Discours de Nouvel An : Ce que Faure Gnassingbé devra dire au peuple togolais


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C’est vrai que Faure Gnassingbé est un homme de surprises et qu’il pourrait décider de se passer du fameux discours de fin d’année sans que cela n’émeuve personne.

Mais il semble très probable et même évident qu’il le dira ce 31 décembre à 20heures comme il en a pris l’habitude depuis plusieurs années déjà.

Alors que dira-t-il concrètement à ce peuple dont les aspirations légitimes ont longtemps été rangées au second plan par ce pouvoir qu’il incarne ?

Par les années passées, beaucoup de promesses avaient été faites sans suite. Et de jour en jour, à tout point de vue, les problèmes du peuple s’accentuent, s’accroissent, s’amplifient, se diversifient….

Par où le Chef de l’Etat prendra-t-il pour rassurer ce peuple qu’il peut encore espérer ? La tâche est sans doute difficile, très difficile.

Mais comme à son habitude, le Président de la République ne se fera pas l’économie d’affirmer que son pouvoir, durant cette année, a fait beaucoup de routes aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays.

Il va même donner le nombre de km de routes déjà réalisés, comme l’a fait récemment son ministre des travaux publics comme s’il s’agissait d’une prouesse exceptionnelle dont la réalisation a été possible grâce à la poche personnelle du Chef de l’Etat.

Le fils du feu général ne s’empêchera pas non plus de se féliciter d’avoir organisé des élections législatives qui ont connu « un franc succès ».

Il dira aussi que le Togo a affirmé sa diplomatie par ses pertinentes interventions au conseil de sécurité des nations unies et l’envoi de ses troupes sur les théâtres de guerre en Afrique.

Faure Gnassingbé nous dira certainement que malgré l’environnement économique assez austère, le Togo a eu une croissance de plus de 5% et que les perspectives pour 2014 sont bonnes.

Peut-être qu’il va tirer les leçons des différentes critiques dont ses discours antérieurs ont fait l’objet pour s’abstenir de dénoncer sans sévir ou de promettre sans réaliser.

Mais il ne manquera certainement pas de rappeler que son gouvernement a fait un sacrifice inouï pour les enseignants et les médecins et que beaucoup de mesures incitatives sont prévues dans le budget 2014 pour juguler la crise sociale et assurer un mieux-être aux travailleurs. Tout cela est sans doute bien.

Seulement voilà, le peuple a besoin de plus que ce qui est énuméré plus haut.

Le peuple à qui appartient les biens du pays a besoin de savoir comment ces biens sont répartis et gérés au quotidien.

Combien a-t-on engrangé de recettes durant l’année et à quelles fins ces ressources ont été utilisées. L’on nous dira que le budget règle ce volet.

C’est faux, très faux. Tant que la loi de règlement ne sera pas en vigueur pour contraindre le ministre des finances à faire le point des recettes réelles et des dépenses au cours de l’année, c’est vain que l’on parlera d’un bilan financier juste au Togo.

Le peuple a besoin de savoir quel est le niveau actuel des dettes que contracte le régime auprès des partenaires pour financer justement les infrastructures dont il se vante aujourd’hui.

Il veut aussi savoir à quoi ont servi les dettes qui ont été remises au pays après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE.

Pour qui suit les discours du ministre des finances à l’occasion de la remise de chaque dette par les partenaires, il est toujours dit que ces fonds seront alloués à des secteurs sociaux (éducation, santé) et aux infrastructures.

Car tout le monde sait qu’avant d’atteindre le PPTE, tous les partenaires exigent que le pays présente des projets viables qui pourront absorber les fonds qui seront cédés à ce pays.

Le Président de la République devra alors dire au peuple togolais ce que l’on a fait de ces fonds au point qu’en moins de trois ans, ces secteurs soient plus que jamais en ébullition du fait de la précarité qui les caractérise.

Le fils d’Eyadema devra aussi nous dire à quel moment précis de l’année 2014 entend-il se résoudre à organiser des élections locales au Togo.

Quelle est la suite qu’il souhaite donner au rapport du HCDH qui vient de mettre à la place publique tous les errements et carences de la justice ainsi que les pratiques nocives qui y ont pris corps surtout avec l’onction des personnalités influentes du pouvoir en place ?

Comment entend-il s’y prendre pour mettre de l’ordre dans ce corps judiciaire dont le fonctionnement fait la honte de tout le peuple aujourd’hui ?

Par quel bout prendra-t-il pour mettre fin à la pagaille qui est organisée dans les affaires signalées telles que l’affaire des incendies et celle de Pascal Bodjona ?

En ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations de la CVJR par où veut-il réellement commencer, à quel moment et de quelle manière ?

Quelle suite veut-il vraiment donner au cas Kpatcha Gnassingbé dont le procès, selon l’arrêt de la cour de justice de la CEDEAO, n’a pas été équitable ?

Il faut aussi rappeler que dans le même arrêt, la cour a relevé que les droits de la défense n’ont pas du tout été respectés. Alors le Togo est-il un Etat de droit ou une dictature ?

Le Chef de l’Etat qui est en même temps le premier magistrat du pays et garant du fonctionnement normal et orthodoxe des Institutions de la République devra impérativement situer le peuple par rapport à la nature de son régime (républicain ou dictatorial ?).

En ce qui concerne la gestion même de l’administration publique, Faure Gnassingbé se doit d’expliquer aux togolais les raisons qui fondent les multiples cumuls de fonctions qu’il initie, promeut et pérennise dans des postes stratégiques de l’appareil de l’Etat.

Il faudrait que le peuple comprenne ce paradoxe curieux et choquant qu’il vit et qui consiste à maintir les mêmes personnes aux mêmes places privilégiées de l’Etat, au moment même où des compétences et non des moindres, sont laissées pour compte alors que ces postes stratégiques sont entre les mains des « has been » ou des individus branlants et rouillés à tout point de vue.

Par son discours du 31 décembre prochain, Faure Gnassingbé devra donner la preuve convaincante qu’il s’intéresse réellement aux divers problèmes et défis qui se posent au pays et qu’il en a une connaissance juste.

Au-delà de l’œil très attentif qu’il place sur les officiers des FAT et dans l’armée en général, Faure Gnassingbé devra rassurer les togolais qu’il a aussi la même capacité de suivre les affaires du pays avec autant d’attention et d’efficacité.

Car jusqu’à preuve du contraire, l’on a le désagréable sentiment que le Togo a à sa tête, un héritier qui ne s’intéresse qu’aux moyens de conserver le pouvoir, d’en jouir autant que possible et de s’y pérenniser au mépris de tout bon sens et de toute morale.

C’est possible que ce sentiment soit infondé, c’est aussi possible que le Chef de l’Etat soit un Président incompris de son peuple.

Et c’est justement l’occasion ou jamais pour lui de chercher les moyens appropriés pour désormais se faire comprendre à moins qu’il n’ait pas encore compris qu’il est supposé tenir son pouvoir du peuple et non d’une autre source.

 

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