La crise au CAR se précise : Me Apévon replace les débats


« Le Président National,
Lomé, le 05 Juillet 2016
 
LETTRE OUVERTE
A Me Yaovi AGBOYIBO
Président d‘honneur du CAR
 
Monsieur le Président d’honneur,
 
A mon retour de voyage, j’ai reçu transmission de la lettre ouverte en date du 18 juin 2016 m’interpellant à convoquer un congrès extraordinaire du parti dans le délai d’un mois, lettre que vous avez rédigée et fait adopter sans débat par un groupe de personnes que vous avez réuni à grands frais à la MUGET en payant leurs frais de déplacement, de logement et des perdiem pour service rendu.
 
Je constate avec tristesse et dégoût que, loin de prendre conscience de la gravité de la crise dans laquelle vous avez plongé le CAR depuis quelques années, crise qui a atteint son paroxysme à l’occasion de la quatrième tentative d’organisation de notre congrès, vous vous plaisez allègrement à l’alimenter par vos manœuvres dont le seul objectif est de m’écarter de la direction du parti pour reprendre les commandes.
 
Dois-je vous rafraîchir la mémoire en vous rappelant au passage que c’est au cours de l’une de nos dernières réunions du présidium que vous avez solennellement déclaré devant tous les responsables réunis ce jour là que je ne vous aurais pas soutenu lors de l’élection présidentielle de 2010 et que c’est depuis 2010 que vous avez décidé de me remplacer par Jean KISSI et que n’eussent été les hésitations de dernière minute de ce celui-ci, vous auriez réglé ce problème depuis ? Je précise qu’en 2010, j’étais seulement dans ma deuxième année à la tête du parti.
 
Vous avez en effet multiplié depuis lors toutes sortes d’entraves pour m’empêcher d’évoluer et parvenir ainsi à vos fins.
 
Mais aujourd’hui, pour duper et abuser l’opinion, vous avez l’indécence de faire répandre sur les média par vos petits manipulés que la crise est née du fait qu’après avoir effectué deux mandats, je refuse de partir, tout en sachant, en grand juriste que vous êtes, que ce raisonnement est fallacieux et juridiquement intenable.
 
J’ai décidé de réagir à votre dernière manœuvre car en tant que responsable politique et éducateur des masses populaires, je n’ai pas le droit de passer sous silence la mascarade organisée à la MUGET et dont vous vous délectez car elle est de nature à abrutir dangereusement les militants dont nous avons la charge et les citoyens togolais.
 
Le but recherché à travers ce tintamarre est de prouver aux Togolais que vous êtes soutenu par 33 fédérations et que ceux qui contestent votre retour à la tête du CAR ne représentent rien. C’est d’ailleurs ce que vos ‘’champions en communication’’ s’égosillent à démontrer en vain sur les média.
 
Mais faites le au moins dans la légalité.
En effet, dans votre obsession à parvenir coûte que coûte à vos fins, vous avez volontairement décidé de tordre le cou à nos statuts car on ne sait sur quelle disposition desdits statuts vous avez arrimé la réunion de la MUGET ;
 
En tout cas, elle n’est pas la conférence des présidents fédéraux prévue par l’article 65 et qui ne peut être convoquée et présidée que par le Président National que je suis.
 
Elle ne peut non plus être axée sur l’article 34 qui donne la possibilité aux deux tiers des fédérations de demander un congrès extraordinaire. Si c’est le cas, il aurait fallu que chacune de ces fédérations tienne une assemblée fédérale en son sein sur le sujet et à l’issue de laquelle les militants prennent une décision sanctionnée par un procès-verbal. Et ce n’est que lorsque ces décisions proviennent des deux tiers des fédérations que la demande est prise en compte.
C’est parce que le machin qui s’est réuni à la MUGET n’est prévu nulle part dans nos textes que vos ’’experts en communication’’ ont éprouvé de sérieux malaises sur les média pour préciser la base juridique de la réunion et parlent plutôt de ‘’rencontre informelle’’.
 
Comment des gens réunis de manière informelle en violation des dispositions statutaires peuvent-ils prendre une décision demandant la tenue d’un congrès extraordinaire prévu par les statuts ?
 
