Le crépuscule d’un empire : La fin des fins



L’heure a sonné pour un régime cinquantenaire. L’empire des Gnassingbé s’effondre. C’est le déclin. C’est une fin du règne. Qui dirait le contraire ? Le régime des Gnassingbé ne tient plus la barre. Et la drache d’atrocités, de barbaries innommables recommence à s’abattre encore sur le Togo. Les armes recommencent à parler. Mais les auteurs de ces actes sauvages oublient qu’il n’y a rien de plus impardonnable sur la terre que les dommages causés par les armées : « Quiconque n’a pas besoin des autres hommes, ou ne peut se résoudre à rester avec eux, est […] une brute. [ …]. De même que l’homme civilisé est le meilleur de tous les animaux, celui qui ne connaît ni justice ni loi est le pire de tous. Il n’y a rien, surtout, de plus intolérable que l’injustice armée. Les armes et la force sont par elles-mêmes indifférentes pour le bien et pour le mal : c’est le principe moteur qui en qualifie l’usage. S’en servir sans aucun droit et uniquement pour assouvir ses passions rapaces ou lubriques, est atrocités et scélératesses. L’usage n’en est licite que pour la justice. » (Aristote, Les Politiques, 1253 a, traduction de Pierre Pellegrin, Livre I, Chapitre II, Paris, Flammarion, Œuvres complètes, 2014, p. 2327) Oui, ceux qui utilisent les armes contre les Togolais seulement pour satisfaire leurs désirs pathologiques sont pire que tous. Ils n’ont rien d’humain. Ils sont des brutes, des éloignés de l’homme des sauvages, des mal dégrossis. Celui qui ne peut pas vivre en communauté, celui ne peut pas vivre avec les autres, celui qui utilise les armes pour assouvir son appétence pour le pouvoir est une brute, un sauvage achevé. Excusez la brutalité ! Mais il n’y a pas une autre façon appropriée de qualifier le comportement des soi-disant hommes politiques du RPT/UNIR au Togo. En tout cas, je ne fais que redire ce que le philosophe Aristote a dit de ceux qui s’éloignent des règles éthiques, des règles du vivre ensemble.
 
Lorsque la situation dans un pays est explosive, fumigène et fumeuse, lorsque le volcan menace d’exploser, la sagesse veut qu’on évite de poser certains actes. Autrement, c’est la bavure ou la bassesse politique. C’est de la provocation. Ceux qui ont pris la décision de faire arrêter nuitamment l’imam Djobo Mohamed Alassani ont fait fausse route. Ils ont provoqué le peuple togolais et ils ont les conséquences qui n’ont d’ailleurs pas tardé à pleuvoir. Ils ont voulu en faisant cela rendre service ou plaire plaisir à Faure, mais ils lui ont plutôt fait du mal. Une question ! Pourquoi ont-ils jugé utile de faire couper le courant avant d’aller arrêter l’imam. Est-ce dans l’obscurité qu’ils vont lui faire voir mon mandat d’amener ? Ils ont voulu jouer le jeu de Faure, mais ils lui ont plutôt du mal. Ils ont franchi le Rubicon, jeté de l’huile sur le feu. Et c’est à l’avantage du vaillant peuple Togolais, qui veut absolument en découdre avec un régime cinquantenaire, despotique et sanguinaire. Les Togolais savent qu’ils vont encore mourir, tomber sous les balles des trouffions crétins, des sbires et des milices du RPT/UNIR, mais ils savent aussi qu’il n’y a pas d’heure pour les braves.
 
