Après avoir à plusieurs reprises relancé le gouvernement, sans suite, au sujet de leur plateforme revendicative, les travailleurs togolais des secteurs public et parapublic ont observé la semaine du 04 au 06 mars 2013, une grève d’avertissement de 72 heures largement suivie de Lomé à Cinkassé. Dans la foulée, le gouvernement a promis ouvrir les négociations avec la Coordination de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) à compter du lundi 11 mars, notamment autour de la validation des 32 décrets d’application dont la valeur indiciaire, la grille salariale et l’allocation familiale. Mais ce n’était que du poisson d’avril. Malgré la volonté d’ouverture tant exprimée par la Coordination de la Synergie des Travailleurs du Togo, l’horizon d’une discussion sincère n’est toujours pas dégagé. Et pour cause, la mauvaise foi et la duplicité du gouvernement.
Mercredi 13 mars 2013, les travailleurs réunis en Assemblée générale à Lomé ont décidé d’un préavis de grève de 10 jours qui expire la semaine prochaine. Un délai supplémentaire est donc accordé au gouvernement pour ouvrir « un dialogue direct et sincère » avec la STT pour discuter des 8 points inscrits dans la plateforme revendicative. Passé ce délai, les travailleurs peuvent observer à tout moment et ce, jusqu’à satisfaction totale, une grève sèche. Ils disent attendre la réaction du gouvernement, car, préviennent-ils, « la paix et la justice sociales en dépendent ». Alors qu’ici on est dans l’attente d’une main tendue, le gouvernement fait le dilatoire. La STT, elle, tape du poing sur la table.
Mardi dernier, c’est le Premier ministre togolais Séléagodji Ahoomey-Zunu entouré de quelques zélés du gouvernement qui a plutôt organisé une curieuse rencontre avec les six (06) centrales syndicales. Une attitude décriée par l’opinion qui parle du double jeu du gouvernement. Et cela se comprend. Hier, c’est le même gouvernement qui, après avoir qualifié la Synergie d’illégitime et d’illégale, la présente aujourd’hui comme l’interlocuteur valable et crédible tout en fustigeant la cacophonie qui règne dans les centrales.
Selon des sources, la synergie n’a pas été approchée pour la tenue d’une telle assise. Par contre, dans la foulée, on apprend qu’un membre de la Coordination aurait été informellement convoqué par un ministre pour s’assurer qu’il n’y ait pas une main noire derrière la dynamique. Contacté par notre Rédaction, la Coordination de la Synergie fidèle à sa position, dit ne pas être associée à cette discussion, puisque n’étant pas invitée. « Nous sommes indifférents à cette rencontre. Ça ne nous concerne pas », nous a confié la Coordinatrice principale de la STT. « Je trouve ça quand même déplorable, disait Dr Gilbert Tsolenyanou, porte-parole de la Synergie. Le gouvernement fait une lecture tronquée de la situation. Nous avons déposé une plateforme revendicative. Tant que rien n’est fait autour de cette plateforme, nous irons jusqu’au bout de notre action».
Après des basses besognes pour casser la dynamique, les Secrétaires généraux des centrales, qui sont désavoués et mis en minorité par leurs bases depuis le coup de force du 21 janvier dernier, ne semblent pas abdiquer. Ils sont-là en tout moment et en tout lieu. Cette rencontre inattendue pue leurs manœuvres. En effet, à l’issue des discussions, ils ont laissé entendre qu’ils ont proposé une nouvelle grille salariale au gouvernement, et c’est sans consulter au préalable la base pour avis selon les principes du monde syndical. Visiblement, ces secrétaires généraux n’ont pas appris la leçon et ils sont toujours dans la logique du 21 janvier. « Nous ne sommes pas dans une lutte d’égo. Dans notre pays, il y a des gens qui souffrent de la maladie d’égo qui apparemment, est une épidémie actuellement. C’est l’hypertrophie du moi. Ils pensent que le monde se résume à eux et tant qu’ils ne sont pas là, ça ne passe pas ». S’il s’agit de ces secrétaires, Dr. Tsolenyanou croit trouver les mots justes.
Les travailleurs, eux, ne décolèrent pas. « Ça suffit », disent-ils. C’est dire que l’heure est véritablement grave, et il faut mettre les bouchées doubles. Mobilisés et déterminés, ils décident de tourner définitivement la page et écrire leur propre histoire. Un responsable de la STT donne le ton : « Le prochain mouvement va prendre en branle tout le Togo et va gagner tous les autres secteurs, notamment le privé». « L’heure est véritablement grave. Nous devons lutter pour nous sortir de cette misère dans laquelle nos propres frères qui sont des colons noirs nous ont mis. Nous sommes engagés dans une lutte pour obtenir l’amélioration de nos conditions, et ceci pour la génération future », a renchéri un travailleur.
En tout cas aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes, et le gouvernement ferait mieux d’écouter la majorité que représente la STT. Sur plus de 50.000 agents de la Fonction publique que compte le Togo, la Santé et l’Education à elles seules rassemblent plus de 38.000. Il suffit au gouvernement pour se rendre à l’évidence, de se référer aux statistiques sorties sur le suivi global du dernier mot d’ordre de grève.
Pierre- Claver K.
source : L’Alternative Togo