Le 09 septembre 2021, le gouvernement a durci les mesures édictées dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Dans un communiqué, il a décrété, pour une durée d’un mois à compter du 10 septembre 2021, l’interdiction de toutes les manifestations culturelles, sportives et politiques, l’interdiction de toutes les célébrations de mariages civils, religieux et traditionnels ; la fermeture de tous les lieux de culte ; et la présentation d’une preuve de vaccination pour accéder aux bâtiments administratifs, entre autres. Le comble, c’est que les usagers de la route sont de plus en plus soumis au contrôle du pass sanitaire.
Dans la logique du communiqué gouvernemental, il s’en est suivi une panoplie de communiqués et de notes de services dans divers départements de l’administration interdisant l’accès des locaux à toute personne ne présentant pas la preuve de sa vaccination.Et comme on pouvait s’y attendre, cette situation a suscité le zèle de certaines autorités administratives qui se sont érigées en de véritables dieux, martyrisant tous ceux qui, à tort ou à raison, refusent de se faire vacciner. « Dans chaque service public, chaque chef d’administration y va de ses mesures restrictives et les usagers des services publics, livrés à eux-mêmes y subissent le couperet », déplore l’Association des usagers du service public (AUSEP), dans un communiqué publié le 21 septembre 2021. Aux termes du même communiqué, l’association a dénoncé le parti pris de l’Assemblée nationale ainsi que des autres institutions de la République qui ont pris fait et cause pour le gouvernement. « L’Assemblée nationale, semble plus proche du gouvernement que des populations qu’elle est censée défendre et protéger. Le suivi parlementaire de l’action gouvernementale est quasi inexistant et le parlement est totalement aphone devant plusieurs cas de corruption, de mauvaise gouvernance et de violations des droits et libertés des citoyens. Les critères d’un parlement démocratique (transparence, ouverture, responsabilité, efficacité, redevabilité) sont loin d’être une réalité au Togo. La banalisation de l’état d’urgence sanitaire semble avoir le vent en poupe. Il s’ensuit une course effrénée à la vaccination pour une population abandonnée par ses institutions protectrices : médiateur de la République, la Cour constitutionnelle, la CNDH, l’Assemblée nationale, la Cour suprême, etc. », dénonce-t-elle.
L’AUSEP a également exigé la publication du règlement intérieur et des avis du conseil scientifique, la mise sur pied d’une stratégie vaccinale personnalisée prenant en compte les contre-indications médicales, la création d’une agence nationale d’indemnisation des accidents médicaux et post vaccinaux, la prise d’une loi portant protection des citoyens contre la vaccination obligatoire en période d’état d’urgence sanitaire au Togo, la création d’une commission spéciale parlementaire chargée du suivi de l’état d’urgence sanitaire ou son annulation, la prise des mesures contre la vie chère, et enfin, la relecture intégrale du code de la santé publique au Togo et la prise d’une loi portant protection des droits des malades.
Mais les abus ne passent pas qu’au niveau du gouvernement et dans les services publics. Sur les routes également, les forces de l’ordre et de sécurité s’érigent en de véritables « bandits » en intensifiant les rackets. Nous n’évoquons pas ici le contrôle du port de masque sur les routes, pratique instaurée depuis avril 2020 avec la mise en œuvre de l’Etat d’urgence sanitaire. Depuis le 09 septembre 2021 et l’instauration de l’obligation de présentation de preuve de vaccination pour avoir accès aux services publics, une autre forme d’abus et d’escroquerie s’est installée sur les grands axes routiers, notamment Lomé-Aného, Lomé-Kpalimé et Lomé-Tsévié. Et les témoignages sont nombreux. « J’étais en route pour Aného et arrivé à un poste de contrôle, l’agent me demande de présenter ma carte de vaccination. Je lui ai demandé s’il a bien lu le communiqué du gouvernement et il m’a laissé continuer ma route », rapporte un chef d’entreprise.
Mais les plus nombreuses victimes de cette forme d’abus se retrouvent parmi les commerçants qui voyagent à bord des taxis. « Quand on arrive aux points de contrôle, les agents demandent à voir les pièces du véhicule et du conducteur. Ils demandent ensuite à voir la carte vaccinale pour le chauffeur et les passagers. Si vous ne l’avez pas, vous garez sur le côté. Vous êtes contraints de payer quelque chose avant de repartir », raconte un taximen. « Ils nous embêtent trop à cause de cette carte de vaccination alors que nous ne travaillons pas dans la fonction publique », renchérit un autre qui assure avoir payé 1000 FCFA pour pouvoir continuer la route.
Une situation qui découle naturellement de l’abus organisé par le gouvernement en exigeant une preuve de vaccination pour l’accès aux bâtiments publics. Ne dit-on pas que c’est par la tête que pourrit le poisson ?
G.A.
source : Liberté