Kidnapping d’Antoine Randolph :Paris demande des explications, Lomé reste évasif


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Kidnappé le 22 février à la frontière Togo-Benin par les services de la Direction Centrale des renseignements intérieurs (DCRI), le sort du Président du Rassemblement National pour la Démocratie et la Panafricanisme ( RNDP), Antoine Randolph ne préoccupe pas seulement la classe politique et la diaspora togolaises mais aussi la France où il était en exil depuis 1985.
 
Deux jours après l’enlèvement de ce citoyen franco-togolais, selon des sources généralement bien informées, la France via son ambassade au Togo a demandé des explications aux autorités togolaises, particulièrement au ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Yark Damehame.
 
Une première demande restée sans suite a débouché sur une seconde interpellation obligeant les autorités togolaises à donner des explications évasives sur le sujet. « Nous serons en mesure de répondre à votre requête dès que la compilation des preuves sera terminée », aurait lâché un officiel. A Paris, l’affaire est prise au sérieux et Jean Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères et du Développement international devait évoquer le sujet avec Faure Gnassingbé en marge de la 31e session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies ouvert ce lundi à Genève.
 
Le Togo est sous le joug depuis bientôt 50 ans d’une dictature familiale de père en fils marquée par des violations massives des droits de l’Homme, des coups de forces électoraux, etc. Après 38 ans de règne, Eyadema décède le 5 février 2005 et son fils Faure Gnassingbé s’empare du pouvoir avec l’appui de l’armée au prix du massacre d’un millier de Togolais et plusieurs milliers d’autres contraints à l’exil. Depuis plus de 10 ans au pouvoir, Faure Gnassingbé dont le règne à son tour est marqué par des fraudes électorales, des assassinats (Atsutsè Agbobli), la réduction des espaces de liberté refuse de rendre justice aux nombreuses victimes du système malgré le soi-disant processus de réconciliation. L’admission du Togo au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies malgré ce bilan assez macabre est perçue par des observateurs comme un scandale sur fond de complaisance de la communauté internationale. Le sort réservé aujourd’hui à Antoine Randolph est une preuve tangible que le système qui régente le Togo n’a guère changé.
 
Depuis le kidnapping de ce compatriote, ni le Procureur de la République, encore moins le ministre de la Sécurité n’ont tenu une conférence de presse pour détailler à l’opinion les mobiles de cette privation de liberté alors que le délai de garde à vue de 72h se trouve dépassé. Face à ces interrogations légitimes, le ministre Yark Damehame, dans ses contorsions surréalistes, s’est contenté de déclarer que : «Ce n’est pas un enfant, il ne se plaint pas». Comme si Antoine Randolph est un imbécile heureux, ou un masochiste qui se contente de sa privation de liberté. Voilà bien des méthodes d’une autre époque dignes de la Stasi. Le régime de Faure Gnassingbé en agonie vire à la paranoïa au point de jeter son dévolu sur un vieillard de 74 ans, l’âge réel d’Antoine Randolph. Au Togo, la méthode est simple, on kidnappe d’abord un citoyen et on fabrique ensuite les preuves. Feu Gnassingbé Eyadema avait coutume de fabriquer de toute pièce les complots imaginaires pour se débarrasser de ses adversaires internes et externes.
 
Le fils ne déroge pas à la règle. Il est à fond dans la « complotite » aiguë et les deux chefs d’accusation les plus prisés du système, c’est soit l’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, soit l’escroquerie internationale. Ceux qui continuent naïvement de croire, y compris les diplomates, que le régime anachronique de Lomé s’est mué en un système fréquentable, humain, respectueux des droits de l’Homme sont désormais servis.
 
Source : [01/03/2016] Ferdi-Nando, L’Alternative
 

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