Comme en 2014, le Togo classé parmi les pays « inclassables »


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Le 3 septembre à Genève en Suisse, le Forum Economique Mondial publiait son rapport 2014-2015 sur la compétitivité dans le monde. Sur 144 pays classés, le Togo était parmi les…non classés, tellement il était en deçà des minima requis. Un an plus tard, rebelote, un nouveau rapport sort le 29 septembre 2015 ; mais comme il y a un an, le Togo ne figure pas parmi les 140 pays sondés. Pour un pays dont les dirigeants ne cessent d’ânonner que « tout va bien dans le meilleur des mondes », ce nouveau classement est loin de faire les affaires de la minorité qui a accaparé les richesses du pays. Comment le pays peut-il prétendre par exemple au Millenium challenge corporation à cette allure ?
 
Dire d’un pays qu’il avance ou recule est bien, mais étayer ses dires par des preuves est encore mieux. C’est l’exercice auquel le journal s’est toujours adonné : montrer que la mal gouvernance ne se limite pas à des critiques stériles, mais est assortie de chiffres à l’appui.
 
Fin septembre 2015, WEF (World economic forum) a sorti son rapport sur la compétitivité dans le monde. Voici ce qu’en dit l’agence Ecofin : « …A l’échelle planétaire, l’économie suisse reste la plus compétitive du monde pour la septième année consécutive, selon le rapport annuel du WEF. Le classement des dix premiers est à peine différent de celui de l’an dernier: Singapour est au 2e rang devant les Etats-Unis. L’Allemagne progresse d’une place au 4e rang et les Pays-Bas, 5e, de trois places. Le Japon est 6e, devant Hong Kong, sans changement. La Finlande a passé du 4e au 8e rang, la Suède de la 10è place à la 9è. La Grande-Bretagne arrive 10e, en recul d’une place. Les performances stagnantes ou en recul des pays émergents sont la plus grosse préoccupation des économistes du WEF. Si l’Inde progresse de 16 rangs à la 55e place, des pays comme la Turquie (51e) et le Brésil (75e) perdent plusieurs rangs. Avec une chute de 18 rangs, le Brésil accuse l’un des reculs les plus importants. La Chine est stable à la 28e place, la Russie est 45e. Le Vietnam (56e) est en nette progression, avec un gain de 12 places. De manière générale, le rapport met en cause le manque de réformes structurelles qui pourraient stimuler la productivité et l’innovation. Ce manque de réformes handicape la capacité de l’économie mondiale à améliorer le niveau de vie, à lutter contre le chômage persistant et à surmonter les chocs financiers. Le rapport relève que la croissance mondiale reste inférieure à celle des décennies précédentes. Les perspectives sont en outre assombries par les incertitudes liées au ralentissement des économies émergentes, les tensions géopolitiques, les conflits et crises humanitaires dans le monde ». Mais de tous les classements, c’est le rang occupé par le Togo qui nous préoccupe.
 
En effet, 37 pays africains figurent dans la liste des 140 dans le monde, et comme c’est devenu une habitude depuis quelques années, l’Île Maurice pointe en tête en Afrique en se classant 46è rang mondial, suivie de l’Afrique du Sud, 49è. En bas de classement, on retrouve le Tchad (139è) et la Guinée (140è). Et le Togo dans ce classement ? « Autant chercher une fleur dans le désert, un morceau de sucre dans la rivière ou un fantôme dans le vent », nous répondrait le chanteur Alain Barrière s’il était encore de ce monde. Rien, nothing, aucune trace. Même les quinze places gagnées dans le classement « Doing Business 2015» ne l’ont en rien aidé. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’en réalité, les 15 places tant vantées avaient ramené le Togo au…149è rang dans ce classement de Doing Business ? Pas de quoi se branler en fait, mais les autorités se sont saisies de ce classement pour rebattre les oreilles des populations comme si d’un seul coup de baguette magique, tous les voyants sont passés au vert. Malheureusement les années se suivent et se ressemblent pour le Togo, ironiquement parlant.
 
