« «Peut-on être bête à ce point ? ». Voilà ce que le plus simple des hommes pense de lui-même trois fois par jour. Cette morale tout à fait commune signifie donc que l’on se trompe sur soi-même pour commencer » (Alain)
L’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, cet anglophone d’âge avancé, ancien Général, aujourd’hui, aurait pu devenir un vrai sage parmi les chefs d’Etat à la retraite (faux sage, affublé à tort du qualificatif de ‘’sage’’), si sa légèreté n’en avait fait un homme sans personnalité. Pour mémoire, c’est lui qui à la mort d’Eyadèma et à la suite du coup d’Etat constitutionnel qui avait placé Faure à la tête de notre pays, avait brandi la tolérance zéro à l’égard de la violation des constitutions et était allé jusqu’à menacer d’intervenir militairement au Togo, si … Il était le président en exercice de l’UA. Il lui arrivera même d’employer des mots peu diplomatiques à l’égard du président de la commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, très tatillon sur le cas togolais qui l’avait révolté. C’était ce panafricaniste qui avait parlé de « debbascheries », allusion aux conneries de Charles Debbasch au Togo. Demandez-vous comment ce chrétien yorouba, originaire d’Abeokouta, sans personnalité, avait pu réussir très rapidement à passer de l’adepte de la tolérance zéro et du ‘’guerrier’’ qui menaçait militairement, à l’homme ramolli, débonnaire et méconnaissable, ‘’ami’’ de Faure Gnassingbé. On l’avait soupçonné d’avoir bénéficié de largesses. A quelques semaines des législatives, serait-il arrivé au Togo dans le même esprit ?
L’homme, tout le monde s’en rappelle, se laissera plus tard séduire sans succès par la sale tentation très en vogue dans la sphère francophone d’Afrique qui consistait à toiletter les constitutions, une pratique ayant prospéré avec la bénédiction de la France sous Chirac et Sarkozy et qui permettait de fouler au pied la construction démocratique. En 2010, à l’occasion de la présidentielle, il avait été dépêché au Togo en tant que patron de la mission d’observation de l’UA. Et c’est ce monsieur qui, cette année-là, à l’hôtel Sarakawa, avait tenté de rasséréner et calmer Jean-Pierre Fabre, lui faisant comprendre qu’il était encore jeune et qu’il aura l’occasion de devenir président, une manière de l’amener à accepter ‘’la victoire’’ de Faure Gnassingbé. Une précision qui vaut son pesant d’or, il préparait les esprits. Si nos souvenirs son bons, les élections n’avaient pas encore eu lieu.
Le jeudi dernier, Olusegun Obasanjo était en séjour à Lomé et les observateurs s’accordent à croire que son séjour s’inscrivait dans la perspective des élections législatives et locales. Selon les informations, il aurait été reçu par Faure et la rencontre aurait été élargie au ‘’leader préhistorique’’, Gilchrist Olympio ainsi qu’à M. Edem Kodjo. C’est avec grand étonnement que les Togolais apprendront que l’homme a quitté le Togo, sans rencontrer aucun des leaders de l’opposition. Il se contentera de faire une déclaration dans laquelle il parlera abondamment de coup d’Etat. A quel coup d’Etat faisait-il allusion et contre qui ? S’agirait-il d’un coup d’Etat qui serait en préparation actuellement au sein de l’armée contre Faure Gnassingbé et dont il aurait eu vent ? S’agirait-il d’allusion déguisée au coup d’Etat imaginaire de 2009 qui a fait beaucoup de mécontents parmi les inculpés qui ne sont jamais reconnus dans ce qui leur est reproché ? Ou encore s’agirait-il du faux coup d’Etat que le Pouvoir, il y a quelques mois, tentait de monter de toutes pièces et dans lequel on aurait tenté d’impliquer un ancien ministre, bien que privé de liberté depuis six mois ?
Une chose est sûre, le passage à Lomé d’Obasanjo, « l’éternel chef de mission d’observation de l’UA » sur le continent depuis quelques années et qui a quitté Lomé après quelques heures de séjour sans rencontrer l’Opposition constitue une provocation vis-à-vis de celle-ci et du peuple, dans la mesure où il a eu l’outrecuidance d’appeler l’Opposition à s’impliquer dans le processus électorale en préparation. Ce qui a amené nombre de Togolais à dire qu’Obasanjo est complètement déconnecté des réalités de notre pays. L’ancien président nigerian aurait-il dribblé l’Opposition parce qu’elle n’a rien à lui offrir ? Alain SIMOUBA
source : liberte-togo