Togo : Nicolas Lawson « Ce n’est donc pas la Conférence nationale souveraine qui a échoué mais incontestablement les politiciens togolais »


A la conférence nationale souveraine de Juillet-Août 1991, j’avais affirmé que notre devoir était désormais de répondre au nom du Togo ; que l’Etat dont nous aurions la charge devrait prendre en héritage son passé, ses intérêts du présent et ses espoirs de demain. Il est aujourd’hui patent que notre génération, rassemblée dans cette salle FAZAO de l’hôtel du 2 Février, a échoué. En ayant adopté l’Acte 7 (Loi fondamentale), en ayant élu un Premier Ministre avec des pouvoirs quasi-présidentiels et en ayant mis en place le Haut Conseil de la République (HCR), l’organe suprême de la Transition, malgré les vives tensions de l’époque et les diverses menaces, la Conférence nationale souveraine avait atteint ses objectifs.
 
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Malheureusement, la propension des politiciens togolais à la division, au verbiage creux, à des ambitions personnelles exacerbées, à des prétentions délirantes et à des surenchères destructrices, etc, a coûté depuis 25 ans à la masse de notre peuple des malheurs inouïs. Ce n’est donc pas la Conférence nationale souveraine qui a échoué mais incontestablement les politiciens togolais. Cette assise nationale historique nous avait permis de créer des fractions discordantes, qui n’ont cessé de s’attaquer les unes aux autres et qui ont fini par réduire l’Etat ou la politique à n’être qu’une scène pour la confrontation d’inconsistantes idées, de rivalités fragmentaires et de simulacres d’actions sans intérêt pour la masse du peuple et sans portée. Or l’Etat et la politique doivent être l’instrument pour forger l’unité nationale et pour préserver les intérêts supérieurs du pays.
 
Ainsi, depuis 25 ans, nous n’avons pas réussi à doter le Togo d’une République capable de répondre de son destin (Or de l’Humanité), d’éradiquer la pauvreté dans le pays et d’élever tout le peuple à la dignité humaine. Pour continuer le folklore et au mépris des conditions économiques et sociales dans le pays, une parodie de nouvelle conférence vient d’être organisée dans le même hôtel, en y invitant étrangement des étrangers non concernés par notre destin national mais en oubliant notre Diaspora, qui contribue chaque année à plus de 3,5% de la croissance de notre économie. La démocratie est confondue à un régime de partis, qui étale sa nocivité et qui sert de couverture à de petits ambitieux, figurants d’un jeu de tartufe cruel pour la masse du peuple et dégradant pour notre patrie. La roue tourne implacablement vers le chaos. Tandis que se noue et se dénoue sans relâche depuis 25 ans l’écheveau des combinaisons, des intrigues et des trahisons dans cette classe politique sans vision, sans humilité et sans humanité. Quel drame !
 
L’Etat n’a plus une réelle emprise sur le cours des choses et le désordre s’est installé dans le pays. Le spectacle scandaleux que les partis concernés présentent au peuple et leurs appétits impatients pour des prébendes conduisent à les ébranler dans leur propre sein par des discordes et des dissidences. Le bien public et la dignité nationale ne sont pas leurs soucis. Le Chef de l’Etat, s’il n’est pas complice, préside avec une coupable désinvolture aux dérisoires figures de ce ballet tragi-comique. Quant aux questions extérieures, c’est de la mendicité et c’est une figuration diplomatique. En fin de compte, l’étranger détermine et obtient ce qu’il attend du Togo. Les problèmes cruciaux et de longue haleine, comme ceux de la santé, de l’éducation, du coût et de la qualité de la vie, de l’agriculture, des communications, de l’environnement, du logement, de la morale publique, etc, accumulent de redoutables retards, qui compromettent gravement l’avenir de millions d’enfants. Plus de 95% des jeunes sont abandonnés par l’Etat. Aussi sans formation professionnelle et sans emplois, ils constituent une dynamite menaçante pour la paix civile et la stabilité politique.
 
Avec l’inconsistance officielle actuelle, à moins de continuer à aller à la dérive jusqu’au déchirement national, la situation ne peut avoir d’autres issues que le renoncement de la minorité à la poursuite du pillage des ressources nationales, à l’arrêt de sa confiscation du pouvoir politique, social et syndical, à son acceptation volontaire pour une transformation globale et profonde dans le pays et de la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles. A cause de la misère ambiante et des injustices sociales graves qui menacent la paix civile et la stabilité politique, il ne suffira pas seulement de faire les réformes institutionnelles et constitutionnelles, il faudra impérativement des réformes économiques, sociales, environnementales et morales. Il faudra aussi restaurer la confiance du peuple, son consentement et mobiliser toutes les énergies et les ardeurs pour le redressement national.
 
Le PRR propose avec discernement une transformation profonde de notre société, non pas une révolution car cette dernière risque d’être dévastatrice. Il faudra alors à la barre de l’Etat un capitaine doté d’une imagination créatrice féconde et capable de résoudre les graves problèmes auxquels est confrontée la nation. Chacun doit savoir que la politique et l’économie sont liées l’une à l’autre comme le sont l’action et la vie. Sans la vie, il n’y a pas d’action et une économie anémiée conduit à une politique désastreuse.
 
Nous devons sans délai mettre un terme à la virulence des conflits politiques, à l’ostracisme des médiocres à l’endroit des plus brillants, à la corruption généralisée et à l’arrogance de ceux qui ont une parcelle de pouvoir, etc. Les lois aujourd’hui sont le rendement, l’accélération et la capacité de faire mieux que les autres ce que l’on fait. Il nous faut un plan de développement national qui embrasse l’ensemble de la société, fixe des objectifs à la hauteur de notre ambition nationale, qui établit une hiérarchie des urgences et des importances et qui introduit dans les esprits public et privé le sens de ce qui est global, ordonné et continu.
 
Chers compatriotes, c’est pour nous au PRR une ardente obligation d’encourager l’esprit d’entreprise, de contribuer à la paix sociale, d’agir pour procurer à notre patrie l’influence internationale et pour éradiquer la misère dans le pays. L’alliance des chimères, des chantages et des lâchetés ne nous décourage pas. Nous savons que toute nation peut décider à tout moment de sortir de la faillite. Nous sommes également persuadés que des palliatifs ne peuvent pas atténuer la banqueroute du gouvernement en place et guérir notre société de son infirmité morale. Notre mouvement, le PRR, sera au rendez-vous de l’histoire et de la providence. Nous vous appelons à être prêts pour qu’ensemble, nous nous mobilisons pour faire échec aux fraudeurs et aux pilleurs. La vérité finit par triompher et la vertu par avoir de la chance. Nous sommes convaincus que l’instinct de salut finira par inspirer et déterminer la majorité de notre peuple à confier au PRR le redressement national et l’affirmation de la souveraineté nationale. Nous vous confirmons encore une fois que nous travaillerons avec tous nos compatriotes qui sont compétents, patriotes et tolérants.
 
Dans ce monde où c’est l’âpreté qui domine, où rien ne se trouve acquis une bonne fois et sans retour, je sais que l’économie, la politique comme la vie sont un combat. Que Dieu Tout-Puissant nous inspire et veille sur nous.
 
Nicolas LAWSON
Président du PRR
 

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