La télécommunication au Togo est la plus chère et la plus médiocre au monde. Togocel-Moov-Togotélécom, ces sociétés qui prospèrent de la sueur d’une population couchée


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« Les services de télécommunication sont les plus coûteux au monde et, qui plus est, de piètre qualité », ceci n’est pas une affirmation du journal le rendez-vous, c’est le FMI, Fonds Monétaire International, qui le dit dans son dernier rapport sur le Togo. Ce n’est qu’un secret de Polichinelle. Bien que nos dénonciations sur la cherté de la communication semblent tomber dans de sourdes oreilles, cette situation qui entame non seulement le niveau de vie déjà peu envieux de la population mais aussi l’économie nationale, ne peut pas nous laisser indifférente. En Mai – juin 2011, la même institution internationale, lors de sa visite au Togo, dans la même veine que l’Union Internationale des Télécommunications dont le Togo est membre, demandait déjà que les frais de communication dans notre pays soient revus à la baisse.
 
Une négligence politique qui devient un souci économique
 
« Il faut remettre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Quand bien même elle est présentement une des inconditionnelles béquilles sur lesquelles s’appui un régime grabataire, si Togo Télécom a connu un temps de gloire, c’était bien sous la direction Andjo Tchamdja. Technicien et exploitant des télécoms, n’hésitant pas, au besoin, à déposer la veste pour embrasser les câbles, il a mouillé le maillot pour faire prospérer Togotélécom. Il a agrandi les installations avec le cuivre, les extensions et les dessertes rurales. Les antennes de relais jouaient leur rôle. Elles sont encore en fonction jusqu’ici à Lomé, Kévé, au Pic d’Agou, à Notsè, Adanka, Atakpamé, Agbandi, Sotouboua, Sokodé, Alédjo et enfin Kara-Kanté-Dapaong. La Télécommunication du Togo était de bonne qualité et à un moment donné le Togo avait une des meilleures communications. La France avait alors un droit de regard dans notre exploitation télécom et elle y engrangeait des ristournes. France – câble et France-Radio qui sont devenus satellites étaient français. Après les équipements de l’avion, les équipements des télécommunications sont des équipements les plus chers au monde. Naturellement, les installations télécoms bien posées durent. Sans vouloir être un adepte du néocolonialisme français, il faut reconnaître que, tout comme son armement, la France ne badine pas avec ses outils et son système de communication. C’est ainsi qu’il existe actuellement dans nos télécommunications des installations françaises qui fonctionnent encore efficacement depuis 1978. En un mot, au moment où la communication togolaise avait une connotation française, ça a été efficace et efficient.
 
A un moment donné, pour un oui pu pour un non, les gens ont préféré se déconnecter de la collaboration gagnant-gagnant avec la France pour une indépendance tournée vers la Chine. Mais bien que les Français soient partis, les prix sont gardés inchangés? Pire, rien n’a été fait pour homologuer les prix avec les autres pays de la sous région en tenant compte des recommandations de l’Union Internationale de la Télécommunication. Nous écrivions dans notre édition N° 163 que « Le système international de la communication est harmonisé de façon à ce que dans tous les pays, le coût de la communication soit le même, quelque soit la devise. L’Union Internationale de la Télécommunication fait actuellement pression pour que les prix des télécommunications soient harmonisés dans tous ses pays membres ». Avec les cinq pays de l’entente, les prix devaient être similaires.
Les installations chinoises sont tout beau tout neuf, mais la qualité et la duré de vie sont approximatives. Par exemple, alors qu’on attendait une extension à la française qui devait accompagner le réseau routier, avec un poteau télécom au niveau de chaque poteau électrique, l’ex DG Sam Bikassam a préféré faire la promotion des illico, un produit chinois, qui se révèle présentement une calamité, un éléphant blanc à la structure.
 
Puisque de père en fils le régime en place a horreur de la qualité, Tchamdja Andjo a finit par être éclaboussé. Yayi Boni n’a pas hésité à le récupérer et c’est lui qui sera, le maître d’œuvre du câblage télécom dans le Nord du Bénin. Sous lui, bien que la gestion familiale de la structure prospérait déjà, sur le plan technique, la société se portait bien et la qualité avec. Bien que certains ont estimé que c’était une erreur technique, Andjo, devenu par après ministre, finira par être la cane au défunt Eyadema. Après Andjo, ont suivi respectivement à la direction de Togo télécom, les Sieurs Ayikue, Dogbé, Bikassam et l’actuel D.G. R. Tagba. De Bikassam à nos jours, la boîte a amorcée sa chute libre. Un diagnostique approfondi pour booster la communication n’est pas un souci. D’ailleurs, politiquement une télécommunication assez surveillée permet au régime de suivre tout le monde et de contrôler, par exemple, le flux des informations qu’on ne veut pas voir sortir. C’est le cas de l’internet que le pouvoir n’était pas pressé de vulgariser pour éviter la prolifération des réseaux sociaux et autres. Mais présentement, la quasi-absence de l’outil internet est devenue un obstacle à l’économie nationale. Au départ donc, l’amélioration des outils de communication était le cadet des soucis de l’autorité togolaise pour des raisons d’abord politiques. Aucune politique structurelle digne de ce nom n’a été détaillée pour promouvoir les différents canaux de communication dont dispose notre pays. Toutefois, les services télécom ont connu un petit moment de gloire.
 
