Quand les forces de l’ordre ont les résultats des élections bien avant la proclamation par la CENI

Elections et prérogatives des forces de l’ordre au Togo

Sans vouloir occulter les locales de cette année, il n’est pas superflu d’édifier les électeurs sur une des méthodes de fraude du régime qui a pris l’armée en otage et la met à contribution. Les habitudes ayant la vie dure au Togo, la prochaine présidentielle risque d’être identique à 2010 si les citoyens ne prennent pas sur eux de dénoncer les mauvaises pratiques qui ont cours lors de ces joutes. Au sein de la grande muette, les langues se délient.

Si l’opportunité était donnée à la plupart des corps habillés pour décrire le système de non-droit dans lequel ils sont maintenus, les populations comprendraient qu’ils sont plus à plaindre qu’à condamner. Malgré l’apparente quiétude qu’ils laissent voir, leurs cœurs sont remplis de remords, mais l’univers médiatique togolais étant truffé de journalistes plus préoccupés par le ventre que par des articles d’investigations, des agents désireux de s’ouvrir préfèrent s’en abstenir. Mais il n’y a pas longtemps, des langues se sont déliées au sujet de l’implication des forces de l’ordre dans la collecte des résultats des bureaux de vote, et ceci, avant la proclamation officielle.

Ainsi, dans la localité d’Aného, il nous revient qu’un commissaire qui aujourd’hui, n’officie plus dans ce commissariat, s’était publiquement indigné lors d’un rassemblement. C’était lors de la présidentielle de 2010. « Au début du processus électoral, nos supérieurs tiennent un discours qui nous laisse à penser que cette fois-ci sera la bonne et que les choses se dérouleront dans la transparence. Mais plus l’échéance approche, plus les discours changent dans un sens qui ne permet pas de transparence », confie l’agent qui a requis l’anonymat. « Nous n’allons pas vous dire pour qui voter, mais vous devez voter utile », disait ce commissaire. A l’issue de la présidentielle et avant même que les résultats ne soient proclamés, il nous avait dit toute sa honte à notre endroit. Parce qu’il a réalisé que malgré ses discours, la majorité des corps habillés avaient voté pour l’opposition. Et pourtant, il nous avait dit de ne pas « être ingrat avec la main qui nous nourrit ». Moi je me suis demandé si c’est avec l’argent de Faure Gnassingbé qu’on nous paye ou si c’est avec les recettes des impôts ».

Lorsque nous avons abordé le degré d’implication des forces de l’ordre dans le processus, il n’a pas hésité à nous édifier. « Sachez que nos états-majors connaissent à l’avance les résultats des votes et à ce titre, peuvent les manipuler à souhait avant leur proclamation. Le jour du vote, nous avons deux objectifs : sécuriser le processus et obtenir les résultats auprès des membres des CELI. Ensuite, par des numéros verts ouverts pour l’occasion, nous envoyons les résultats à l’avance à nos supérieurs qui les transmettent à leur tour aux leurs pour des fins que tout le monde connait ».

On pourrait se demander l’utilité de relayer ces révélations des années après la présidentielle. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous avons juste tenu à relever le pan de vérité que le rapport des observateurs de l’Union européenne n’a pas mis à jour : le rôle peu glorieux joué par les forces de l’ordre supposées garantir la sécurité du vote. Après que toutes les parties se seront mises d’accord sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles devant « garantir » la transparence des élections à venir en commençant par les locales, cap sera mis sur la présidentielle de 2015. Et pour que les parties qui se disent lésées dans le processus prennent en compte cet aspect des fraudes organisées, il nous a paru citoyen de partager les résultats de nos enquêtes. Afin aussi que les futurs membres des CELI qui seront déployés dans les bureaux de vote comprennent que les forces de l’ordre sont dans les bureaux de vote pour assurer la sécurité, pas pour transmettre des résultats du vote.

 
Abbé Faria
 
Liberté Togo
 

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