La campagne électorale pour les locales du 30 juin prochain a été officiellement lancée le vendredi 14 juin et elle se poursuit jusqu’au 28 juin. Une phase qui rapproche inexorablement du scrutin proprement dit. Le pouls de cette opération de drague des électeurs et des préparatifs du processus en général, à douze (12) jours d’un scrutin attendu par les populations pour arracher une autonomie de gestion de leurs collectivités et s’affranchir un tant soi peu du joug du régime cinquantenaire en place…
Campagne peu animée
La drague des électeurs pour la conquête des postes de conseillers municipaux et de maires le 30 juin prochain lancée officiellement le vendredi 14 juin dernier, est à son cinquième jour. Le commun des observateurs s’attendait à un démarrage sur des chapeaux de roue, au vu de l’intérêt suscité par ce scrutin. Mais c’est à un début timide que l’on assiste. En tout cas, ce n’est pas la grande ambiance espérée.
En effet, au lever du jour de vendredi dernier, c’est à peine que des signaux de la campagne étaient visibles. Seules quelques affiches collées sur des murs et autres endroits signalaient le démarrage de cette opération de drague, et pour la plupart, ce sont ceux du parti jamais rassasié du pouvoir, avec une au passage du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) d’Agbeyomé Kodjo ou de la Coalition des 14. Le commun des observateurs avait mis cette timidité sur le coup du début et pensait que la campagne allait être plus animée les samedi et dimanche derniers. Mais c’est à peine que l’ambiance était différente de celle de la veille. L’appétit viendra-t-elle en mangeant ? Peut-être que cette semaine qui a débuté hier, va connaitre un plus grand entrain.
A part les affiches accolées sur des murs, certaines caravanes de véhicules et/ou de motos, avec les couleurs et identifiants des candidats ont parcouru des artères de la ville de Lomé ; et ce sont beaucoup plus les grands partis qui se sont illustrés ainsi. Dans certains quartiers, des jeunes habillés aux couleurs du RPT/UNIR rentraient dans les maisons, pour aller parler aux habitants et les convaincre de voter pour les candidats de ce parti. Une première…
A Lomé, l’ambiance n’est pas vraiment perceptible dans la basse ville, contrairement à la périphérie nord. On imagine qu’elle devrait être plus chétive à l’intérieur du pays. dans la capitale, c’est seulement par endroits que certains meetings de candidats du RPT/UNIR voient du monde relatif. Connaissant les habitudes de la maison, on peut bien imaginer que ce sont les billets de banque et autres petits gadgets qui appâtent les gens. Et ce sont les indépendants, les vrais sans moyens et non les artificiels créés par le pouvoir, en fait ses cadres confirmés qui se sont dans la peau d’indépendants pour bluffer l’opinion et fausser les données, qui en pâtissent le plus. « Le pouvoir a gâté le terrain avec l’argent. Quand tu rencontres même des gens que tu connais et leur dit de voter pour toi, ils te disent : « donne-nous quelque chose d’abord ou bien achète-nous à boire» », confie l’un de ces « petits » candidats qui dit n’avoir à offrir que sa jeunesse et son dynamisme dans la gestion de leur commune…
Particularité de ces locales, sans doute l’effet de l’évolution technologique, la campagne se déroule aussi sur les réseaux sociaux. Facebook, Whatsapp…c’est une sorte de compétition qui est organisée sur ces médias, avec les candidats qui postent leurs visuels ou les envoient à des amis et requièrent leurs votes. Certains parleront de « visuelchallenge ». C’est beaucoup plus au niveau des candidats indépendants que cette stratégie est privilégiée, visiblement à défaut des moyens financiers et logistiques.
Le point des (im)préparatifs
« Cette opération de charme est un moment déterminant, voire crucial pour notre pays dans sa ferme volonté de poursuivre le raffermissement de ses acquis démocratiques et du consensus des acteurs politiques autour des valeurs à dimensions politique et sociale qui font la fierté de notre peuple, au plan national et local (…) Il est de notre devoir à tous de faire en sorte que les élections municipales du 30 juin 2019 soient une opportunité pour conforter, malgré nos divergences notamment politiques, la richesse de notre diversité à bien des égards ainsi que la stabilité et la paix sociale chères à notre pays. Ayons donc tous un comportement citoyen afin de pouvoir créer des espaces de liberté de choix pour garantir un scrutin libre et transparent ».
C’est par ces propos sensés que Tchambakou Ayassor lançait la campagne électorale le jeudi 13 juin dernier, appelant les différents candidats à la courtoisie et au respect mutuel au cours de cette période de drague. Tout portait à croire que la CENI était prête de son côté en termes de préparatifs, surtout avec ces dires du Président qui tisse presque des lauriers à l’institution en charge de l’organisation et de la supervision du scrutin : « Dès l’entame de notre prise de fonction, nous avons mis un point d’honneur à organiser des élections municipales à la satisfaction de tous, trente-deux ans après le dernier scrutin ». Et pourtant !
On le signalait dans la parution N°2940 du vendredi 14 juin dernier sous la titraille « Démarrage de la campagne électorale ce vendredi… Sans le spécimen de bulletin de vote », que la campagne démarrait sans ce sésame. « Dans les conditions normales, c’est au cours de la campagne que les candidats montrent aux populations, souvent pas trop instruites et avisées des réflexes électoraux, comment voter. L’enjeu, c’est de leur apprendre comment choisir leurs candidats et manipuler le bulletin de vote pour éviter de l’annuler et voir leurs choix invalidés. Cela se fait d’habitude avec des spécimens de bulletin de vote. Mais le hic, cette campagne démarre sans ces spécimens. Preuve, si besoin en est encore, que la CENI n’est totalement pas prête en termes de préparatifs », écrivions-nous. Cinq (05) jours après le lancement de cette campagne, ces spécimens de bulletin de vote ne sont pas encore disponibles et remis aux candidats afin d’outiller les électeurs sur la façon de voter. Jusqu’à quand seront-ils prêts ? La question reste posée, vu que l’on est déjà au tiers de la durée de la campagne.
Même les logos des candidats ne sont pas encore validés. C’est ce mardi que cette tâche (normalement préalable) devra se faire, conformément à ce communiqué rendu public par la CENI samedi 15 juin dernier : « Le Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) tient à appeler à l’aimable attention des chefs de partis politiques et des candidats indépendants que les candidats en tête de liste ou leurs représentants dûment mandatés doivent impérativement se présenter le mardi 18 juin 2019 au siège de la CENI à partir de 9 heures pour la validation de leur logo et de leurs nom et prénoms sur le bulletin de vote. Vu l’importance de cette rencontre, le Président de la CENI tient à remercier les candidats ou leurs représentants pour leur présence effective ». C’est cette étape qui précédera la confection des spécimens de bulletin. A cette allure, on peut imaginer que la disponibilité de ces spécimens n’est pas garantie pour demain. Peut-être qu’une semaine entière, soit la moitié de la durée de la campagne, passerait sans ce sésame.
Il nous revient également qu’à part les chiffres entre-temps communiqués par la CENI suite à la révision bâclée des listes électorales du 16 au 19 mai, le fichier électoral formel ne serait pas encore prêt. Cet état du processus confirme simplement que la CENI n’est vraiment pas prête. Pour un scrutin organisé pour la première fois depuis 32 ans, c’est déplorable…
Tino Kossi
source : Liberté