La fibre optique, un rendez-vous raté
 
Quand les Français ont quitté le monde de la communication au Togo, l’arrivée d’une technologie chinoise que les autorités ont voulue limitée aurait pu être renforcée par la fibre optique. Depuis 2002, les pays comme le Burkina Faso ont utilisé la route internationale N° 1 du territoire togolais pour faire passer leur fibre optique.
Le câble sous-marin est passé par Lomé mais l’on disait à Eyadema qu’avec deux à trois antennes, le Togo couvre le monde entier. Alors que la fibre qui a permit de réduire de moitié les frais de communication, était déjà une réalité au Bénin et au Ghana voisin depuis 10 ans, le Togo ne finira par se décider qu’en 2009, mais de quelle manière ?
 
C’est là qu’a chuté la fibre optique et c’est aussi de là que beaucoup de pays enclavés ont fait le raccordement sur le câble sous-marin. Les différents projets liés au fonctionnement de la fibre sont en cours pour être raccordés à Afidegnigban derrière Baguida à Lomé. La fibre optique est un câble international de liaison pour la gestion des Télécommunications sous toutes ses formes. Sans perte de données et avec des risques limités, elle a l’avantage de réduire les frais de communication et d’être difficile à pirater. Avec la fibre optique, la qualité est bonne, l’extension de la capacité de communication est possible et moins onéreuse aussi bien pour le consommateur que l’operateur de téléphonie. Seulement, elle est sensible et mérite beaucoup d’attention. C’est alors qu’au Ghana voisin, une campagne nationale de sensibilisation sur la nécessité de protéger la fibre optique est lancée. Ceci permet aux citoyens de savoir qu’en travaillant la terre, s’ils découvrent par exemple un grillage de telle ou telle autre couleur, c’est un signe avertisseur de la fibre optique. Dans ce pays, la fibre est non seulement bien installée mais aussi la population est sensibilisée à sa protection. Au Togo, elle est câblée d’une façon approximative souvent par des non professionnels. C’est ainsi que, par endroit, l’on voit la fibre à ciel ouvert le long de l’internationale N°1. Comme si cela n’était pas assez, l’on a rejeté catégoriquement l’idée de la sensibilisation citoyenne sous prétexte que si les gens savent, il y aura des sabotages. Les paysans et autres exploitants de la terre très peux informés tombent donc à tour de bras sur la fibre qui est souvent accidentée.
 
Pire, certains techniciens ont été utilisés par Togotélécom pour la pose de cette fibre pendant tout le processus, mais à la fin de l’exercice, ils ont été remerciés alors qu’ils trouvaient une occasion de se faire embaucher. Pour une pose qui n’était pas confiée à des professionnels, au delà du fait que les génies civils ne sont pas respectés, une bonne partie des sabotages de la fibre qui est sectionnée par endroit provient aussi de ces mécontents qui savent parfaitement par où elle est passée. Ainsi, à tout bout de champ, il faut souder la fibre. Or, au fur et à mesure que celle-ci se blesse, elle perd son efficacité. Et pourtant cette nouvelle technologie sur laquelle nous accusons déjà un retard est supposée permettre aussi bien à la téléphonie fixe, mobile qu’à l’internet d’être fluide. Dans l’exploitation de la fibre, alors que le Ghana était à 72 paires en juin 2011, le Togo était à 24 paires. Les paires sont les subdivisions de la fibre. Dès que l’une est saturée, on passe à l’autre. Au Togo, elles ne sont même pas stables pour être utilisées. Tout porte donc à croire que la stabilité de l’internet, des téléphonies mobile et fixe puis la réduction des prix pour les consommateurs ne sont pas pour demain. Il faut que la fibre soit bien installée, qu’elle soit sécurisé et de moins en moins accidentée pour qu’elle rende aux Togolais les services qu’elle rend aux pays voisins.
 
La gestion du capital humain est une affaire de famille
 
Chaque directeur amène ses hommes, pas de continuité dans le suivi des installations. Sur des considérations familiales, alors que les anciens sont là, on fait parachuter des employés sans expérience et de petite moralité qui profitent des promotions canapées. Ils sont prêts à saboter l’entreprise au premier tournant par les détournements ou la mauvaise gestion des installations. Actuellement, de toute les entreprises d’Etat, celle qui a le plus envoyé ses cadres en prison est Togotélécom : les uns pour détournement de fonds, les autres pour vol ou sabotage de matériel de travail. Ce n’est pas l’occasion de revenir sur le scandale Bikassam qui a plongé la société mère de communication de plus de 200 milliards. Toutefois, il faut dire qu’au-delà des surfacturations et autres détournements dont Sam Bikassam s’est fait coupable, des prestations parallèles sont érigées en système. Par exemple, des lignes téléphoniques fictives qui apportent des entrées aux individus. Les sociétés écrans prospèrent, des techniciens envoyés en stage de perfectionnement qui reviennent s’installer à leur propre compte. Le DG par intérim fut, par exemple, un cadre à Togotélécom avant d’être éclaboussé par un scandale. C’était lui qui avait créé, entre autres, les sociétés satellites tel que l’IMET, TGT. Il est le DG fondateurs de la Radio Zéphyr. Actuellement, cette station est l’une des rares qui sont suivies au Nord. Quel est son mystère ? Les installations de Togotélécom sont-elles passées par là ? Après un recyclage dans les arcanes d’un ministère, le voici qui revient DG intérimaire.
 
