L’opposition institutionnelle est en partie désunie avant même de voir le jour ! La désunion est aujourd’hui totale.
Cette situation est à pleurer et déplorer, quand l’on veut répondre à l’appel à l’union tant lancé par la grande majorité du peuple. À l’analyse froide des trente ans de lutte, et si l’on conclut que la dislocation est un mal pour un bien ?
« Diviser pour régner »
Le système de domination, d’exploitation et d’exclusion qui lessive l’Afrique, adopte la stratégie de « diviser pour régner. »
C’est dans cette logique qu’il impose à notre continent, la démocratie « second hand » ; elle est trouée de multipartisme, d’élections périodiques et d’une limitation de mandat. C’est trois éléments forment le nœud solide d’un conflit politico-communautaire.
Les Africains du Togo se sont jetés dans la gueule de loup en adoptant un tel système de gouvernance qui sans contredit, se retrouve aux antipodes de leurs réalités sociale, sociétale, culturelle, économique et politique.
Ainsi, sont-ils membres de 118 partis politiques recensés officiellement au 17/18/2020, dont les poids lourds sont UNIR, l’UFC, L’ANC, le CAR, la CDPA.
Par extension ou éclatement, une kyrielle de micro-partis en sont nés et participent régulièrement aux élections.
Concernant l’opposition qui adopte plutôt le schéma de la multiplication par scission, la conséquence lors des événements politiques épisodiques est notamment diffamation – dénigrement – commérage – traitrise.
L’élection présidentielle de 2020 n’a pas manqué de reproduire le même dessin et du coup, asseoir l’insulte comme culture de la formation et de l’expression de l’opinion publique au Togo.
L’ANC et la DMK : L’exemple parfait de l’insulte comme formation et expression de l’opinion publique
Le résilient peuple togolais vit depuis les dernières élections présidentielles, la continuité d’un mal profond qui gangrène son opposition politique : « Moi ou personne ! »
Soutenu en effet plus ou moins unanimement lors des élections précédentes, l’ANC s’est vu le premier responsable du MPDD préférer à lui en 2020.
Dans le souci de se désinscrire de la logique des couleurs politiques et répondre définitivement à l’appel à l’union, l’autorité religieuse en la personne de Monseigneur Philippe Fanoko Kossi Kpodzro lance la dynamique de la victoire. Pour finir, c’est un raz-de marée électoral qui emporte tout sur son passage.
Au départ pourtant, les vieux démons resurgissent.
En effet, l’ANC et d’autres partis n’ont pas adhéré à l’initiative DMK. Ils l’ont même critiqué et pris individuellement part aux votes présidentiels.
Arrosés d’un score hypothétique de 0,5 à 4%, les viennent-ensuite refusent de soutenir la DMK qui, conteste pour sa part, la victoire à UNIR.
Dès lors, une vraie guerre politique s’ouvre principalement entre le parti orange et la Dynamique ; l’un refuse de soutenir l’autre dans la réclamation de la vérité des urnes, l’autre reproche à l’un de le diffamer.
Les partisans des deux camps s’arment alors de flèches envenimées d’insultes, qu’ils se lancent incessamment.
L’injure comme formation et expression de l’opinion publique s’est alors vue. Le champ de tir de cette confrontation est notamment les médias et les réseaux sociaux.
Faut-il encore le dire ? La Conférence nationale souveraine que le vent de l’Est a dirigée sur Togo, a été pour certains activistes devenus plus tard leaders de partis politiques, le terrain d’entrainement à la rhétorique « du gros mot », de l’outrage. Pour celles et ceux qui en douterait encore, invitons-les à consulter calmement les archives de l’acte manqué de la libération nationale.
Depuis, les membres des formations politiques sont outillés à « la grande gueule », « la vocifération » et aux attaques personnelles.
Le peuple togolais étant en effervescence et émotionnellement emporté dans l’élan de la lutte, est-il inconsciemment poussé vers des politiciens et activistes haut-parleurs.
Telle est encore la situation de nos jours et l’exemple parfait est le couple ANC – DMK dont «la scène de ménage » est amplifiée par les réseaux sociaux.
Echanges creux, oiseux remplacent adonc débats froids, sérieux et rigoureux.
Trente ans de lutte et l’insulte est devenue la culture politique ; elle a conduit l’opposition à sa désagrégation et aussi ruiné l’effort collectif de libérer le Togo.
La désunion : un mal pour un bien
Seul grand parti de l’opposition présent encore sur l’échiquier national à la suite de l’éclatement de l’UFC, l’ANC s’est vu attribuer 4% en 2020. Avec ce score minable, c’est la fin de l’opposition institutionnelle qui est sifflée.
