Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) est au bord de l’implosion. C’est le moins qu’on puisse dire, vu le triste spectacle que cadres et militants du CAR ont offert au public dimanche dernier à Lomé, 2e jour d’un congrès censé renouveler les instances de ce parti. Fini à queue de poisson sans élection d’un nouveau bureau, ce 5è congrès laisse de profondes divisions auxquelles le parti risque de se remettre difficilement.
Plusieurs fois annoncé, plusieurs fois reporté, le 5è congrès du CAR s’est tenu les 29 et 30 avril 2023 dans une ambiance lourde et pesante.
En effet, si au premier jour du congrès, les dissensions étaient déjà perceptibles entre les cadres de ce parti de l’opposition, d’après les indiscrétions, ce n’est qu’au deuxième jour que tout a capoté. En fait, il s’est posé un problème de consensus qui a fait voler en éclats le congrès parce que chaque candidat, notamment Jean Kissi, Secrétaire général sortant du parti, Togbui Sylvain Dagban, chef traditionnel, et président fédéral à Lomé, Yao Daté, ancien chef de cabinet de feu Premier ministre Agboyibo, et Mme Akossiwa Yémé, est resté campé sur ses positions de devenir président du CAR.
A l’entame des travaux, deux candidats se sont retirés de la compétition. Il s’agit du 1er vice-président sortant, Konlani Yendouban, et du 2e vice-président, Awuku Nador. Il faut rappeler qu’ils étaient six candidats au départ pour succéder au père fondateur du parti, Me Yawovi Agboyibo, décédé il y a trois ans. La décision de Konlani et Nador, permettait alors aux quatre candidats restants en lice de se retrouver, se concerter pour dégager à la suite d’un consensus, celui ou celle à même d’être le nouveau « conducteur » du CAR.
« Depuis la naissance du parti, c’est par consensus que chaque bureau est installé », a rappelé un cadre du parti. Mais cet exercice est devenu périlleux durant toute la journée de samedi et de dimanche, vu que des quatre candidats restants en lice, aucun ne veut céder pour l’autre, autrement, chacun veut devenir le nouveau président. C’est le statu quo. Il commençait à se faire tard ce dimanche du 30 avril 2023 et, les représentants des partis invités pour la clôture solennelle du congrès et l’annonce du nouveau bureau du Comité d’action pour le renouveau (CAR), ont dû quitter les lieux, déçus. Avant eux, aussi lassés par la situation, quelques délégués de fédérations, sont partis, très en colère : « Ils ont tout fait pour qu’on en arrive là, au chaos », a déploré l’un des leurs, venu du nord.
En vérité, en ce moment-là, le consensus devenait quasi impossible entre les candidats. D’ailleurs, eux tous, les quatre, venaient de quitter à grand fracas et ceci, pour la énième fois de samedi à dimanche, la salle des négociations et déjà, pleuvaient des invectives des proches des candidats contre les différents camps. « Nous ne permettrons pas que le pouvoir choisisse un président pour notre parti », lança un proche du candidat Kissi. Effectivement, il y a des soupçons dans la masse qui pèsent sur un candidat à qui l’on reproche d’être accroché à son téléphone, répondant souvent, « Oui, Excellence ! ». Le même candidat est accusé d’avoir fait distribuer beaucoup d’argent lors de la campagne.
S’agissant du congrès, faute de consensus, il est dit que les textes prévoient un vote. Là aussi, les esprits se sont braqués et ainsi, le congrès a fait flop.
Reprenant la main pour annoncer une nouvelle transition qu’auraient demandé certains délégués et la composition du bureau transitoire, le bureau du présidium, composé de Nador et Konlani, s’est vu retirer le micro. L’ancien député, Nicolas Agbo, un proche du candidat Daté, est monté au podium pour arracher le micro des mains du président du présidium, M. Nador. M. Agbo voulait sans nul doute prendre le contrepied de Nador, lorsque le technicien, habile, a coupé le micro (le son). Tout s’est accru à partir de cet instant et, certains ont failli en venir aux mains, il sonnait déjà 18 heures dans les locaux de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo de Nyékonakpoè où se tenait le congrès. Et, c’est dans ce désordre ambiant, les uns, criant victoire pour la décision du bureau du présidium, les autres, renfrognant la mine, promettant d’en découdre avec les premiers, que la séance a été levée avec une réunion annoncée vendredi au siège du parti, entre les membres du bureau sortant qui finalement sont partis pour rester, faute de successeurs.
La Manchette