Editorial de Fenêtre sur l’Afrique du 27 Avril 2016 : Naturalisation de Blaise Compaoré ou l’entre-soi malsain de Dramane Ouattara


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Depuis la tombée de l’information, aussi bien la sphère médiatique régionale et internationale que les réseaux sociaux se sont mis en branle. Et, à des égards, à raison.
 
Même si la passion et l’émotion ont été ou sont, pour la plupart des réactions, le moteur, toujours est-il que l’acte posé par Alassane Ouattara, vu tous les débats autour de la personne de Blaise Compaoré, ne peut laisser indifférent. Il ne peut que prêter le flanc à de commentaires voire d’interprétations diverses, aussi raisonnées qu’émotives.L’événement, pour ce qui est de notre propos, doit être analysé sous deux angles à savoir le prisme juridique et le politique.
 
Juridiquement, Blaise Compaoré a le droit de se faire naturaliser ivoirien de par sa situation matrimoniale. Il est marié à une ivoirienne d’origine et a, de ce fait, tout loisir de demander la nationalité de son épouse. Est-ce pour autant que cette nouvelle nationalité le soustrairait à toute obligation voire de toute comparution devant les autorités compétentes de son pays d’origine, la réponse est clairement NON. M. Compaoré est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités burkinabè avant même la prise du fameux décret portant sa naturalisation. Même si ceci fut fait après le décret, il y a un précédent ivoirien qui assure la réalité de l’extradition d’ivoirien même d’origine par le pays des Eléphants. Qu’il nous souvienne le cas de celui que la presse française a surnommé le chef du « gang des barbares », un certain Youssouf Fofana. Ce dernier, alors qu’il s’était réfugié dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, fut arrêté et extradé par les autorités ivoiriennes à la demande de la justice française. Bref, soutenir mordicus que Blaise n’est plus extradable vers le pays des Hommes Intègres serait vite aller en besogne.
 
Sous le prisme politique, Dramane Ouattara a fait montre d’une irresponsabilité notoire en posant cet acte. Pourquoi, alors que les dispositions légales le lui permettait, Blaise Compaoré n’avait jamais exprimé ni l’envie ni le besoin de se naturaliser ? Pour un « fin-politique » que Ouattara se targue d’être, comment pouvait-il ignorer ou éluder les conséquences politiques d’un tel décret ? Il est conscient de la procédure engagée par les autorités burkinabè à l’égard de son hôte. Surtout qu’il a tenté inlassablement et maladroitement de traiter le cas Guillaume Soro, confondu de son soutien et implication effectifs dans le putsch avorté au Burkina Faso, par la diplomatie alors que la justice burkinabè s’est saisi du dossier et poursuit le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
 
La naturalisation de François Compaoré, frère cadet de Blaise montre à suffisance que les décrets sont plutôt un acte politique posé par de M. Ouattara. François aussi est-il marié à une ivoirienne ? Le Chef de l’Etat ivoirien dispose d’un pouvoir discrétionnaire, comme ailleurs, pour accorder la nationalité de son pays à des personnes pour diverses raisons allant de l’humanitaire à la pose d’actes jugés rendant de services importants au pays hôte.
Néanmoins des questions restent posées. Le Président ivoirien aurait-il naturalisé la fratrie Comapaoré pour services rendus à la Nation ? Si oui lesquels ? Ou alors s’agirait-il d’un innocent acte humanitaire ? Ou encore, son acte serait-il un geste amical à l’endroit d’un vieil ami traduisant un échange de bon procédé ?
 
Toujours est-il que M. Ouattara semble affectionner un certain entre-soi, à la fin, un peu malsain car paraissant mépriser des populations entières au profit d’un certain confort témoigné à l’égard des composants de son cercle. En Côte d’Ivoire, alors que des milliers de victimes crient et réclament encore la justice, Dramane Ouattara s’entoure de quelques-uns des présumés bourreaux qui vivent gracieusement des deniers et autres honneurs de l’Etat. Au Burkina Faso, alors que et les autorités et la population demandent que Blaise Compaoré et ses proches complices répondent de leurs actes non moins criminels, le Chef de l’Etat ivoirien semble imperméable à cette requête, et ne paraît préoccupé que par la vie insouciante de ses invités burkinabè.
 
Reste à espérer que les autorités politiques et judiciaires du Burkina Faso continuent de faire preuve de fermeté, de ténacité et de responsabilité pour que la procédure engagée à l’encontre de Blaise Compaoré aboutisse, et celle de GuillauneSoro avec. Quitte à, en cas de nécessité, avec l’appui des instances judiciaires africaines, faire juger les concernées par un tribunal pénal international africain ad-hoc en Côte d’ivoire comme dans le cas Hissène Habré.
La Rédaction de FSA
Radio Kanal K, Suisse
 

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