Que retenir de la mission dans le cadre de la 5ème revue du programme de Falicité élargie de crédit (FEC) au Togo ? Décembre prochain sera la 6ème et dernière revue, mais en attendant, la situation macroéconomique, le point de vue de la mission et les prochaines étapes ont été exposés hier. S’agissant de la privatisation des deux banques étatiques que sont la BTCI et l’UTB, le délai pour le lancement des appels d’offres est repoussé au 20 septembre prochain.
Au terme de cette visite, M. Razafimahefa a fait la déclaration suivante:
« Des progrès satisfaisants ont été relevés au cours des discussions, et elles se poursuivront dans les semaines à venir. À l’issue des discussions en cours, le Conseil d’administration du FMI pourrait examiner les conclusions de la cinquième revue de la FEC en octobre 2019.
« Après une forte décélération en 2017 due aux tensions sociopolitiques, l’activité économique a repris en 2018 et cette reprise s’est poursuivie au premier semestre de 2019. La croissance économique devrait s’accélérer légèrement, passant de 4,9 % en 2018 à 5,3 % en 2019. L’important effort budgétaire amorcé en 2017 s’est poursuivi à fin juin 2019. Le recouvrement des recettes a atteint l’objectif visé en juin et les dépenses globales ont été inférieures aux prévisions. Si les politiques actuelles sont maintenues au second semestre de 2019, le Togo respectera pour la troisième année consécutive le critère de convergence relatif au déficit budgétaire de 3 % du PIB fixé par l’UEMOA. Le cadrage budgétaire pour 2020 vise un déficit budgétaire global légèrement inférieur à 2 % du PIB. Les efforts d’assainissement budgétaire ont permis de réduire la dette publique; la poursuite de ces efforts contribuera à réduire les facteurs de vulnérabilité liés à la dette.
« Les réformes structurelles budgétaires progressent. Les réformes de la politique fiscale et de l’administration des recettes visent à renforcer les recettes permanentes; les autorités sont déterminées à mettre en œuvre des mesures fondées sur les recommandations issues d’un diagnostic de l’administration des recettes effectué récemment. L’Office togolais des recettes se propose de renforcer le cadre de conformité volontaire; la dématérialisation des procédures douanières sera accélérée; les déclarations et les paiements en ligne seront facilités; et les services aux contribuables seront améliorés. Du côté des dépenses, il sera mis en œuvre les principales mesures découlant de la revue des dépenses achevée récemment; des dispositions seront prises pour remplir les conditions préalables pour une transition harmonieuse vers l’instauration du budget-programme et élargir le champ du compte unique du Trésor.
« Malgré quelques retards, la mission se félicite de l’engagement du gouvernement à poursuivre la privatisation des deux banques publiques. Le succès de cette privatisation permettra de préserver la stabilité du secteur financier et de réduire les risques pour le budget de l’État. Le gouvernement entend prendre des mesures pour lutter contre le taux élevé de créances en souffrance, suivre de près les principaux indicateurs de solidité financière et prendre les mesures nécessaires, le cas échéant.
« La mission se félicite des progrès accomplis récemment par le Togo dans l’amélioration du climat des affaires; la poursuite des efforts dans ce domaine sera essentielle pour atteindre les objectifs du Plan national de développement et contribuera à promouvoir une croissance économique inclusive ».
Endettement du pays et privatisation des banques
Au cours des échanges, la situation de la dette s’est aussi invitée dans les débats. C’est ainsi qu’il est ressorti des propos du chef de mission, IvohasinaFizaraRazafimahefa, que la dette du Togo connaît une réduction de 8 points depuis l’entrée en programme avec le FMI. Plus précisément, l’endettement selon la norme du FMI, c’est-à-dire en prenant en compte la dette des sociétés d’Etat, se situe à fin juin à 73,5% du PIB. Mais il est à préciser qu’au sein de l’espace UEMOA, seul le Togo a inclu la dette des sociétés d’Etat dans sa dette globale. Autrement, la situation par rapport aux autres pays de l’espace est de 70,9%. Et Sani Yaya, ministre de l’Economie et des Finances, se dit confiant que cette tendance baissière se poursuivra.
De la privatisation de la BTCI et de l’UTB, il en a été aussi question. Et, poussé à plus de précisions au sujet d’un délai, la date butoire pour le lancement des appels d’offres étant dépassée, le chef de mission a affirmé que le 20 septembre verra le processus enclenché. Mais entre-temps, le gouvernement tient à respecter des critères liés à la privatisation, tout comme l’international devra aussi les respecter. Tiendra, tiendra pas ? Le 20 septembre n’est plus très loin.
Si lesautorités entendent prendre des mesures pour lutter contre le taux élevé des créances en souffrance, c’est certainement après des constats. Doit-on comprendre par là qu’un audit détaillé de la situation des deux institutions bancaires a été enfin commandité et disponible ? Auquel cas il ne serait pas superflu que, comme d’autres audits dans le secteur des marchés publics, ceux de la BTCI et de l’UTB soient connus. Ceci aura l’avantage de situer les potentiels acquéreurs et les rassurer sur le degré de transparence des autorités.
Rappelons par exemple qu’à fin 2013, la BTCI cumulait un capital négatif de…23 milliards FCFA. Qu’en est-il aujourd’hui et quel est l’état de l’UTB ?
Godson K.
source : savoir news