Le Natchaba de février 2005 et le Natchaba de toujours


Quand le pouvoir lui échappait, il savait condamner la répression des manifestations
« Lorsque des mères de familles vont manifester et qu’on les réprime avec des moyens disproportionnés… il faut que vraiment nous écoutions la voie de la raison », dixit Fambaré Natchaba.
 
natchaba


Pur produit du RPT et fidèle disciple d’Eyadéma, dépossédé de la présidence de la République en 2005, Fambaré Ouattara Natchaba avait semblé renouer avec la raison. Naturellement, lui qui se voyait (et s’appelait) déjà Président de la République, voyait glisser entre ses mains son nouveau titre. Dans une interview accordée à RFI, depuis Cotonou où l’avion à bord duquel il se trouvait avait été détourné le 05 février, il s’était fendu de condamnations des violences du régime sur les populations.
 
« Lorsque des bonnes femmes, d’honnêtes mères de familles vont manifester et qu’on les réprime avec des moyens disproportionnés ; même celui qui exerce la répression n’est pas content au fond de lui », avait condamné l’ancien président de l’Assemblée nationale, avant d’inviter ceux
qui étaient derrière les répressions a « vraiment écouter la voie de la raison ».
 
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’homme a retrouvé, pas le pouvoir qu’il rêvait d’exercer, mais son pays et surtout les privilèges liés à ses éternelles contorsions au profit du même pouvoir répressif des Gnassingbé. Resté discret sous Faure Gnassingbé, Natchaba n’est pas resté pour autant inactif. Dans son coin, il est demeuré « Natchaba », qui ne se prive pas de venir au secours du régime dans des dossiers où on a besoin de ses services. Quand il s’est agi de faire par exemple des commentaires tendancieux de l’arrêt de la Cour de la CEDEAO au sujet de l’exclusion des députés ANC, il a sorti la tête de l’eau avant de re-disparaître après son jeu trouble.
 
Ces dernières années, des informations relatives à sa santé circulent. On évoque surtout ses difficultés à bien voir. Mais cela n’empêche pas l’Homme de jouer le rôle qu’il joue actuellement dans l’affaire de la faune à Mango, près de chez lui. Depuis novembre 2015, les populations de Mango sont victimes d’une répression sauvage. Le bilan est lourd : 7 personnes civiles tuées dont plusieurs mineures. A ce jour, 9 personnes sont encore en prison et plusieurs ont dû fuir la ville. Lui-même aurait pourtant rassuré les populations pendant la campagne présidentielle que le projet de faune est définitivement clos. Les populations disent même qu’il leur a laissé la possibilité de couper la tête à celui qui reviendrait encore avec ce projet, une façon à lui de leur dire que le projet est définitivement enterré.
 
Contre toute attente, alors que les populations tombent sous les balles assassines des militaires ou meurent écrasées sous les chars, le natif de la préfecture a choisi de jouer un rôle trouble, comme toujours d’ailleurs, en se mettant du côté des bourreaux. Plusieurs fois, il a tenté d’intimider les ressortissants de l’Oti à Lomé. Il s’est lui-même rendu à Mango, en compagnie de l’ancien ministre Noupokou Dammipi, pour demander à la population d’enterrer les corps des personnes tuées avant qu’il ne s’engage à demander la libération des personnes détenues. La population, elle, est catégorique. Sans la libération des détenus, pas d’inhumation des corps. Ses positions toujours arrogantes et provocatrices ont même failli lui valoir un lynchage à la fin de la rencontre avec la population.
 
Au sein de la population et de la communauté des ressortissants, c’est lui Natchaba qui tire les ficelles derrière le rideau, manipulant qui il peut, menaçant d’autres, troublant l’eau en général en hypothéquant les chances pour une sortie de crise.
 
En 2005, le constitutionnaliste qui garde la réputation d’être celui qui a transformé la Constitution togolaise en brouillon, en la modifiant en faveur de son mentor, disait ceci : « Je n’ai jamais trahi. J’ai toujours été fidèle au Président Eyadema. Il n y’a pas plus de 5 ou 6 qui sont plus anciens aux côtés du président et moi ». Cette déclaration de fidélité qu’il fit fièrement montre à quel degré l’homme a consacré sa vie à faire le griot que de vivre en rendant service à la communauté. Il a, toute sa vie durant, mis son génie au service du mal, d’une dictature sanglante. Et même au soir de sa vie, il ne semble pas vraiment avoir permis à la sagesse de le gagner. A son âge, au crépuscule d’une vie aussi controversée, on fait une rétrospective de sa vie, on pense à sa descendance et à l’héritage moral qu’on devrait lui laisser, au souvenir que l’on voudrait que la communauté garde de soi… et pour toutes ces raisons, on devient humain. Raisonnable. Fambaré Ouattara Natchaba a intérêt à le savoir et s’abstenir des actes controversés. Après avoir servi autant le père, rien ne l’oblige à se faire le valet du fils aussi… Sagesse, où es-tu ?
 
Mensah K.
 
source : L’Alternative
 

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