En effet, le MPDD n’a eu le mérite d’exister que par la Dynamique Kpodzro.
L’on a souvenance que ce parti auréolé de 0,9%, a caracolé largement « en tête de la queue » de l’élection présidentielle de 2010.
Le CAR a fait à peine mieux avec 3% et la CPDA a été inexistante avec, disons-le clairement, 0% (0,3) des voix.
Si une consultation présidentielle se tient aujourd’hui, les partis pris ensemble et sans une initiative semblable à celle de Monseigneur, reviendront à leur QG avec une maigre moisson arrondie à 10% (8,2% de voix dont ANC 4% + CAR 3% + MPDD 0.9% + CDPA 0,3%).
Mieux vaut donc ne pas y aller avec une telle prévision !
Un mal pour un bien qu’est finalement la désunion, l’opposition étant obligée de se réinventer.
Unité, autorité et lutte de libération
Les partis de l’opposition sont laminés et afin d’éviter leur disparition pure et simple, sont-ils obligés de repenser la lutte.
Cette démarche passe nécessairement par la définition d’un projet commun et pour l’implémenter, le partage des rôles.
L’unité (caractère de ce qui est commun à plusieurs, qui est identique pour plusieurs personnes : L’unité de pensée. Unité de vue) doit prévaloir tout au long de son cheminement et l’entreprise doit impérativement être dirigée par une autorité religieuse (traditionnelle, chrétienne ou musulmane.)
Plus d’une décennie, nul besoin de redire ici que nous ne cessons de proposer une telle voie au peuple togolais d’Afrique (les écrits sont là pour en témoigner.) Aujourd’hui, elle devient une évidence aveuglante.
À présent, la nécessité d’une lutte de libération fait consensus que ce soit au Togo que dans la diaspora.
Le résultat de la Dynamique aux dernières élections (un parti qui ne pesait que 0,9% des voix en 2010 et qui a eu la majorité en 2020 selon les chiffres de la DMK), montre le rôle crucial d’unificateur que doit jouer une personnalité neutre, surtout dans un milieu aussi clivant que celui du Togo.
Les événements au Mali où l’imam Dicko a pris une telle posture sont à propos, riches d’enseignements.
La référence biblique nous impose définitivement le choix d’une telle figure : Les rois chrétiens sont choisis par Dieu ; la prise de pouvoir est prophétisée ; ce sont les prophètes qui les oignent et les établissent sur le trône.
La référence culturelle nous impose définitivement le choix d’une telle figure : Dans diverses traditions des peuples du Togo, ce sont les anciens qui imposent le roi ce, après consultation et révélation des dieux.
Il faut fondamentalement avoir à l’esprit qu’une lutte de libération est dirigée contre un seul ennemi et dans la situation de l’Afrique et du Togo, son nom est Système de Domination.
Un tel système est prédateur et dresse les filles et fils d’un même territoire, d’un même pays les un-e-s contre les autres.
Faut-il le souligner ? Les relais locaux n’en sont que des victimes, même quand elles sont consentantes.
Le cas du président Idriss Deby est brûlant pour rappeler cette triste réalité.
Feu président Gnassingbé Eyadema parlait de cette évidence en ces termes : « Soit j’acceptais de prendre le pouvoir, ou bien je quittais le pays. »
Lutte de libération comme projet consensuel par une révolution populaire ou un dialogue sous la pression de la masse populaire, le choix stratégique le mieux adapté revient aux patriotes meneurs et sous les sages conseils d’un patriarche religieux.
Pour y parvenir cependant, le peuple doit finir cette phrase prophétisée par le Premier des Patriotes Togolais :
« Sentinelle que dis-tu de la nuit ? La sentinelle répond : Le matin vient, et la nuit aussi. Si vous voulez interroger, interrogez. Convertissez-vous et revenez » Esaïe 21, 11-12
« Le matin vient, et la nuit aussi : »
Le matin des indépendances est effectivement venu et la nuit l’a assombri.
« Si vous voulez interroger, interrogez : »
Pourquoi la lumière qui a rejaillie sur le Togo au petit matin, a-t-elle été vite assombrie d’une nuit si longue ?
« Convertissez-vous et revenez : »
La réponse est sans équivoque : Le peuple togolais dans son ensemble, a commis un chapelet de péchés notamment l’abandon du premier président dans la main de ses assassins, mensonge, traitrise, dénigrement, insulte, calomnie, culte de la personnalité en sont suivis.
Ils se doivent absolument de se purifier de toutes ces transgressions et revenir achever la lutte.
Et tenons-nous pour dit ! Il n’y aura pour lui, aucune autre voie.
Se Osagyefo Togoata Asafo