Economie – FMI : Un rapport qui pointe du doigt le surendettement du pays et l’aggravation des déficits budgétaires


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Les rapports entre le Togo de Faure Gnassingbé et le FMI avaient déjà du plomb dans l’aile compte tenu de la gestion catastrophique du pays suite à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE ( Pays pauvre très endetté). Le dernier rapport du FMI : (Rapport N° 15/100 sur les politiques communes des Etats de la Zone UEMOA) publié le 15 avril 2015 n’est pas pour arranger les choses.
 
Ce document d’une soixantaine de pages passe au crible la situation financière et l’économie des pays membres de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine). Globalement ce rapport dresse un certain nombre de constats sur la zone UEMOA, particulièrement une croissance dynamique ( 6,1% en 2014) avec une inflation modérée même si le déficit budgétaire a atteint le niveau le plus élevé depuis 20 ans (Le déficit budgétaire global (dons compris) s’est monté à 4,6 % du PIB en 2014, contre 2,9 % en moyenne au cours de la décennie écoulée, ce qui tient à l’accroissement de l’investissement public visant à remédier au déficit d’infrastructures, surtout au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Niger.
 
Comme les recettes fiscales sont globalement restées stables, à 16 % du PIB, les pays ont fait de plus en plus appel au marché financier régional, mais se sont heurtés à de nouvelles difficultés en 2014 lorsque les émissions obligataires de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Togo n’ont pas été entièrement souscrites. La dette publique totale a légèrement reculé pour s’établir à 38,1 % du PIB).
 
La croissance devrait rester vigoureuse même si des risques pèsent sur les perspectives, d’où une recommandation pour mettre en exécution les programmes d’assainissement des finances publiques. Parmi les facteurs de risques énumérés dans ce rapport, on note :
 
-Flambée de la volatilité des marchés financiers mondiaux;
-Vigueur persistante du dollar;
-Période prolongée de ralentissement de la croissance
 
dans les pays avancés et émergents;
Décélération de la croissance et risques financiers en Chine;
Intensification du risque de fragmentation/défaillance des États au Moyen Orient, entraînant une poussée brutale des cours du pétrole, dont les conséquences pour l’économie mondiale seraient défavorables etc. qui sont, entre autres, les risques exogènes.
Quant aux risques régionaux, ils se déclinent en plusieurs points notamment: Risques politiques et sécuritaires, effets de contagion régionaux compris, Retards dans l’exécution des réformes nationales et régionales dans les domaines suivants :
i) assainissement des finances publiques;
ii) investissement dans l’infrastructure;
iii) secteur énergétique;
iv) gestion des finances publiques;
v) secteur financier;
vi) intégration régionale;
Conditions climatiques défavorables, Retombées régionales de la flambée de l’épidémie d’Ébola.
 
Pour préserver la stabilité macroéconomique de la zone, une série de recommandations sont adressées aux autorités de la région et à la commission de l’UEMOA. La concrétisation de l’assainissement des finances publiques, l’accompagnement des pays par la Commission de l’UEMOA pour l’appropriation des critères de convergence, l’obligation pour La Commission de l’UEMOA de pousser les autorités à améliorer la gestion des finances publiques pour que leurs ambitieux programmes d’investissement public se traduisent par des résultats qui activeront la croissance etc.
 
De ce rapport, on peut analyser et décrypter la situation de l’économie togolaise. En 2010, le Togo était à 32% du PIB, une situation qui a amené le FMI à l’admettre à l’initiative PPTE. Mais ce qui inquiète plus le FMI, c’est qu’en 2013, soit 3 ans après, le Togo est passé à 54% du PIB alors que le plafond à ne pas dépasser selon le système monétaire, est de 70%. Il y a un surendettement rapide. Une situation qui inquiète le FMI. En d’autres termes, le Togo peut de 2014 à 2015 atteindre le plafond. Autre inquiétude, le solde primaire du Togo est négatif, un indicateur pour un pays en faillite; autrement dit l’économie nationale ne tourne plus, puisque les dépenses primaires dépassent largement les recettes.
 
De juin 2014, les recettes du Togo qui devaient rentrer depuis juin 2015 dernier sont toujours attendues. Selon des sources, le Togo fait appel à une levée de fonds de plus de 20 milliards de F CFA sur le marché monétaire. Ce qui revient à dire que la situation financière est vraiment inquiétante. La dette auprès du FMI s’élève à 254,5 millions de dollars US soit environ 130 milliards de F CFA en 2012, une hausse des recours de 26, 49% en 4 ans. Selon plusieurs économistes, le pays n’a plus de ressources nécessaires pour effectuer les
dépenses primaires (payer les fonctionnaires, par exemple). Le pouvoir a mis en place un circuit très officieux entre le Trésor public et certains établissements financiers de la place pour payer les fonctionnaires. A cette allure, le Togo est sur la voie d’être admis à un second PPTE. Les dettes actuelles du pays ne sont pas des dettes bilatérales ; au contraire, ce sont des dettes contractées auprès des banques. De façon générale, le constat qui découle de ce rapport se résume ainsi :
 
problèmes prévisibles de viabilité de la dette, retombée négative sur la croissance future de l’économie togolaise, le déficit budgétaire qui a atteint le niveau le plus élevé depuis 20 ans, le ratio dette/PIB de 70% devrait être considéré comme plafond et non comme niveau optimal de convergence.
 
Ce rapport décline également des recommandations spécifiques pour le Togo, notamment le relèvement progressif du solde primaire, l’amélioration du suivi des financements de l’investissement public et de la gestion de la dette publique, la définition des mesures ciblées pour favoriser une croissance solidaire et résorber la pauvreté.
 
En plein débat sur la crise grecque avec son corollaire de mesures d’austérité à la suite d’une gestion calamiteuse du pays, ce nouveau rapport inquiétant du FMI doit pousser les économistes togolais à sortir de leur mutisme pour expliquer aux citoyens la réalité actuelle de notre pays, notamment les questions liées au recours aux fonds vautours et au cycle pernicieux de surendettement.
 
PCK
source : L’ALTERNATIVE – N°441 du 21 Juillet 2015
 

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