Il y a un peu plus d’un an, le 3 septembre 2014, ce même Forum économique mondial a procédé au même classement au niveau de 144 pays. Notre pays n’avait pas été sélectionné et nous l’avions relevé dans le temps, chiffres à l’appui. Ainsi, un an plus tard, aucun saut qualitatif n’a été effectué et le Togo est demeuré stationnaire. Or un célèbre adage dit : « qui n’avance pas, recule ». En ayant rien fait pour se projeter vers l’avant dans le domaine de la compétitivité, le pays a plutôt reculé. Et pourtant, les rumeurs disent que c’est une diplômée de Harvard qui tient les rênes des Postes et de l’Economie Numérique. Une dénomination finalement plus pompeuse que concrète.
 
A y voir de plus près, le non classement du Togo ne doit pas surprendre, étant entendu que les réformes dans divers domaines peinent à démarrer du fait de la mauvaise volonté d’un seul homme réfractaire au changement. Le rapport du WEF donne un classement mondial des pays les plus compétitifs à partir d’une centaine d’indicateurs économiques comme la qualité des infrastructures, l’environnement macroéconomique, la taille des marchés, le développement technologique et l’innovation. Voilà quelques uns des domaines dans lesquels les pays ont été évalués. Que savons-nous de la position du Togo par rapport à ces critères sus-cités?
 
Parlant de l’environnement macroéconomique, il suffit de se référer au dernier rapport des comptes extérieurs du Togo pour comprendre que la situation macroéconomique est « alarmante » ; la preuve, aujourd’hui, les rapports du FMI indiquent que le taux d’endettement se rapproche dangereusement de la situation qui avait prévalu avant l’admission du pays à l’initiative des pays pauvres très endettés (IPPTE). S’agissant de la qualité des infrastructures, Le dernier rapport d’audit de l’Autorité de régulation des marchés publics a relevé le fait que des tests de conformité ne sont pas encore effectués sur bien des voies bitumées, et quand on voit des ouvriers d’une entreprise ayant remporté un marché public, aller poser des pavés à la devanture de certains ministres, on peut aisément imaginer l’inertie dans laquelle se trouverait ces ministres si des défauts venaient à être constatés après les travaux. La taille des marchés, parlons-en. Le Togo est un pays importateur en presque tout. Pendant longtemps, on avait cru que l’agriculture en général et le coton en particulier étaient des secteurs porteurs. Mais lorsqu’on apprend d’une part par le ministre du secteur que le taux de mécanisation de l’agriculture est de 2%, et d’autre part de l’économiste Kako Nubukpo que le Togo a perdu 40% de sa compétitivité avec le coton, on se demande où se trouve la taille du marché togolais.
 
Développement technologique et innovation, voilà des termes propres et chers à la ministre des Postes et de l’Economie numérique. Mais depuis qu’elle est arrivée à ce poste qu’elle n’a pas quitté une seule fois, c’est l’immobilisme dans la pensée créatrice. La société togolaise consomme sans innover et se complait dans cette situation. Malgré des campagnes de sensibilisation pour amener les Togolais à consommer local, une forme de culture du dédain des œuvres locales semble avoir atteint le consommateur togolais.
 
Il est malheureusement évident que si le classement qui a vu le Togo disparaître des écrans radar de WEF a concerné les pays qui consomment plus les produits importés, certainement que le pays aurait figuré en haut du classement. L’émergence est un rêve malheureusement inaccessible aux autorités togolaises en l’état actuel des données statistiques dans les domaines qui concourent à la compétitivité au Togo. Car la pierre angulaire de tout développement repose sur la gouvernance. Et alors, quel est l’état de la gouvernance au Togo ? A chacun d’y répondre.
 
Abbé Faria
 
source : Liberté Togo
 

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