Mieux, comment les gens qui ont participé à cette kermesse ont-ils été cooptés ?
 
Une analyse de la liste d’émargement annexée à la lettre ouverte permet d’y déceler plusieurs anomalies.
 
Il ressort des informations recueillies que tous les présidents fédéraux qui ont clairement manifesté leur opposition à votre projet de reprendre les rênes du parti ont été contournés et remplacés par d’autres militants dont certains ne sont même pas du bureau fédéral. C’est le cas notamment de NASSAYA Malick de Kpendjal, LAMBONI Falatom de Tandjouaré, ATEKPANI Ferdinand de Kéran, HODIBA Jean de Kozah, MENYAOSSAN Koffi d’Amou, OBAGOU Victor des Lacs.
 
Mais le plus ahurissant est qu’en émargeant la liste de présence, certains des cooptés se sont donné le titre de président fédéral à la place des vrais présidents fédéraux, commettant ainsi de faux.
 
Les cas les plus notoires sont constatés dans les délégations des fédérations ciaprès :
Kpendjal : un certain TCHAFANDO A. qui n’est que le rapporteur dans le bureau fédéral a usurpé le titre de président fédéral sur la liste d’émargement et son second SANDANI Boliyabidi qui n’est même pas dans le bureau fédéral a signé comme vice-président.
 
Tandjouaré : le nommé LAMBONI Tampo qui est un total inconnu des vrais responsables fédéraux, est devenu miraculeusement le président fédéral lors de la fameuse réunion et son acolyte KANE Laré Kpiwimoni, non connu également, a pris le titre de vice-président.
 
Kéran : le nommé TANIFA Potimpa dit être le président fédéral alors qu’aucune assemblée fédérale ne lui a conféré ce titre.
 
Kozah : le sieur AWEZIMA Essodomna qui n’est que le vice-président a pris la place du président fédéral qui n’a pas été invité.
 
C’est pour atteindre coûte que coûte sur papier un certain nombre de présidents fédéraux que vous et vos affidés, organisateurs de la mystérieuse rencontre, avez donc poussé certains participants à commettre du faux que vous utilisez abondamment sur les média et dans les fédérations. C’est dommage pour des démocrates que nous prétendons être.
 
Il nous est rapporté que certains présidents fédéraux sont allés à la réunion malgré l’avis défavorable des membres du bureau fédéral.
 
D’autres ont gardé l’invitation secrète jusqu’à leur départ pour Lomé
 
D’autres enfin se sont rendus de bonne foi à la rencontre en croyant qu’il s’agit d’une activité régulière du parti et ont regretté après d’être pris au piège, n’ayant eu la moindre possibilité de faire une quelconque observation sur le document préfabriqué qui leur a été présenté.
 
Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que le grand Lomé est aujourd’hui subdivisé en huit fédérations. Pourquoi alors retourner à l’ancien découpage et ne coopter que les responsables de Lomé Commune et Lomé Golfe qui sont vos plus farouches suppots ? C’est de la pure supercherie.
 
Je voudrais vous rappeler pour finir que vous êtes le seul et unique artisan du blocage actuel du parti par vos manœuvres notamment votre message du 26 Février 2016 dans lequel vous avez incité clairement les responsables ‘’à œuvrer en sorte que le prochain congrès ne s’ouvre qu’après le règlement de la crise que le CAR traverse’’, le refus soutenu de votre camp de reprendre les activités du parti tant que le consensus recherché pour votre retour n’est pas trouvé. C’est en bravant ce refus que j’ai tenté d’organiser quelques réunions du Comité Directeur et autres qui ont failli se terminer dans l’affrontement et la violence par de vos partisans.
 
Et pourtant, vous tentez de me présenter aujourd’hui comme le bouc émissaire du blocage. C’est malsain.
 
Vous devez savoir qu’il y a une fin pour toute chose et qu’il n’y a pas d’homme indispensable sur la terre. Les Togolais en général et les militants du CAR en particulier en ont marre de toutes ces combines inutiles et tous ces micmacs politiciens qui les découragent, les dégoutent et les éloignent de plus en plus de la chose politique. »
 
Me Paul Dodji
source : Togo Emergence
 

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