Aboudou Assouma, la chute silencieuse d’un alchimiste du droit


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Le constat est partagé par toutes les couches de la société togolaise sur l’état de la justice. Ce ne sont pas les résultats des sondages de l’institut Afrobaromètre qui le démentiront. La justice togolaise est une justice aux ordres, une justice des riches, une justice à double vitesse. Les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier ce troisième pouvoir devenu un rouleau compresseur aux mains des juges indélicats guidés par un certains Aboudou Assouma, président de la Cour constitutionnelle, un homme devenu plus royaliste que le « Roi ».
 
Les Togolais ont découvert, malgré eux, Aboudou Assouma en décembre 1991 dans le second gouvernement de Me Joseph Kokou Koffigoh, suite à l’attaque de la Primature, comme ministre délégué à la Défense. Mais depuis plusieurs décennies, les Togolais se sont familiarisés avec le président de la Cour constitutionnelle, poste devenu éternel à ce faucon du droit qui croit, sans doute, mordicus que Faure Gnassingbé ne peut l’y démettre ! L’ancien gendarme est à la base de tous les scandales judiciaires du Togo. Les juges sont devenus ses serpillères qu’il trimballe à sa guise et au gré de ses sombres humeurs, leur faisant rendre des jugements d’alchimiste depuis son fauteuil, arguant des fois qu’il opère sur instruction personnelle de Faure Gnassingbé.
 
S’il a réussi à faire couler et descendre aux oubliettes un certains Robert Babai (ancien procureur de la République près du Tribunal de Lomé), ou encore Abalo Pétchélébia (ancien président de la Cour suprême togolaise), ce n’est pas le juge Olivier Sronvie, le désormais ex-président de la Cour d’appel de Lomé qui a pu lui résister. Le juge Olivier Sronvie qui vient d’être suspendu pour trois ans pour fautes graves et qui se voit sacrifier sur l’autel du président de la Cour constitutionnelle. L’heure de la modernisation de la justice togolaise n’est pas prête de sonner à cause des mains noires tapis dans l’ombre. Le président Faure Gnassingbé gagnerait à sortir de son sommeil profond pour donner un coup de fouet dans cette fourmilière, au risque d’une explosion au sein du troisième pouvoir. Dans un pays où la justice est érigée en un instrument d’injustice sociale et de règlement de compte, quels que soient les gages de stabilité qu’on croit détenir , tôt ou tard, le volcan entre en ébullition et les conséquences risquent de détruire le tissu social. Le 5 octobre 1990 reste un exemple palpable à cet effet.
 
Magistrat de son état, il trône sur la République avec ses instructions intempestives dans des dossiers que les juges togolais pouvaient pourtant trancher sans pesanteurs qu’il leur fait subir au quotidien. Les témoignages sont légion. Ils sont nombreux ceux qui en ont fait les frais. Il est temps que les juges togolais cessent de rendre les décisions en fonction des désidératas de cet ancien gendarme. La liberté et l’indépendance de la justice togolaise sont à ce prix. Le Togo est appelé à progresser dans tous les classements. Mais il n’y a pas de développement possible dans une société où la justice se rend à la Ponce Pilate. Le pays doit faire le courageux effort de rompre avec ces mauvaises habitudes.
 
En 2008, le président de la Cour constitutionnelle togolaise brillait en invectives face aux dérives devenues monnaie courante au sein de la justice togolaise. Les litiges fonciers, affaires politiques, règlements de compte personnels, tout y passe, arrosé de sommes mirobolantes pour le bonheur des juges. C’est avec une certaine aisance qu’il déclarait : « ça ne vas pas à la justice ». La corruption s’y est installée. Le peuple togolais se plaint que la justice est à deux vitesses : une justice pour les pauvres qui succombent à leur triste sort et une justice pour les riches qui achètent la conscience e certains magistrats. Même les professionnels du droit (auxiliaires et avocats) se plaignent de « la loi du plus offrant ». « Ce n’est pas normal », a déclaré Aboudou Assouma au sortir de l’Assemblée générale de son association. Faut-il rire ou pleurer ?
 
Aboudou Assouma pensait dresser un sombre portrait des acteurs de la justice, mais s’y retrouve au finish, accablé par de nombreux dossiers. Il a bien dépeint la situation. Sauf qu’aujourd’hui, tout se retourne contre lui.
Huit ans après cette tapageuse assemblée générale, Robert Bakai, Abalo Pétchélébia et autres, sans être des saints, ont été garés. Et pourtant, la justice togolaise continue sa descente aux enfers. Tant que le mal qui ronge cette justice ne sera pas détruit à la racine, le processus de modernisation de la justice togolaise aura du mal à aboutir.
 
(source: La Nouvelle tribune)
 
lomévi (www.togoactualite.com)
 

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