Que pense l’Union des forces de changement (UFC) de la situation politique qui prévaut au Togo, une situation faite d’arrestation de leaders politiques proches de l’opposition dans le cadre des enquêtes liées à l’incendie des marchés de Lomé et Kara ? Pour Nicodème Habia (photo), député UFC au Parlement et membre du bureau national de ce parti, il faut « une enquête internationale » pour situer les responsabilités. « Nous demandons au gouvernement de faire ce que les Togolais réclament, qui n’est rien d’autre qu’une enquête internationale », a lancé le député au cours d’une interview accordée à l’Agence Afreepress.
Pour Nicodème Habia, le Togo devrait connaître une alternance politique en 2015 et l’homme n’hésite pas à encourager le régime de Faure Gnasssingbé à accepter cette alternance à la tête du pays. « C’est maintenant qu’une alternance politique en 2015 devrait se préparer », a déclaré celui-ci. Lire l’entretien.
Afreepress : Bonjour Nicodème Habia, vous êtes député de la nation et membre du bureau politique de l’Union des forces de changement (UFC). Quelle analyse faites-vous de la situation sociopolitique du Togo faite d’arrestation de responsables de l’opposition dans le cadre du dossier des incendies des marchés ?
Nicodème Habia : Merci. Vous savez qu’il y a trois pouvoirs qui gouvernent une nation. Les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. À propos de cette affaire d’incendie, je crois que nous devons laisser la justice faire son travail. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se faire actuellement.
Afreepress : Mais Gilchrist Olympio, le président de votre parti dans une interview accordée à une radio de la place optait pour l’ouverture d’une enquête internationale. À vous entendre, on dirait que vous n’êtes pas du même avis que lui.
Nicodème Habia : Ce n’est pas la première fois qu’il avance une telle option. Juste au lendemain des incendies, il recommandait déjà une enquête internationale. De toutes les manières, si le peuple togolais réclame une enquête internationale pourquoi ne pas l’accepter ? Nous sommes donc d’accord avec notre leader Gilchrist Olympio.
Afreepress : Cela veut-il dire que l’UFC en demandant une enquête internationale n’a pas du tout confiance en la justice togolaise ?
Nicodème Habia : Je viens de dire qu’il faut faire ce que le peuple togolais réclame. Nous sommes le plus grand parti de l’opposition togolaise et nous demandons au gouvernement de faire ce que les Togolais réclament, qui n’est rien d’autre qu’une enquête internationale. C’est tout.
Afreepress : Nous allons aborder un autre sujet de l’actualité. Le président national de votre parti, Gilchrist Olympio était en tournée dans le Grand Nord du Togo. Lors de cette tournée, il a eu à déclarer qu‘il n’avait pas rencontré de la pauvreté chez ces populations, mais que c’était une situation d’esclavage. Êtes-vous du même avis ?
Nicodème Habia : Je suis parfaitement d’accord avec son point de vue. Celui qui est pauvre, c’est quelqu’un qui n’a rien. Le peuple togolais a de la richesse, mais ses richesses ne profitent pas à ce peuple. C’est la raison pour laquelle il dit que ce n’est plus la pauvreté dont souffre ce peuple, mais c’est de l’esclavage.
Afreepress : Mais qui est responsable de cet état d’esclavage vu que l’UFC est au gouvernement et conduit les affaires du pays tout comme son allié de l’UNIR ?
Nicodème Habia : Je suis d’accord qu’on se pose la question de savoir quelle est notre part de responsabilité dans cette situation.
Aujourd’hui nous sommes au gouvernement et nous avons accès à beaucoup d’informations, nous comprenons beaucoup de choses. C’est d’ailleurs cela qui nous a permis de dire que ce peuple souffre réellement. Notre participation au gouvernement est une très bonne chose pour le peuple togolais.
Afreepress : D’après vous, qu’est-ce qu’il faut faire pour aider ce peuple à sortir de sa situation ?
