Depuis plusieurs mois, le pouvoir de Faure Gnassingbé caressait l’idée de la mise en place d’un office des recettes. Il s’agit de créer un office regroupant les principales régies financières que sont les Douanes et les Impôts. Une pratique en cours dans certains pays anglophones, notamment le Canada en Amérique du Nord, le Rwanda et le Ghana en Afrique subsaharienne.
Au Togo, l’idée de la création d’une telle structure a été d’abord soumise à un comité ad hoc composé, entre autres, d’anciens ministres. On évoque, entre autres, les noms de Barqué, Natchaba, Dadji et bien d’autres. Après plusieurs jours de réflexion, ce comité ad hoc aurait déconseillé le gouvernement d’aller dans le sens de la création de cet office.
Selon nos sources, des partenaires en développement, notamment l’une des institutions de Bretton Woods et une Banque africaine ont aussi émis des réserves. En dépit de toutes ces réserves, le gouvernement a décidé de mettre sur pied cet Office Togolais des Recettes (OTR). Naturellement, c’est le ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor, qui pilote de main de maître le dossier. Le projet est actuellement à la phase des consultations pour recruter le Commissaire général qui présidera aux destinées de cette structure. Et c’est à cette étape que surgit la polémique.
En effet, le 7 mars dernier 2013, le ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor, a adressé un courrier (Fac similé) au responsable d’un Cabinet à Londres, l’invitant à la mise en place du panel d’interview. Seulement voilà, cette lettre comporte plusieurs contradictions et met en exergue le manque de transparence dans le processus de désignation du Commissaire général qui devra être un expatrié. La première est la limitation du choix des pays où le Commissaire général doit provenir. Pour le moment, aucune raison n’est avancée pour justifier cette restriction. La deuxième contradiction et non la moindre qu’on découvre dans ce courrier, est la présence du Commissaire général au panel qui sera chargé de faire les interviews aux candidats. En d’autres termes, le Commissaire général sera dans le panel, une manière d’être juge et partie. Le jeu est donc vicié.
Selon plusieurs experts et économistes, le processus de création de cet Office Togolais des Recettes se déroule de façon obscure et cela risque d’aboutir à des arrangements entre amis. Au-delà, cette structure, si elle devait exister, devra être indépendante, neutre, dotée de plein pouvoir et transparente. Ce qui est loin d’être le cas au Togo où, généralement, ce sont les régies financières qui sont les principaux pourvoyeurs des fonds de campagnes et autres activités du parti au pouvoir.
Sous un autre angle, certains croient savoir que la mise en place de l’OTR assortie du recrutement d’un Commissaire général expatrié est une manière habile pour Faure Gnassingbé de se débarrasser de la toute-puissante Directrice des Impôts, Ingrid Ataféinam Awadé, dont l’influence dans toutes les affaires du pays commence par inquiéter. Dans une récente livraison, le journal en ligne « La Lettre du Continent » avait fait état d’un froid glacial entre le ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor, et celle qu’il avait l’habitude d’appeler « maman ». Ce divorce serait lié à la mise en place de l’OTR. Et pourtant, les deux s’étaient mis ensemble pour pousser dehors l’ex DG des Douanes, Ably-Bidamon Dèdèriwè. Sentant donc venir le danger, dame Ingrid Awadé se cherche rapidement une porte de sortie qui pourrait être l’Assemblée nationale.
En attendant de suivre la suite de ces bisbilles, le cabinet londonien Crow Agents, dans un courrier réponse au ministre de l’Economie et des Finances, se dit « impatient de conclure des arrangements contractuels dans les prochains jours ». Comme on le voit, Ayassor est décidé à foncer contre vents et marées.
Ferdi-Nando
source : L’Allternative Togo