Robert Dussey, la diplomatie par les photos


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« Le diplomate ne dit pas qu’il pleut quand il pleut; il explique le fonctionnement du parapluie! » (Albert Brie)

Le Chef de la diplomatie togolaise a décidément du grain à moudre ces jours-ci. Très actif sur tous les terrains diplomatiques de Washington à Berlin, de Paris à Londres, en passant par Bruxelles, Robert Dussey, dont les photos s’affichent sur les principaux sites d’information de part et d’autre, tente vaille que vaille de relever ce qu’on pourrait appeler le nouveau défi de la diplomatie togolaise : la diplomatie par les photos. Dans cette farce diplomatique à la togolaise, la seule chose qui compte est de pouvoir montrer des images. Déjeuner avec un tel homologue, rencontre avec un tel haut cadre d’une puissance économique, ou encore un tel autre Chef d’Etat, etc. Et puis, rien d’autre. Encore qu’il faudra bien observer les images dont certaines font penser à de montages photographiques. Qu’est-ce qui n’est pas possible d’inventer de nos jours, à l’ère de la civilisation des technologies de l’information et de la communication ?

Le comble de cette diplomatie de façade a été atteint avec une photo de Robert Dussey avec son homologue américain, John Kerry en marge du National Prayer Breakfast ou le petit déjeuner national de prière, un évènement œcuménique majeur à Washington. En effet la photo visible sur le site officiel d’information du pouvoir togolais, illustre un sujet annonçant un entretien entre les deux hommes. Mais nulle part, on ne voit le tête-à-tête entre les deux hommes. En lieu et place, une photo qui a l’air d’un cliché de dimanche avec un jeune fanatique qui pose tout heureux aux côtés d’une idole. « A beau mentir, qui vient de loin », dit-on. Nous osons encore accorder le bénéfice du doute à cette diplomatie togolaise, dont la principale caractéristique ces derniers temps, reste ses agitations en tout genre tel un diable tombé dans un bénitier. À l’heure de grands et sensibles enjeux mondiaux, à l’heure d’Internet et de la culture de l’image, il est malhabile de réduire la diplomatie à la simple « ostentation numérique».

En dehors du registre de la « diplomatie imagée », la farce est totale lorsqu’on présente comme un succès le fait que le Secrétaire d’Etat américain ait téléphoné à Faure Gnassingbé l’autre semaine pour le féliciter de son implication dans la lutte contre le trafic des espèces sauvages. Drôle ! Car tous les Togolais connaissent les circuits de ces trafics. Ceux qui protègent ces trafiquants, ce sont les mêmes qui les arrêtent et les présentent devant les caméras. Pourvu que leur blason soit redoré auprès des Etats-Unis. Une autre farce.

Le régime de Faure est habitué, comme celui de son père, à mater les moindres mécontentements et soulèvements dans le sang. Il est hostile aux moindres réformes institutionnelles et constitutionnelles, susceptibles de conduire tout le pays vers des lendemains meilleurs. Il est un grand champion des mascarades électorales, il en prépare certainement une autre en 2015. Et il y a fort à parier que c’est celle-là qui fait engager le pays dans ce marathon diplomatique afin de passer pour un «blanche neige » devant la Communauté internationale. Car il est clair que la prochaine élection présidentielle s’annonce difficile pour le Prince, qui égrène légalement ses derniers mois de pouvoir, et qui tient à s’accrocher au trône. Dans ces conditions, il ne fait qu’inventer des histoires, monnayer des poignées de mains, voire peut-être, truquer des images – via son chef de diplomatie – afin de justifier ses actes. Il faut en finir avec la farce, les négociations stériles et infructueuses. Tout cela est fragile !

Ivan Xavier Pereira

 
LIberté Togo
 
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Photos : republicoftogo
 

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