Nicodème Habia : L’UFC a déjà entrepris des projets en faveur des populations. Rappelez-vous du projet concernant le fleuve OTI que M. Gilchrist Olympio a élaboré. D’autres préfectures sont aussi prises en compte par plusieurs autres projets. Il y a des initiatives qui sont menées. Mais ce n’est pas une question de quelques jours seulement, c’est un combat de tous les jours.
Afreepress : En votre qualité de parti membre du gouvernement et représenté à la CENI. Dites-nous à quand les élections législatives et locales ?
Nicodème Habia : Le Parlement n’est pas mis en place pour durer éternellement. Ce qui nous importe, c’est une élection transparente, une élection bien organisée. Ce n’est pas la date qui est importante, mais c’est d’organisation d’une élection libre, transparente et crédible qui importe.
Afreepress : Croyez-vous que les conditions sont réunies pour des élections transparentes et crédibles ? Les partis d’opposition ont dénoncé l’enrôlement de mineurs et d’étrangers lors de l’opération de recensement dans la zone I.
Nicodème Habia : Je ne suis pas d’accord avec ceux qui crient déjà qu’il y a des fraudes. Ceux qui crient ont-ils déjà leurs représentants sur le terrain ? Non. C’est pourquoi nous avons décidé que la date des recensements soit élastique. C’est pourquoi nous avons ajouté encore sept jours aux dix (10) jours autorisés. Ce recensement-ci, à mon avis, est plus crédible et sérieux que les recensements faits en 2007 et 2010. Il vaut mieux participer au lieu de passer son temps à crier.
Afreepress : Êtes-vous sûrs qu’au Togo, les gens veulent laisser le pouvoir ? C’est d’ailleurs le plus grand fléau de l’Afrique, les Chefs d’État n’acceptent de quitter le pouvoir que lorsqu’ils sont chassés par les armes. Que pouvez-vous conseiller au Chef de l’État togolais pour que la situation de la Centrafrique n’arrive jamais au Togo ?
Nicodème Habia : Vous savez, si un Chef d’État perdure au pouvoir c’est la population qui paie le prix. C’est encore un exemple que nous venons de voir au niveau de la Centrafrique. Bozizé vient d’être chassé du pouvoir. C’est une situation qui tue la démocratie en Afrique. Voyez le cas de la Guinée-Bissau. À chaque fois ce sont des coups d’État. Cela tue le développement du pays et son décollage économique.
En un mot, l’alternance c’est la meilleure solution.
Afreepress : Oui, l’alternance c’est la meilleure solution, mais vous aviez fait partie des commandos qui ont eu à attaquer le Togo. Est-ce que c’est parce que vous êtes au gouvernement que vous ne préférez plus le bruit des canons ?
Nicodème Habia : L’expérience fait la différence, comme on a l’habitude de le dire. Il ne faut jamais faire du surplace, il faut évoluer positivement. Nous à l’UFC, nous avons fait toutes les expériences du combat politique, mais aujourd’hui, nous avons vu que c’est le peuple togolais qui a plus payé le prix. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de parler avec le pouvoir pour qu’il y ait une alternance pacifique. Il faut arrêter le combat des armes, le combat des injures est dépassé. Donc pour éviter tout cela il faut l’alternance politique en Afrique.
Afreepress : Pour l’UFC l’alternance politique au Togo sera pour 2015, c’est du moins ce que vous ne cessez de clamer. À votre avis, le Président actuel est-il disposé à laisser le fauteuil présidentiel à partir de 2015 ?
Nicodème Habia : C’est maintenant qu’une alternance politique en 2015 devrait se préparer. Il faut encourager les Togolais à aller se faire recenser massivement. Je suis optimiste qu’il y aura alternance politique en 2015.
Interview réalisée par Olivier A.
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Tu ne vaut rien , viens soigner ta maman à ablagamé d’abord avant de raconter tes pétards d’illitrés