La célébration du centenaire du Parti communiste chinois (PCC) a eu lieu également au Togo, dans les locaux du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR). Pour l’occasion, le parti de Faure Gnassingbé a organisé un symposium auquel ont pris part les responsables des deux formations politiques. Dans le compte-rendu publié, il est indiqué que les échanges ont porté sur le thème : « les 100 ans du parti communiste chinois, partenariat avec le parti Unir ». Bien sûr, l’ambassadeur de la République populaire de chine, Chao Weidong et une délégation de ressortissants du pays de Mao Tse-toung au Togo ont pris part aux activités.
C’était l’occasion pour les deux partis politiques de louanger leurs bonnes relations de coopération. Le Secrétaire exécutif du parti UNIR, Atcholi Aklesso s’est réjoui de la possibilité donnée à son parti d’avoir des relations avec le PCC. « A UNIR, nous savons qu’en tout temps et en tout lieu, nous pouvons compter et bénéficier de l’expérience du PCC dans plusieurs domaines », a-t-il déclaré, saluant « l’initiative de ce symposium qui constitue une occasion pour nous de resserrer les liens, de partager des expériences politiques, d’enrichir nos connaissances en matière de gouvernance et de réfléchir à des mécanismes innovants de renforcement de la coopération entre nos deux partis ».
Pour sa part, l’ambassadeur de Chine au Togo a renchéri que « le PCC et UNIR maintiennent une très belle relation pendant de longues dates. Nos deux partis se prêtent mutuellement soutien sur les dossiers importants dans le contexte actuel ». Au parti UNIR, l’on évoque également un partenariat qui « consiste à apprendre les uns des autres, à échanger et à partager des expériences ». Les relations entre les deux partis politiques vont donc se maintenir.
Un rapprochement qui suscite craintes
En effet, le symposium organisé par le parti au pouvoir pour célébrer les 100 ans du PCC n’est pas un événement isolé dans le rapprochement entre les deux entités politiques. En mai 2018, le parti politique chinois avait organisé un séminaire auquel a participé une délégation de l’UNIR. A l’occasion, il avait été dit que les représentants du parti de Faure Gnassingbé allaient se familiariser avec les méthodes et idéologies du PCC. Avec le présent symposium et les intentions affichées des deux partis politiques de travailler mains dans les mains, il y a de quoi avoir peur.
Et pour cause, malgré l’ascension fulgurante du pays et son développement qui suscitent admiration, la Chine n’est pas le modèle dont peuvent rêver les peuples africains et particulièrement les Togolais, surtout sur le plan politique. En Chine, le PCC est en fait le parti unique et parti-Etat qui fait mains basses sur les ressources du pays depuis des décennies. En Chine, tous les acteurs politiques sont obligés de regarder dans la même direction et pour se faire une place au soleil, il faut intégrer le parti et ne pas exprimer d’opinions divergentes. Le pays ferme souvent les yeux sur les questions liées au respect des droits de l’homme. «La Chine demeure un Etat autoritaire à parti unique qui restreint systématiquement les droits fondamentaux. Depuis l’entrée en fonction du président Xi Jinping en 2013, le gouvernement a arbitrairement arrêté et poursuivi des centaines d’activistes et d’avocats. Le gouvernement a resserré son contrôle sur les organisations non gouvernementales, les médias et Internet par le biais de nouvelles lois selon lesquelles des critiques pacifiques peuvent être qualifiées de menaces à la sécurité de l’État. En 2016, le gouvernement a enlevé et fait disparaître de force des détracteurs à Hong Kong et dans d’autres pays. La répression gouvernementale dans les régions du Xinjiang et du Tibet, où vivent des minorités ethniques, se poursuit. Malgré certains textes législatifs visant à protéger contre la torture en détention, la pratique reste répandue », écrit l’ONG Human Rights Watch.
Au Togo, nous sommes déjà face à une dictature qui polit son image à coups de milliards de francs CFA dépensés dans les coulisses de la diplomatie. Les richesses du pays sont concentrées entre les mains d’une minorité reconnue par Faure Gnassingbé lui-même, mais dont il ne s’embarrasse guère. Depuis 16 ans, il n’a pas travaillé à démanteler cette minorité, mais s’en sert pour perpétuer son pouvoir. Le pays est déjà aux mains d’une seule famille depuis 54 ans et les actes posés depuis quelques années par le détenteur actuel du pouvoir montrent à suffisance qu’une troisième génération se prépare à prendre la relève. Le pays est ouvert aux investissements et les sociétés, même les plus robustes sont privatisées. L’Armée peine à démontrer son caractère républicain et est utilisée comme bouclier par le pouvoir. Dans ces conditions, tomber dans le parti unique comme en Chine serait désastreux pour le Togo. Un royaume s’installerait à la place de la République.
La question que l’on se pose est de savoir pourquoi le RPT/UNIR ne court pas derrière des partis politiques comme la CDU en Allemagne, les Démocrates et les Républicains aux Etats-Unis ou encore le NDC et le NPP du Ghana ? Ce sont ces partis politiques qui ont expérimenté la divergence d’opinions et l’alternance politique à la tête du pays qui doivent inspirer les responsables du RPT/UNIR. Dans ces différents pays cités plus haut, la vie politique est régie par l’existence de partis politiques défendant des opinions divergentes. Dans ces pays, les partis politiques se succèdent à la tête de l’administration publique, offrant ainsi une occasion à la pratique de la démocratie de s’enraciner, et la répartition équitable des richesses de se perpétuer.
G.A.
source : Liberté