Présidentielle 2015 Candidature unique, réformes politiques : L’opposition s’embrouille à la croisée des chemins


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Le phénomène est presqu’identique voire cyclique et se déroule à la veille de chaque présidentielle. Cela fait plus de 24 ans que l’opposition togolaise malgré le soutien de la majorité des Togolais se perd dans des querelles de chapelle sur fond d’égo ou d’ambition démesurée ou légitime. Les vieilles recettes sont toujours mises au goût du jour et au finish, c’est en rang dispersé qu’on participe au scrutin que le pouvoir RPT/UNIR s’offre frauduleusement.
 
En 2010, on se rappelle tout le méli-mélo, les actes de sabotage qui ont présidé à la création du Front Républicain pour l’Alternance (FRAC) à Paris, une initiative de l’ancien ministre de l’Intérieur, François Boko qui avait voulu apporter sa contribution à une alternance. A l’époque, l’histoire de la candidature unique avait déchaîné les passions, suscité des réactions conduisant à la fin, certains à se désolidariser de l’initiative qui pourtant était salutaire.
 
Certains comme Yawovi Agboyibo étaient dans la logique du sabotage. Il avait fait éventrer l’info dans la presse avant même d’aller les pieds dans les plats à Paris et se retourner ensuite vers Gilchrist Olympio pour demander son onction. Brigitte Adjamagbo aussi s’est rendue à Paris pour jouer les trouble-fêtes. Quant à Agbéyomé Kodjo, sa parole donnée s’est juste limitée au cadre de la réunion. Lui aussi a tenté d’avoir la caution de « l’opposant préhistorique » et une fois à Lomé, il s’est mis à l’écart des conclusions qui ont abouti à la création du FRAC. C’est donc en rang dispersé que tous ces messieurs et dame se sont lancés dans la course à la présidentielle de 2010 donnant au pouvoir de Faure Gnassingbé toute la latitude de tirer son épingle du jeu par les fraudes. Plus loin, en 2005, on avait assisté au même scénario, les mêmes contorsions pour arriver à la désignation du candidat unique en la personne de Bob Emmanuel Akitani. La suite est connue de tous.
 
En 2003, on a assisté à d’interminables pourparlers qui ont finalement abouti à un constat de désaccord. On peut remonter l’histoire récente pour mettre à jour d’autres faits et gestes notamment les histoires du COD1, COD2 et tout le reste. Nous sommes à la veille de la présidentielle de 2015, les acteurs sont restés les mêmes ou presque avec de nouveaux venus, Kofi Yamgnane et Agbéyomé Kodjo tout aussi bouillants et ambitieux que les autres. Et on revit le même scénario, la même comédie pour ne pas dire la même tragi-comédie, des faits, et des gestes qui permettent à Faure Gnassingbé et sa bande de sicaires pourtant vomis par la majorité des Togolais de se frotter les mains et d’espérer un bail à vie à la tête du pays.
 
Candidature unique, réformes : faux débat et diversion
 
La prétendue division de l’opposition a toujours été brandie comme un argument justifiant la victoire du candidat au pouvoir. L’histoire de la candidature unique découle de ce constat et est souvent utilisé par les officines du pouvoir pour justifier la soi-disant victoire de Faure Gnassingbé dont le commun des Togolais sait qu’elle est acquise frauduleusement. Plusieurs acteurs politiques, leaders d’opinion et même des diplomates tombent souvent dans ce piège du pouvoir. Mais la candidature unique à un scrutin à un tour n’est pas forcément la panacée.
 
En 2005, l’ensemble de la classe politique après moult tractations s’est rangée derrière l’unique candidature de Bob Akitani. Evidemment, cela n’a pas empêché le pouvoir et ses fraudeurs certifiés de rééditer leur exploit. Tant que les règles seront inéquitables, que le pouvoir s’adossera aux institutions caporalisées comme la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et ses démembrements, la Cour Constitutionnelle, l’armée, aucune élection au Togo ne permettra à l’opposition d’espérer une quelconque victoire. La question de la candidature unique à la limite est même devenue une source de division de l’opposition lorsqu’on s’en tient aux propos des uns et des autres sur les médias. Que l’opposition dans son ensemble ne dégage pas une candidature unique n’est pas encore un drame. Mais le drame pour elle serait de participer à un scrutin aux conditions du RPT/UNIR, c’est-à-dire en l’absence de toute réforme. Et c’est ici que l’on est tenté de donner raison au CAR mais là aussi le « Bélier noir » et ses porteurs de sceaux et valises sont dans la pure diversion en voulant se présenter devant l’opinion comme étant les champions des réformes à l’opposé des autres qui seraient contre. Le CAR champion des entourloupes et du sabotage a toujours fait bande à part. On se souvient du rôle joué par Me Agboyibo lors de la création du FRAC.
 
On a encore en mémoire que c’est ce parti qui s’est fait désigné de façon contestable comme candidat unique de la coalition Arc-en-ciel avant d’aller au conclave qui devrait être le cadre de cette discussion. Pourquoi hier la candidature unique était une priorité pour ce parti et ne l’est plus aujourd’hui ? C’est à ce niveau qu’il faut déceler les manœuvres du parti des déshérités. Le CAR s’est fragilisé depuis son élection contestée de candidature unique à la coalition Arc-en-ciel. La plupart des membres de ce regroupement ont fini par comprendre les méthodes de ce parti et principalement de son président d’honneur, Me Yaovi Agboyibo qui tire les ficelles. Du coup en perdant le soutien de ses pairs, le CAR se retrouverait minoritaire sur tous les sujets inscrits et à trancher au conclave notamment la fameuse candidature unique. Ne voulant donc pas se mettre dans une situation inconfortable, ce parti a juste fait un revirement pour surfer sur la vague du moment et se positionner en champion des réformes suite à l’appel des églises relayé par les diplomates.
 
Même si personne ne comprend l’apathie dont fait preuve l’opposition sur la question des reformes depuis la sortie des dignitaires des églises et des diplomates, le CAR ne saurait jouer à un quelconque champion en tentant de faire croire que les autres sont contre. Nous sommes au cœur de la tragédie togolaise avec une opposition toujours en perpétuel conflit et un pouvoir prédateur qui se charge de piller systématiquement les ressources du pays. Le débat qui a cours actuellement sur la candidature unique est un faux tout comme la diversion que le CAR tente de créer sur la question des réformes. Autant, hier sur RFI, Jean-Pierre Fabre, président et candidat de l’ANC, a tenté d’exclure toute autre candidature unique en dehors de sa personne donnant l’impression de ne pas jouer collectif, autant Yaovi Agboyibo et sa bande sont dans le sabotage systématique. Lorsqu’on ajoute à ce cafouillage le cas d’Agbéyomé Kodjo qui, lui aussi, ramène les critères du candidat unique à sa personne et Kofi Yamgnane l’opposant saisonnier qui dit maintenir sa candidature tout en tirant à boulets rouges sur ses « amis » de l’opposition, on peut déjà imaginer l’issue de la prochaine présidentielle. Chaque cinq ans, il faut toujours une débauche d’énergie pour coller des morceaux entre de vieux politiciens gâteux. Il va falloir que les uns et les autres reviennent à la raison pour obtenir la meilleure stratégie visant à faire face au pouvoir autrement, cette opposition donnera raison à un observateur de la vie politique qui a toujours déclaré : « Nous avons soit l’opposition la plus bête, soit nous avons des gens qui sont complice de quelque chose ».
 
 
Ferdi-Nando
 
L’Alternative Togo
 

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