Plusieurs Togolais viennent encore de mourir, laissant derrière eux des enfants orphelins, des femmes veuves, des parents affligés, qui ne les verront plus jamais. Plusieurs Togolais encore tués pour que Faure reste à vie au pouvoir. On tue, on massacre, on gaze, on torture, on impose à un peuple des souffrances indescriptibles pour qu’une seule famille continue à diriger le Togo. Des bureaux, des maisons, des instituions ont été brûlés pour qu’une seule personne reste au pouvoir pour faire des Togolais ses esclaves, ses chiens couchants. Cela dépasse tout entendement humain.
Faure et ses manœuvres-balais sont voués à l’exécration divine et humaine. La famille Gnassingbé est une famille bénie; elle n’est pas maudite. Comment le dire autrement ? Le père est arrivé au pouvoir dans le sang et a passé tout le temps de son rège dans le sang jusqu’à mourir. Le fils prend aussi le pouvoir par la force et dans le sang et continue de baigner dans le sang. Lorsqu’on tue ses compatriotes pour arriver et rester au pouvoir on est béni. On a la conscience tranquille. On n’a rien à se reprocher. On est propre. Donc, on est béni et non maudit. De toute façon, les Togolais ne veulent plus de cette famille et ils savent que le prix à payer sera lourd mais aussi qu’il n’y a d’heure pour les braves. Je le répète. Ce qu’ils demandent, c’est le balayage complet de tout le système cinquantenaire : le retour à la constitution de 1992, les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Et ce n’est pas négociable.
 
Pour terminer, je dis que « l’injustice armée » ne peut rester éternellement impunie. Ceux qui en sont les auteurs en assumeront les conséquences maintenant ou plus tard. Ils n’échapperont pas à la justice. Car il y a de trop de crimes (humains, économiques…), trop de morts ! Et c’est impardonnable. Les auteurs en répondront tôt ou tard.
 
Sur le gril
 
Faure est sur des charbons ardents et multiplie les pérégrinations pour convaincre les chefs d’États des autres pays à être de son côté. C’est une fausse manœuvre, une cause perdue d’avance, peine perdue. On dirait que c’est un chant du cygne. Comment les gens qui ont souffert sous la dictature, qui ont été victimes de la dictature, qui en ont été des prisonniers, des exilés pendant des années avant d’accéder au pouvoir pourraient-ils être du côté de Faure ? Comment ne pourraient-ils pas entendre la légitimité de la révolte des Togolais et de leur demande de rétablissement de l’ordre institutionnel et constitutionnel ? Qui des chefs d’État désignés pour résoudre la crise socio-politique du Togo seraient du côté de Faure ? Patrice Talon du Bénin a connu et vécu la dictature. Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso a connu et vécu la dictature. Mahamadou Issifou a connu et vécu la dictature. Nana Akufo-Addo a connu et vécu la dictature. De même que Ibrahim Boubacar Keita du Mali et Alpha Condé de la Guinée, même si les deux ont des velléités de s’éterniser au pouvoir. Mais ce ne sont que des velléités. Comment serait-il possible qu’ils n’accèdent pas à la volonté des Togolais. Ils ont tous accédé au pouvoir d’une façon acceptable, donc démocratique, à l’exception d’Alassane Ouattara qui, lui, y est parvenu par la force et dans le sang. Leurs pays ont changé de président. Ils ne sont pas sous la férule d’une famille depuis 50 ans.
 
Tout ce que l’on peut dire de toutes ces incessantes et quotidiennes pérégrinations de Faure est qu’il joue sa dernière carte, mais il fait fausse route. Et son silence sur la situation du Togo est très éloquent, très criard et assourdissant. Même si au cas où les présidents susmentionnés accepteraient de se pencher du côté de Faure, ce qui a priori n’est pas sûr, le peuple togolais ne courbera pas l’échine, ne baissera pas sa garde, ne se laissera plus prendre à ce jeu de la soi-disant communauté internationale comme en 2005. Il sait qu’il est le seul à prendre son destin en main. Il ira jusqu’à la victoire finale. L’impossible est toujours possible lorsqu’il y a détermination, conviction, courage et bravoure. Ceci est en même temps, par ailleurs, un appel patriotique et solennel que je lance aux membres de l’opposition qui seront devant la table de négociation. Vous ne céderez plus rien au RPT/UNIR. 50 ans, ça suffit !
 
