Constat d’échec: Réforme institutionnelle et constitutionnelle au Togo


Interview du Président Faure GNASSINGBE en RFA. Une première : appeler au secours l’élite intellectuelle et les Universitaires
 
faure_campagne_


Depuis bientôt deux semaines, les déclarations du Président Faure GNASSINGBE lors de son séjour en République Fédérale d’Allemagne dans l’interview qu’il a accordée à Deutsche Welle défraient la chronique. Et les détracteurs s’en donnent à cœur joie sur les réseaux sociaux.
En effet, au cours de l’interview, la récurrente question des réformes constitutionnelles et institutionnelles au Togo a été abordée. Et le Président a donné son point de vue en ces termes :
 
«…En toute humilité, je voudrais que le débat soit ouvert sans tabou et sans arrière-pensée. Ce qui est dangereux, c’est d’instrumentaliser cette question (de limitation de mandat) d’une manière ou d’une autre, mais le débat ne peut pas être fait par nous les politiques parce que quelque part, nous sommes des acteurs. L’Afrique regorge aujourd’hui d’intellectuels et d’Universitaires et de sociétés civiles assez dynamiques qui peuvent mener ce débat. »
 
Ces propos ont soulevé un véritable tollé dans l’opinion et une certaine presse se livre à un lynchage médiatique en règle. Personne ne s’est même donné le temps de réfléchir avant de monter au créneau pour dénoncer et condamner en termes acerbes la proposition qui, cependant, a un fond de vérité par rapport à nos réalités nationales. D’ores et déjà, les va-t’en guerre crient au scandale et parlent de tentative de conservation de pouvoir à vie. Faure a, aujourd’hui 50 ans. S’il veut garder le pouvoir à vie, c’est qu’il n’est pas réaliste. Or, il est trop intelligent pour emprunter une voie d’impasse.
 
Nous estimons, pour notre part, que nous devons toujours, en notre qualité de Togolais, mûrir et surtout nous accorder un temps de réflexion avant de crier au feu chaque fois que nos adversaires s’expriment et donnent une vision divergente à la nôtre sur un sujet d’actualité. On peut dire que le Président Faure GNASSINGBE est peut-être tout, sauf un idiot.
 
Pour ceux qui continuent à en douter, nous pouvons apporter la preuve que le Togo est dirigé par un homme très réfléchi qui nourrit de réelles ambitions pour son pays. Le jour viendra où les Togolais le comprendront et le regretteront parce que tous les actes que Faure a posés depuis son arrivée au pouvoir ont d’abord privilégié l’apaisement. Le Chef de l’Etat n’aime pas faire des vagues. Il agit lorsque c’est nécessaire et toujours sur mesure. Nous avons le devoir de ne pas nous taire sur ce point. Ceci dit, revenons sur le sujet qui nous préoccupe, à savoir, la déclaration du Président relative aux réformes.
 
Nous avons procédé au décryptage des propos du Président et voici nos analyses et commentaires:
Depuis la Conférence Nationale, la question de la réforme et surtout de la limitation du mandat présidentiel s’était posée avec acuité et était au centre des préoccupations des opposants.
 
L’opposition en a fait un abcès de fixation parce que EYADEMA avait déjà bouclé 23 ans au pouvoir. De sorte que la Constitution de 1992 a été écrite avec une arrière-pensée assez claire : «EYADEMA doit quitter le pouvoir ». Sous la pression de la tension qui régnait, EYADEMA avait laissé faire. Mais à titre prémonitoire, son Ministre de l’Intérieur de l’époque, le Gal AMEYI avait prédit : « Vous pouvez écrire votre Constitution sur une peau de pachyderme, nos balles en viendront à bout ». La prophétie s’est réalisée, non pas par la force des balles, mais par la bêtise de l’opposition qui n’a pas su anticiper en allant aux législatives de 2002 pour disposer d’une minorité de blocage et faire barrage à ce que Natchaba a appelé le toilettage par euphémisme.
 
Après la signature de l’Accord Politique Global, l’opposition a toujours fait obstruction lorsque le pouvoir avait voulu que le débat sur la réforme ait lieu au Parlement. Ainsi après l’Accord politique Global résultat de dures négociations sous la supervision des facilitateurs étrangers, il a encore et toujours fallu initier d’autres dialogues qui ont infailliblement capoté à chaque fois, à cause des exigences posées par l’opposition sur certains points à débattre.
 
De guerre lasse, le Gouvernement, à son corps défendant, a envoyé un projet de loi portant réforme constitutionnelle à l’Assemblée Nationale.
A la surprise générale FABRE et les siens ont mis un véto pour imposer préalablement la rétroactivité de la loi. Quelle foutaise !
 
Le Président est donc parvenu à la douloureuse conclusion que la réforme est devenue un travail de Sisyphe et que la classe politique a échoué dans cette entreprise à cause de la personnalisation et de l’instrumentalisation politique à outrance de cette réforme de la loi fondamentale que tout le monde appelle de son vœu.
 
Et puisque le Président nourrit la noble ambition de doter le pays de lois justes et solides, il est persuadé qu’il vaut mieux s’adresser à l’élite intellectuelle et aux Universitaires pour accomplir cette mission avec l’espoir que cette élite visera, dans sa démarche, l’intérêt supérieur de la nation. Il n’en demeure pas moins vrai que la classe politique, une fois la première version élaborée, aura son mot à dire. Il faut donc laisser le temps au temps dixit le Pdt MITTERAND.
 
On peut se faire à l’idée que le Président a voulu soustraire la réforme des labyrinthes politiques en évitant tous les carcans qui ont empêché de parvenir à la finalité escomptée jusqu’à présent. La réforme ne doit pas être pour d’autres une occasion de règler les comptes a priori.
Notre compatriote, feu Atutsè AGBOBLI, aimait à répéter que dans un pays où l’élite intellectuelle, politique voire militaire est marginalisée, rien ne peut réussir.
Et, il est aussi notoire que lorsqu’une loi est rédigée pour ou contre une personne, elle est fatalement une mauvaise loi.
 
Nous félicitons donc le Président Faure pour l’initiative qu’il veut prendre en proposant de confier la réforme à ceux qui feront preuve de neutralité pour travailler en toute sérénité guidée par une honnêteté intellectuelle et morale à toute épreuve.
 
Rodrigue
Le Combat du Peuple
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Welcome Back!

Login to your account below

Retrieve your password

Please enter your username or email address to reset your password.