Une mission conjointe du Bureau Régional des Nations-Unies et la Commission de la CEDEAO séjourne, cette semaine, à Lomé. Conduite par Dr Mohamed Ibn Chambas, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, cette mission d’inspection vise à s’assurer de la bonne conduite du processus électoral devant amener à la présidentielle de 2020. Malheureusement, cette mission semble loin émouvoir les Togolais.
Le Togo donnera le ton, au premier trimestre de 2020, au ballet de scrutins présidentiels en vue dans la sous-région ouest africaine. Après le Togo, qui s’annonce pour le 1er trimestre, s’en suivront la Côte d’Ivoire, la Guinée… pour le choix, de leur Président de la République. À l’orée de ces moments historiquement particuliers dans la vie des États, surtout africains, les missions exploratrices n’ont point de répit.
Mohammed Ibn Chambass… Encore lui !
C’est justement le cas de la mission de la Cedeao et de l’ONU conduite par le diplomate ghanéen, Dr Mohamed Ibn Chambas. Outre la Présidente de l’Assemblée Nationale, la délégation s’est également entretenue avec d’autres composantes et acteurs de la vie sociopolitique du pays dont le gouvernement, les institutions chargées d’organiser les élections, les partis politiques ainsi que les partenaires nationaux et internationaux.
« C’est une mission qui est là pour discuter avec les institutions de l’État, mais aussi les partis politiques […] qui vont gérer les élections de l’année 2020. En Afrique de l’Ouest l’année 2020 sera une année des élections commençant par le Togo ; c’est dans ce contexte que la CEDEAO et les Nations-Unies veulent travailler étroitement comme d’habitude pour voir comment nous pouvons être utiles pour assurer des élections crédibles et transparentes », a notamment déclaré Dr Ibn Chambas.
Cette mission fait donc suite à celle dédiée à l’évaluation de la situation politique actuelle du Togo ainsi que les perspectives des élections présidentielles de 2020 effectuée, il n’y a pas longtemps, notamment en Octobre dernier, par les experts de la division de l’assistance électorale du département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, du bureau des Nations-Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Sahel ainsi que du Programme des Nations Unies pour le Développement.
Indifférence…
Si l’objectif de cette mission cadre parfaitement avec la norme diplomatique, surtout dans un contexte comme celui de la mondialisation, l’histoire politique du Togo de ces dernières années, elle, ne joue pas en sa faveur. En effet, c’est un secret de polichinelle que depuis près de 54 ans, le Togo ploie sous le joug d’un régime dogmatique dont le seul souci, loin de la prospérité partagée et du bien-être social des togolais, est d’œuvrer, avant tout, à la pérennisation de sa suprématie. Avec derrière, une gouvernance viciée empreinte de la fraude électorale, de la gabegie financière, de la corruption et la violation systématique des droits humains.
Et dans un tel contexte de démocratie monarchiste où la seule raison d’être des élections est de légitimer le pouvoir en place, le peuple ne peut espérer son salut que de la communauté internationale. Malheureusement, cela est loin d’être le cas au Togo où ces institutions, par leurs actes, prennent parti pour le plus fort au détriment du peuple. Le cas justement de Dr Mohammed Ibn Chambas dont la seule évocation du nom rappelle de mauvais souvenirs aux Togolais. De 2005 à ce jour, le diplomate ghanéen, à la sulfureuse renommée, est dans tous les coups contre le peuple togolais. Ceci, au point de se faire ironiquement passer pour un «diplomate commerçant» par nombre d’observateurs qui analysent ses faits et gestes depuis des années déjà. Visiblement, le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies fait des périodes électorales en Afrique de l’Ouest, sa vache à lait. Une seconde nature qui ne donne pas à l’homme, bonne presse dans l’opinion togolaise qui reste d’ailleurs indifférente à sa mission dont le vrai objectif semble loin de ce qui est exhibé, celui de convenir du type d’appui que les Nations-Unies et la Commission de la CEDEAO pourraient apporter au processus électoral de 2020.
La suite de la cantate ?
Aujourd’hui, la duplicité hautement bruissante caractérisant l’émissaire onusien suscite, à juste titre, des questionnements au sein de l’opinion. Des questionnements, somme toute légitimes, qui en appellent parallèlement à la vigilance de l’opposition democrate face à la vile méthode de cette clique d’hommes et femmes qui ont prouvé, par le passé, qu’ils agissent plus en béquilles «neutres» des pouvoirs centraux que dans l’intérêt des peuples.
En effet, est au menu de l’agenda de cette mission, des rencontres avec des acteurs de l’opposition. Et à quelques semaines du rendez-vous de 2020 où la question fondamentale au bout des lèvres est celle du quatrième mandat du président sortant, Faure Gnassingbé, une telle mission aux allures de la traditionnelle cantate minutieusement orchestrée à chaque période électorale par les mêmes diplomates, doit éveiller les consciences collectives de ses acteurs qui œuvrent pour l’alternance politique.
Il urge donc que l’opposition démocratique puise de ses expériences passées, surtout vis-à-vis de la diplomatie sous régionale, notamment le dernier dialogue politique dont la feuille de route n’a plutôt contribué qu’à enfoncer l’opposition face à un pouvoir remis sur scelle, pour vraiment se tailler une ligne de conduite et savoir où poser les pas pour ne plus tomber dans les erreurs du passé.
Source : Fraternité