En séjour sur le vieux continent, le président du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio a effectué desvisites de travail dans certaines capitales poursensibiliser les autorités européennes sur la situation sociopolitique togolaise. La même sensibilisation a éte menée au niveaudes médias. Dans une interview accordée à la chaîne europorter.tv, Nathaniel Olympio a interpellé l’Union Européenne sur la nécessité d’exhorter le gouvernement togolais à faire établir des pièces d’identitéaux populations afin qu’elles puissent participer efficacement à relever les défis de l’heure.
Nathaniel Olympio a d’entrée fait sans détour l’état des lieux de la situation politique togolaise, avec la confiscation du pouvoir politique par la famille Gnassingbé depuis plus d’un demi-siècle. « Au Togo, nous avons une même famille qui dirige le pays depuis plus de 53 ans. Malheureusement, le passage de père en fils ne se fait pas de manière démocratique, mais plutôt par coup d’Etat. Les Togolais veulent simplement un environnement politique qui change et une alternance à la tête de l’Etat qui se fasse de manière pacifique. Pour cela, les Togolais veulent que l’environnement électoral soit équitable et transparent. Ils veulent avoir des dirigeants qui leur accordent la possibilité de s’épanouir, la possibilité de contribuer à la richesse nationale. Aujourd’hui ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré.
Le président du Parti des Togolais est surtout revenu sur le sujet central qui concerne le quotidien des Togolais et les réalités qu’ils vivent. Il a notamment mis l’accent sur l’absence de pièces d’identité pour la majorité des citoyens. « Au Togo, il n’y a pas une seule entreprise privée qui ne soit pas affidée au pourvoir. Cela voudrait dire que l’investissement privé même n’est pas aujourd’hui quelque chose de libre. Et si l’environnement et le climat des affairesne sont pas bons, vous ne pouvez pas avoir des investisseurs ni qui viennent de l’intérieur du pays, ni qui viennent de l’extérieur pour contribuer au développement du pays. C’est pour cela que les Togolais ont besoin d’être détenteurs de cartes nationales d’identité. Aujourd’hui, plus de 85% des Togolais n’ont pas de carte d’identité. L’OIF avait souligné que plus de 75% des Togolais n’ont pas d’acte de naissance. Comment peut-on être citoyen sans être reconnu par l’Etat si cet Etat refuse de donner un acte de naissance et une carte nationale d’identité ? C’est d’abord une question de droit naturel, mais aussi de sécurité nationale », a-t-il martelé.
Nathaniel Olympio rappelle les menaces terroristes qui frappent aux portes du Togo. Il estime qu’il est important que le Togolais puisse contribuer à la lutte contre ce fléau. Mais comment les Togolais à qui on refuse la citoyenneté, qui sont apatrides dans leur propre pays, peuvent-ils avoir le patriotisme qu’il faut pour lutter contre le terrorisme ? « C’est un grand problème pour le Togo et la sous-région. C’est pour cela qu’on doit tout faire que le régime togolais donne l’acte de naissance, une carte nationale d’identité aux Togolais », a-t-ildit.
Le président du Parti des Togolais n’a pas manqué de mettre l’Union Européenne face à ses responsabilités, puisque les 22 engagements que le Togo avait pris sont toujours en souffrance dans leur mise en œuvre.« L’Etat togolais avait pris des engagements pour améliorer les conditions démocratiques et la question de la carte nationale d’identité figurait bien dans ces engagements. Aujourd’hui, nous sommes en 2019 et cette question n’est toujours pas réglée. Je pense que l’implication de l’UE dans la consolidation des institutions est une bonne chose. Maintenant, il faut que cela se traduise par des faits concrets qui touchent le quotidien des Togolais, et l’un des points forts du quotidien des Togolais, c’est d’avoir une carte nationale d’identité pour accéder aux services de base, que ce soit bancaire ou simplement avoir le droit de circuler librement et de pouvoir sortir du pays. Les Togolais sont devenus des prisonniers dans leur propre pays. L’UE doit avoir un regardtrès précis et très important sur la question des cartes nationales d’identité, sinon tout le reste devient difficile », a-t-il plaidé.
Pour finir, il a citédes exemples des pays voisins qui peuvent être implémentés au Togo pour résoudre le problème d’acte d’identité. « Dans les pays comme le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire ou le Bénin, au Niger également …dans beaucoup de pays de la région ouest africaine, on a organisé des audiences foraines, c’est-à-dire que les juges sont allés dans les villages partout pour délivrer des actes de naissance et des pièces d’identité par après. En Côte d’Ivoire où il y a près de 22 millions d’habitants, cela a été fait en 4 mois. Au Togo, nous sommes moins de 8 millions d’habitants. Avec la volonté politique, en 3,4 mois, cette question de carte nationale d’identité est réglée et cela va permettre aux Togolais d’être des acteurs de la construction de leur pays », a conclu Nathaniel Olympio.
Shalom A
source : Liberté