avoir le courage de dire le haut-le-cœur que suscite la réaction mi-figue mi-raisin de certains dirigeants africains. « Les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont néanmoins réaffirmé leur fort engagement en faveur de cet accord, et leur volonté de principe de parvenir à la conclusion de cet accord », c’est en ces termes que relativise le communiqué de la Cédéao, repris par les médias ghanéens. « Quand on refuse, on dit non », le tout dernier livre de l’Ivoirien Amadou Kourouma, publié à titre posthume devrait être recommandé à lire à ces chefs d’Etats africains qui manquent cruellement de personnalité face à l’Europe. A quoi, cela sert-il d’être si complaisant, de se rabaisser au ras le sol pour plaire, manifestement à l’Europe – qui ne vise ni plus, ni moins que ses intérêts ? Il n’existe pas de mouiller sec, dit-on. Les présidents africains doivent s’approprier cette sagesse.

Résister depuis ces années au rouleau compresseur de l’U.E. et tomber aujourd’hui dans ce relativisme, plus de 10 ans après, est-ce une façon de préparer l’opinion à accepter la bourde qui va enfin consister à signer ces APE ? L’Afrique doit savoir saisir l’occasion pour rentrer véritablement dans l’histoire.

 
Ivan Xavier Pereira
 
Liberté Togo
 

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