Le droit et la force
 
Le droit est un pouvoir dont seul le peuple dispose. Et personne ne peut l’empêcher de jouir de son droit. Qui a droit d’empêcher le peuple de changer ses lois politiques ou fondamentales ? Ni un Souverain ni un chef d’État ni encore un parti politique n’a droit d’empêcher un peuple de changer sa loi fondamentale à son plein gré : « Un peuple est toujours le maître de changer ses lois, même les meilleures; car s’il lui plaît de se faire mal à lui-même, qui est-ce qui a droit de l’en empêcher ? » (Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Livre II, Chapitre XII, Paris, GF Flammarion, 2012, p. 89) C’est le peuple qui fait les lois et c’est lui qui les change. Et changer ses lois est un droit qui lui revient.
 
Le contrat social qu’est la Constitution ne saurait se réduire en un pacte de soumission du peuple à un Souverain. Ce n’est pas le Souverain qui commande, mais la loi qui l’expression de la volonté générale. De la sorte, obéir à la loi, c’est obéir à soi-même. Le contrat que Faure et ses chiens couchants veulent imposer aux Togolais par leur prétendu référendum sera un contrat de servitude. Le peuple togolais y oppose un refus catégorique. Les Togolais n’entendent plus renoncer à leur liberté. Car, « renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme, et c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté. » (Rousseau, Du contrat social, Livre I, Chapitre IV, GF Flammarion, 2012, p. 47) On n’est plus un homme lorsque renonce à sa liberté. Il n’y a pas de dédommagement possible lorsqu’on aliène sa liberté pour devenir esclave d’un homme, d’une famille, en l’occurrence. Rien ne peut combler le vide que créera cette aliénation.
 
Le contrat que propose Faure et son parti RPT/UNIR est un contrat truqué d’avance, bidouillé parce qu’aucun peuple ne peut pas avoir la sécurité en abandonnant sa liberté. Rien ne protégera les Togolais contre la dérive, l’arbitraire dictatorial de Faure et de ses bouchers. Sous prétexte d’atteinte à la raison d’État (à la sécurité de l’État), à l’ordre public, Faure et ses sbires peuvent faire emprisonner les Togolais, les faire fusiller, les tuer, les faire brutaliser, les torturer, les pousser à l’exil comme c’est déjà le cas. Accepter un tel référendum, c’est leur donner encore tous les pouvoirs de continuer à brimer les Togolais comme ils le font déjà depuis 12 ans.
 
Mensonge d’État
 
À Kara le 5 février 2015 Faure dit : « Et quand nous venons à des manifestations comme celles-ci, nous venons en tant que président de tous les Togolais. […] Je tiens à ce que l’opposition, les responsables de l’opposition soient respectés. Le droit de manifester est reconnu par notre Constitution. Il faut simplement respecter la loi quand on veut manifester. Donc l’opposition, si elle veut manifester tous les jours pacifiquement, je l’y invite. […]. Je ne veux plus que dans les manifestations comme celles-ci les responsables de l’opposition soient vilipendés. Je ne l’accepterai pas. » Ce discours, c’est de la poudre aux yeux. C’est du faux. Ce discours sonne faux et « choque la raison »; il ne s’accorde pas avec la réalité des Togolais. Ce n’est pas ce que nous voyons quotidiennement au Togo. C’est un discours fallacieux. Faure est un simulateur, un dissimulateur. Qui fait parler tous les jours la poudre au Togo, et même à l’heure où j’écris ces lignes ? N’est-ce pas Faure ? Qui empêche les Togolais de manifester ? Qui les traque, les torture; les blesse, les tue, les jette en prison …. ? N’est-ce pas Faure et ses chiens couchants ? Qui est alors l’ennemi de la paix au Togo ? Qui a cette soif inapaisable du pouvoir au Togo ? Le discours de Faure du 5 février 2015 est une fumisterie; il est funambulesque.
 

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