Ils sont nombreux, ces directeurs de département à vie, qui dépassent 20 ans à leur poste. Si les uns sont compétents, les autres sont devenus une peste. Aux différentes directions, à chaque scandale, on ne fait que les muter et eux, à leur tour, se sachant mouillés, se couvrent et les mêmes causes continuent par accoucher des mêmes conséquences. Et pourtant, il faut une étude technique large. En télécommunication, il n’y a pas de place pour de l’à-peu-près. Mais hélas, chaque responsable forme son équipe de travail sur la base de l’à-peu-près et sur fond des considérations familiales et ethniques. Même au ministère des télécom d’où doit venir l’exemple, les couleurs sont identiques. L’on n’a pas besoin de compétence pour être brancher sur le suivi des projets juteux, tout est plutôt fonction des entrées et des appartenances. Quand par erreur on copte un indésirable pour suivre un projet à cause de ses compétences, à la fin du projet, il est remercié au profit des parents. Des agents encore sur les bancs d’école à l’INSI, qui sont envoyés en formation alors que les techniciens employés sans parrains attendent.
 
Togotélécom Togocel, bonnet-bleu bleu-bonnet
 
C’est Togotélécom qui a enfanté Togocel. Actuellement devenu un vieux lion édenté, sous perfusion, Togotélécom est entrain d’être réanimée par Togocel. Tous deux utilisent les mêmes installations, à la limite les mêmes hommes. Tous deux saignent à blanc une population corvéable à merci, une population couchée, résignée, prête à subir toutes les humiliations du régime en place. La seule différence entre ces sociétés est que, puisqu’un bien mal acquis ne profite pas, malgré qu’elles fassent de faramineux bénéfices indus sur les populations, la boîte mère s’est arrangée à tomber en faillite. Nous vous publiions depuis 2011, que techniquement parlant, étant donné que la communication évolue avec le système GSM, 25% de ce que payaient les Togolais aux opérateurs de téléphonie fixe et mobile en 2011 suffisaient pour qu’ils recouvrent leurs frais d’installation, de production, d’entretien et leur marge de bénéfice. Jusqu’ici, les clichés demeurent les mêmes. Togotélécom, sollicité par les financements politiques, les coups de fils d’en haut, détournements à tour de bras et essoufflée par un personnel de plus en plus inefficace, désormais criblée de dette, va bientôt rentrer en fusion avec Togocel. A défaut de combattre l’impunité, d’innover la structure, de la débarrasser de sa teigne, voici la formule que l’on a trouvé pour résoudre le scandale financier de Togotélécom. Togocel a assez d’énergie pour éponger les ardoises laissées par sa génitrice car elle est présentement au zénith de son exploitation des Togolais. Entre offres de services mort-nés, communication extrêmement chère, toujours à cheval entre des trucs et astuces bidon pour siphonner les populations, elle a de l’avenir dans un environnement sans concurrents. Précipitamment monté de toutes pièces pour couper l’herbe sous les pieds d’un exploitant de téléphonie mobile qui avait pourtant sa fréquence en main, Abbly Bidamon en sera le tout premier DG. Après lui, Atcha Dédji est l’actuel maître des lieux. Contrairement à Togotélécom, Togocel ne présente aucun signe de mal-être, si ce n’est qu’il est un souffre-douleur pour une population économiquement à genoux.
 
L’opérateur moov, quant à lui, toujours mouvementé par les revendications sociales, est un paravent coupé sur mesure. Bien qu’il se révèle un réseau sous-régional, au Togo, moov n’est que l’ombre de ce que Togotélécom et Togocel veulent qu’il soit. Inutile de rappeler que Moov et Togocel passent par Togo télécom pour joindre certaines villes. La fusion Togotélécom-Togocel a commencé avec les moyens techniques qui se complètent entre les deux géants. Moov se retrouvera bientôt seul sous l’ombre d’une fusion quasi étatique forte qui ne lui laissera aucune chance de concurrence réelle. C’est ainsi que moov n’est qu’un non-évènement au Togo, et c’est à juste titre que le FMI a martelé que « les secteurs des mines, des télécommunications et de l’énergie devraient être ouverts à une plus grande concurrence du secteur privé. Une forte présence de l’Etat peut étouffer l’innovation et réduire la productivité des acteurs déjà en place».
 
Voici comment des braqueurs à col blanc opèrent dans la communication contre une population tantôt hypocrite, tantôt résignée qui continue par croire que le monde appartient à ceux qui se plaignent tout en restant couchés.
 
Abi – Alfa Izotou
 
source : togonews
 

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