Kabyè, et opposant sérieux ? S’abstenir !


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« O boucherie! O soif du meurtre! Acharnement – Horrible! Odeur des morts qui suffoquent et navrent ! – Soyez maudits devant ces cent mille cadavres – Et la stupide horreur de cet égorgement » (Charles Marie René Leconte de Lisle, Le Soir d’une bataille)
 
L’opposition est-elle l’apanage des originaires d’une partie du Togo ? Assurément pas. Est-ce un crime d’être Kabyè et opposant ? Non a priori. Mais oui, quand on n’est pas un opposant de pacotille. C’est un crime de lèse-Faure. Et certains natifs de la Kozah sont en train de l’apprendre à leurs dépens.
 
Olivier Amah a (encore) rendez-vous avec la Justice ce matin. Le président de l’Association des victimes de la torture au Togo (Asvitto) est convoqué par le juge Idrissou Djagba, sans autre précision sur le mobile. Mais personne ne se fait d’illusion, sans doute l’intéressé lui-même non plus. Sauf miracle, il sera à nouveau déposé. On avancera un grief, mais les véritables motivations se trouvent ailleurs. C’était annoncé dans nos colonnes qu’il était dans l’œil du cyclone, et qu’un plan était mijoté pour le priver à nouveau de liberté. Ce n’est que la mise à exécution qui a commencé.
 
Le prochain sur la liste à (re)passer à la trappe sera certainement Abass Kaboua, le patron du Mouvement des républicains centristes (Mrc) et cadre du Collectif « Sauvons le Togo ». Le Prince supporte mal sa verve et veut le bâillonner pour l’empêcher de « gâcher son marigot ». Sans doute que dans les officines du pouvoir, on réfléchit au grief à lui coller. Avec l’« Esprit nouveau » ancien, c’est ce qui manque le moins. On est capable de lui reprocher qu’il crie trop lors de ses interventions publiques et que cela crée des nuisances sonores au voisinage, qu’il cite trop le nom de Faure Gnassingbé dans ses propos ou qu’il est de teint noir… C’est ça le 228 sous quelqu’un !
 
La croisade contre les opposants Kabyès sérieux, du moins contre ceux qui refusent d’avaler leur conscience et de regarder dans la même direction, expriment des opinions contraires ou simplement sont vus en menaces pour le trône, a même commencé depuis. La victime la plus récente est Pascal Bodjona. Depuis le 21 août 2014, il est retourné au gnouf. Officiellement dans l’affaire d’escroquerie internationale. Mais même le trisomique 21 de Patatoukou sait que les réelles motivations sont ailleurs. L’ancien ministre « Grand format » est simplement vu en menace pour le Fils du Père qui veut privatiser le fauteuil présidentiel.
 
Kpatcha, lui, a accepté son sort depuis « faure » longtemps. Un grief de tentative d’atteinte à la sûreté du fauteuil privé a suffi pour sceller son sort. Depuis le 15 avril 2009, il compte ses jours en détention, loin de l’objet impartageable.
 
Tout ce beau monde, du moins les deux qui sont actuellement dans l’œil du cyclone paient simplement leur engagement au sein de l’opposition, aux côtés des « Ahounas », ces opposants conçus et nés. Et ça, le Prince ne pardonne pas. Comme candidats à la magistrature suprême, Abass Kaboua et Olivier Amah ne pèsent peut-être pas grand-chose ; mais c’est l’association avec les concurrents sérieux qui est dangereuse pour le Prince. Et la meilleure façon d’éviter tout risque, c’est de les priver de liberté, du moins jusqu’à la présidentielle.
 
Le broie-opposant kabyè du Prince tourne donc à plein régime.
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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