Ailleurs, c’est l’épidémie de la maladie EBOLA ou des conflits armés qui détruit les communautés ; au Togo, c’est le « temple du savoir » qui est exposé à une pandémie de malhonnêteté incarnée par leurs premiers responsables. Pendant que les universités publiques sont dans la psychose du « CAMESgate », la prestigieuse Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) et son Président Francis Barbey s’inscrivent dans une démagogie sans précédent ,et bien évidemment avec la complaisance des Evêques et l’équipe dirigeante de l’institution.
En effet, le réseau UCAO est créé en 2000 à l’initiative des évêques de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO). Elle est un ensemble de huit unités universitaires implantées dans sept pays de la région ouest africaine. Le rectorat central est situé à Ouagadougou (Burkina Faso). Chaque université implantée dans un pays membre est dirigée par un Président placé sous l’autorité, au plan local, d’un Conseil scientifique composé des évêques et des enseignants de rang intervenant dans la formation. La règle voudrait que le Président ne soit pas originaire du pôle universitaire qu’il dirige. C’est ainsi que le Révérend-Père Francis Barbey, de nationalité ivoirienne, a été débarqué au Togo en juin 2017 en remplacement d’une ancienne équipe dont nous avions largement abordé la gestion approximative dans nos colonnes à l’époque. Selon nos informations, le jésuite qui, au départ, s’était montré digne du poste, a fini par virer dans la démagogie totale. Et depuis que le rectorat central lui a notifié la fin de son contrat, le Père Barbey multiplie des balivernes et va de maladresse en maladresse. Certains qualifient même sa technique de politique de la terre brûlée. C’est ainsi qu’en début juillet dernier, il fait poster à l’attention du corps enseignant le message suivant : « Bonjour Madame/Monsieur, Dans le cadre d’une enquête demandée par la Présidence de l’UCAO-UUT, je vous prie de bien vouloir me faire parvenir votre religion ».
Cette démarche de la part du responsable a suscité beaucoup d’indignation. « Pourquoi cette enquête? On n’a jamais vu ça dans ce pays. Vous faites de la discrimination en milieu de travail. La Constitution et les lois sociales en vigueur au Togo interdisent cette pratique. Vous courez un grand risque. Je voudrais qu’on m’explique l’objectif visé par une telle demande d’information », s’est emporté un enseignant.
En réalité, la loi n°97 du 10 septembre 1997 portant statuts des Universités du Togo dispose en son article 3 : « Les universités dispensent un enseignement laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique. Cet enseignement tend à l’objectivité du savoir et respecte la diversité des opinions ». Ainsi sur la base de cette disposition et considérant que le principe de laïcité implique, entre autres, que personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses, la communauté universitaire devrait s’abstenir de toute discrimination religieuse. Mais voilà que le Père Barbey cherche à travestir les lois togolaises. Est-il vraiment un curé au service du Seigneur ? Car ailleurs sur les champs de guerre comme en Centrafrique, les religieux donnent de bons exemples de cohabitation des peuples. Selon un reportage sur RFI, le directeur de l’Hôpital St Jean-Paul II de Bossemptélé au Nord-ouest de la Centrafrique, le Père Bernard Kinvi a accueilli, lors du conflit en 2013-2014 qui ensanglanta le pays, des blessés et des malades sans distinction ethnique, communautaire ou religieuse et ce, au péril de sa vie. Mais au Togo où règne un calme (précaire), son collègue cherche à créer la division.
En ce qui concerne toujours les frasques du Révérend-Père Francis Barbey dont le mandat a pris fin le 31 août 2019 et qui devrait déjà procéder à la passation de services, des informations font état ce que les étudiants ont obtenu leur diplôme alors qu’ils n’avaient pas les résultats académiques. Selon nos informations confrontées par plusieurs sources, les professeurs de l’UCAO n’avaient pas rendu les copies des évaluations avant que le Président n’attribue de façon unilatérale les diplômes à des étudiants. Certains parlent de non-paiement des salaires qui a occasionné le blocus.
Pour d’autres, les diplômes ont été attribués sans les résultats car le Président Francis Barbey serait pressé d’offrir une fête d’adieu. A ce sujet, le site Internet de l’université nous édifie sur la soirée qu’il a organisée le samedi 20 juillet 2019 avec les étudiants au Grand Rex. Cette soirée que les enseignants auraient boycottée dans leur grande majorité, a vu de la présence effective du Président Francis Barbey jusqu’à l’aube. « Dans la somptueuse salle du Grand Rex de Lomé, se tient ce soir le bal des étudiants de l’UCAO-UUT baptisé « la nuit de l’étudiant ». Pour cette édition de ce cérémonial rendez-vous de réjouissance, il fallait être dans une ambiance chic et glamour, thème d’ailleurs retenu pour la soirée ». Cette ambiance festive, a-t-on appris, aurait continué jusqu’au domicile privé du Révérend-Père de l’UCAO.
Il nous revient que samedi dernier, Francis Barbey a refusé de faire la passation deservice avec son successeur qui est nommé administrateur provisoire. Il a joué à la résistance, promettant de faire appel de cette décision alors que son mandat est légalement fini le 31 août.
Tous ces événements se déroulent au Togo sans que les professeurs, les parents d’élèves et les évêques ne disent mot. Comment est-il possible que la Conférence des Evêque du Togo qui, chaque temps, appelle à la citoyenneté et à la bonne gouvernance, laisse faire à l’UCAO qui vient combler le déficit en matière de formation de l’élite de demain ? Alors que tout chavire au Togo depuis la création, les instituts sont rentables ailleurs. Les universités catholiques ne sont-elle pas des références dans le monde occidental ?
Si les évêques de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest ont décidé de créer une université catholique en réseau d’unités universitaires, c’est pour répondre aux besoins en éducation et en instruction supérieure de qualité de la région. L’Église catholique possède une longue expérience confirmée dans l’enseignement primaire et secondaire de qualité dans laquelle elle a été pionnière et demeure le fer de lance. C’est de cette école catholique de l’époque que d’illustres personnalités togolaises à l’instar de Dahuku Péré, Solitoki Esso Magnim, Martin Kofi Yamgnane, Me Yaovi Agoyibor, etc, sont sorties.
Pour avoir sa version, nous avons appelé à plusieurs reprises le Père Barbey. Seulement toutes les tentatives ont été sans réponse. Pas non plus de réponses pour les SMS que nous avons laissé à l’intéressé.
Aujourd’hui, il est impérieux que la CET mette fin à cette pagaille car la rentrée 2019-2020 s’annonce à grands pas.
B. Douligna
source : Liberté