Kofi Yamgnane, jeune retraité, a aujourd’hui 76 ans. Ingénieur en chef des Mines celui qui a construit 1 552 ponts a eu un destin incroyable. Élu l’un des premiers maires noirs de France à Saint-Coulitz dans le Finistère, il a mené une longue carrière politique en étant notamment nommé au gouvernement par François Mitterrand en charge de l’intégration. À 76 ans que devient ce retraité dynamique ?
« Tu vas aller jusque dans les pays où les chiens écrasent le mil pour nourrir les hommes. Je n’ai pas vu de chien écrasé du mil pour nourrir les hommes mais j’ai vu des robots et j’en ai fabriqués. Et mon oncle, il ne savait pas si bien prédire. Je suis celui-là, l’enfant de la brousse né un vendredi, Koffi et qu’on n’attendait pas. Ma mère attendait une fille. Elle avait déjà deux garçons. Et Patatras, c’est moi qui arrive ».
Kofi Yamgnane, lui qui est né au temps des colonies en 1945 à Banjeli dans un village du nord Togo, a un destin des plus improbables, un parcours politique incroyable. Ancien ministre de Mitterand en charge de l’intégration, il marque la France en étant élu l’un des premiers maires noirs d’un petit village breton, Saint-Coulitz, une véritable révolution dans le pays.
« Entre Banjeli, mon village natal au Togo en pays Bassar et la Bretagne, j’ai trouvé la continuité de ce que je peux appeler, une civilisation paysanne. J’ai compris cela et c’est pour cela que je me sens tout à fait chez moi ici ».
C’est l’enfant du pays. Kofi Yamgnane parle et rêve en Breton. Exilé à Concarneau, à 40 km de Saint-Coulitz, ce village lui a tout donné et en retour, il lui a tout donné.
« À Saint-Coulitz, ils ne sont pas contents. Ils sont venus me dire. Tu ne peux pas partir. Tu ne peux pas nous laisser ici. Saint-Coulitz et moi, c’est une histoire singulière. Une histoire de petit noir et de héros. Ils ont beaucoup souffert de m’avoir élu. Ils ont été insultés par la France entière. Il faut être breton ivrogne, ignare pour n’avoir trouvé qu’un nègre à mettre dans votre mairie. Ma vraie grande fierté, c’est d’être arrivé dans un village qui, toute proportion gardée, ressemble au Togo. Il n’y avait rien. Il n’y avait pas d’eau potable à Saint-Coulitz. Tout le monde creusait son puit. Il n’y avait pas de station d’épuration. J’ai fait tout ça. Je ne sais faire que ça. J’ai construit 1552 ponts et aucun au Togo. C’est mon plus grand regret ».
Des regrets mais surtout un combat à mener. « Comment on va faire pour bien vivre ensemble. C’est ça le sujet. Je serai partout où c’est nécessaire pour expliquer aux humains qu’il va falloir qu’ils s’y fassent. Ils n’y pourront rien. L’histoire de l’humanité, c’est aller vers le métissage ».
A peine vient-il de publier « mémoires d’Outre-Haine », son autobiographie que le voilà reparti vers ses nouveaux combats.